« Face au changement climatique, nous devons changer de braquet ». À l’occasion d’une conférence de presse, Sébastien Windsor, président de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA) a sonné la mobilisation de son réseau pour accompagner les agriculteurs face aux méfaits du changement climatique, dont l’année 2021 a une nouvelle fois, démontré la virulence et la polymorphie.
« Cette année, nous aurons subi avec le gel un accident climatique sans précédent, puis l’un des printemps les plus secs suivi d’un été humide comme je n’en avais jamais connu de ma carrière, souligne Sébastien Windsor. Les aléas climatiques ne sont pas une nouveauté, mais leur fréquence et leur intensité sont telles qu’il ne s’agit plus d’événement conjoncturels mais structurels, qui affectent fortement et durablement les exploitations ».
PLAN D’ACTION TERRITORIALISÉ
Les Chambres d’agriculture travaillent à l’élaboration d’un plan d’action, dont elles programment la mise en œuvre opérationnelle pour 2022. « Nous sommes actuellement dans la phase de diagnostic, poursuit le président de l’APCA. Grâce aux acquis du Varenne de l’eau, nous allons décliner, pour chaque territoire, les mesures d’adaptation au changement climatique et accompagner les agriculteurs dans la transition ».
Annoncé par le ministère de l’Agriculture en mai dernier, le Varenne agricole de l’eau et du changement climatique fait plancher trois groupes de travail sur trois thématiques distinctes : se doter d’outils d’anticipation et de protection de l’agriculture dans le cadre de la politique globale de gestion des aléas climatiques, renforcer la résilience de l’agriculture dans une approche globale en agissant notamment sur les sols, les variétés, les pratiques culturales et d’élevage, les infrastructures agroécologiques et l’efficience de l’eau d’irrigation et enfin accéder à une vision partagée et raisonnée de l’accès aux ressources en eau mobilisables pour l’agriculture sur le long terme. Les conclusions du Varenne sont attendues pour fin 2021 début 2022.
À propos de l’accès à l’eau, André Bernard, président de la Chambre d’agriculture de Provence-Alpes-Côte d’Azur, rappelle que si l’année 2021 est davantage marquée par les excès d’eau que par la sécheresse, la problématique de l’accès à l’eau reste fondamentale. « Sur les cinq dernières campagnes, quatre ont été marquées par des épisodes de sécheresse avec des impacts financiers compris chaque année entre un et deux milliards d’euros pour les agriculteurs, rappelle-t-il. Leur atténuation passe par des infrastructures de stockage d’eau raisonnables et raisonnées ».
RÉFORME DE L’ASSURANCE RÉCOLTE
Outre les mesures d’adaptation agronomique et zootechnique et la gestion partagée et raisonnée de l’eau, la réforme de l’assurance récolte est une des ambitions majeures du Varenne, avec l’objectif d’en finir avec une gestion erratique, ne satisfaisant aucune des parties prenantes que sont l’État, les assureurs, les assurés... et les non assurés.
Fin juillet, le groupe de travail constitué sur la thématique dans le cadre du Varenne a remis au ministre de l’Agriculture son Plan stratégique 2023-2030. Il fait la distinction entre trois fourchettes de pertes, soit : 0-20%, 20-50%, plus de 50%. Le premier serait supporté par l’agriculteur, le second indemnisé par l’assurance récolte subventionné et le troisième par la solidarité nationale. « Face aux enjeux de souveraineté nationale, faire appel à la solidarité nationale n’a rien de choquant », juge Sébastien Windsor.
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