« LA FRANCE VA MIEUX », MAIS PEUT MIEUX FAIRE

28/04/2019 - 4 min de lecture

Rubrique : Tendances

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« LA FRANCE VA MIEUX », MAIS PEUT MIEUX FAIRE

« FRANCE OBJECTIF PREMIER DE CORDÉE », LE RÊVE EST-IL ACCESSIBLE ? SUR INVITATION DU CRÉDIT AGRICOLE NORD DE FRANCE, NICOLAS BEYTOUT ET JEAN-MARC DANIEL ONT APPORTÉ LEUR ÉCLAIRAGE À CETTE INTERROGATION DEVANT LES 500 PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE ÉCONOMIQUE ORGANISÉE LE 19 AVRIL DERNIER À LILLE GRAND PALAIS.

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Jeudi 19 avril, un gentleman et un conteur se sont succédé à la tribune pour décrypter la marche de l’économie française. Nicolas Beytout et Jean-Marc Daniel étaient les invités du Crédit Agricole Nord de France à l’occasion de la conférence économique « France, 1er de Cordée ? ». En verve, comme à leur habitude, le journaliste, fondateur de L’Opinion, et l’économiste, professeur à l’ESCP Europe et chroniqueur aux Echos, ont proposé deux analyses qui se rejoignent sur un point central : si aujourd’hui la France va mieux, elle peut encore mieux faire.

Bonne nouvelle : la croissance est là

Nicolas Beytout ouvre le bal sur les bonnes nouvelles. D’abord, « la France va mieux, mieux que l’année dernière, mieux qu’il y a trois ans et même depuis plusieurs années ». La confiance semble retrouvée, dans un contexte où la France est « dans un moment qui lui laisse le temps de se remettre d’aplomb et de reprendre l’ascension vers une meilleure croissance et efficacité » et où « sa voix est devenue plus audible ». La croissance mondiale, qui plus est, n’a jamais été aussi forte depuis 2009, ajoute-t-il, avec des prévisions de croissance de près de 4 %, « pour la première fois depuis plus de 10 ans, la croissance est à peu près équilibrée dans le monde. Il n’y a pas de zone de dépression grave, et pas non plus de zones de surchauffe importante ». En somme, ciel dégagé sur l’horizon économique mondial : l’économie est en croissance, une croissance équilibrée et une croissance qui s’accélère.

Un premier frein : la démultiplication des taxes

Malgré ce contexte et malgré une croissance revue à la hausse à 2,1 %, la France n’est cependant pas encore à la hauteur de son ambition pour Nicolas Beytout. Il rappelle les chiffres de la croissance en Europe (2,6 %) et dans la zone Euro (2,4 %). « Beaucoup reste à faire, même si des réformes sont enclenchées ». Il cite les ordonnances travail, qui, pour lui, « ont déverrouillé des serrures qui bloquaient la création d’emploi », mais déplore la complexité de l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui vient remplacer l’ISF, et la démultiplication des taxes. Surtout, Nicolas Beytout dénonce une grande faille française : « La France est championne du monde développé de la dépense publique. Des milliards engagés dans la transformation du pays ne sont pas financés », explique-t-il, citant pêle-mêle l’hôpital, la formation professionnelle, le plan Borloo, ou encore la dette de la SNCF.

Un axe de travail : prendre soin des premiers de cordée

Jean-Marc Daniel, de son propre aveu plus inquiet que Nicolas Beytout, confirme, citant un rapport de l’OCDE : 233 impôts frappent les entreprises en France. « Si on veut rétablir la croissance et l’efficacité du système productif, un des enjeux est la simplification ».

En défenseur d’une vision libérale de l’économie, l’auteur de Les Impôts, histoire d’une folie française, regrette « une vision du monde dans laquelle ce sont les gouvernements qui font la croissance économique » et qui semble ignorer que la croissance mondiale est aujourd’hui en Afrique francophone – et non plus outre-Atlantique.

Pour l’économiste, si les politiques ne peuvent rien aux fluctuations du cycle économique, ils peuvent encore agir sur la croissance de long terme. Ils peuvent « rétablir la croissance potentielle, la croissance de long terme. Ils ont la capacité à inciter à créer de la richesse. Depuis un an et demi, a-t-on vraiment pris soin des premiers de cordée ? Je dirais que oui, mais peut mieux faire ».

Jean-Marc Daniel salue la suppression de l’ISF comme un signe de confiance donné aux créateurs d’entreprises, mais il interpelle : « A-t-on pris les bonnes décisions ? ». Citant Mario Monti, il tend à démontrer que ce n’est pas tout à fait le cas : « Gouverner un pays c’est faire trois choses : équilibrer les finances publiques, inciter les gens à créer de la richesse, et rétablir la dignité nationale ». Or, ni baisse des dépenses publiques, ni non plus de réelle incitation à la création de richesse, ne semblent d’actualité. « Faire une politique de croissance, explique Jean-Marc Daniel, c’est inciter en permanence les premiers de cordée à se manifester et faire peser sur eux une contrainte – des dynamiques de concurrence – pour qu’ils aillent au bout de leur logique ». Et de conclure, en toute logique, sur les deux principaux leviers des années à venir pour la croissance française : « permettre aux premiers de cordée de s’exprimer et faire en sorte d’avoir des comptes équilibrés ».


« Le French Impact », nouvelle bannière de l’Economie sociale et solidaire à la française
Christophe Itier, haut-commissaire à l’Economie sociale et solidaire et à l’innovation sociale était invité à ouvrir les débats. Il a défendu le « French Impact », une bannière à l’image de la french fab ou de la French tech, pour rassembler les talents français de l’innovation sociale. « Beaucoup ont compris que l’élément de compétitivité et d’attractivité le plus fort pour leur business, c’est le sens », a expliqué le haut-commissaire, également ancien président du Mouvement des entrepreneurs sociaux (MOUVES). Avec le « French Impact », l’ambition est non seulement de réunir une communauté, celle de l’Economie Sociale et Solidaire, mais aussi de faire en sorte que les initiatives qui fonctionnent localement puissent « devenir des solutions pour tous les Français. C’est l’ambition du French Impact : créer un accélérateur d’innovation sociale, en dédiant un milliard d’euros sur la durée du quinquennat ».
L’Economie sociale et solidaire représente 10 % du PIB français, et rassemble une grande variété d’acteurs, depuis les associations jusqu’aux coopératives et aux mutuelles. L’ESS est définie par la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire comme « un mode d’entreprendre et de développement économique adapté à tous les domaines de l’activité humaine », et qui répond à plusieurs principes d’organisation tels qu’un but poursuivi autre que le partage des bénéfices, une gouvernance démocratique et un modèle de gestion « résilient », selon le terme de Christophe Itier.

 

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