Point mensuel de janvier 2025 - Investissements

07/02/2025 - 20 min de lecture

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Point mensuel de janvier 2025 - Investissements

Malgré un climat général en proie aux incertitudes économiques (croissance en Chine et en Europe), géopolitiques (guerres en Ukraine, au Proche-Orient ou en Afrique centrale) mais surtout politiques et commerciales avec l’arrivée tonitruante de Donald Trump à la présidence des États-Unis (menaces de hausses des droits de douane entre autres), le début de l’année n’a pas laissé beaucoup de répit aux investisseurs. Les marchés actions ont entamé le mois de janvier l’année sur une tendance positive grâce aux débuts prometteurs des premières publications de résultats des entreprises au 4e trimestre 2024 ainsi qu’aux décisions des grandes banques centrales conformes à leurs déclarations du mois de décembre. Même la forte secousse liée à l’intrusion d’un nouvel acteur chinois susceptible de contester la domination sans partage des géants de la tech américaine dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) générative n’a pas réussi à stopper le mouvement haussier des marchés actions. Les places boursières en ont profité pour reprendre leur souffle. Celles-ci avaient bien besoin d’une respiration et DeepSeek aura été la bonne excuse.

Les marchés actions ont donc enregistré de remarquables performances au mois de janvier. Une fois n’est pas coutume, l’Europe fait la course en tête avec un Euro Stoxx 50 en forte hausse de 7,98 %. Suivent loin derrière, l’indice MSCI World (actions internationales) à + 3,47 % et Wall Street dont les indices Standard & Poor’s 500 et Nasdaq (valeurs technologiques) progressent respectivement de 2,93 % et 1,64 %. Les actions émergentes voient leur indice MSCI Emerging Markets monter de 1,66 %. Le Japon est la seule grande place boursière en territoire négatif avec un indice Nikkei 225 en recul de 0,81 %. Nos portefeuilles progressent de 3,4 % ce mois-ci.

Par rapport à nos concurrents (catégorie Quantalys allocation Monde offensive), notre avance est de 57,6 % avec une performance globale de 180,7 % depuis le 31/12/2011. Résultats de nos conseils d’investissements au 31/01/2025 :

perfs globales
Graphe

Comme chaque mois, voici le tableau des performances des investissements que nous conseillons : nous avons investi 100 000 euros sur chaque portefeuille type au 31 Décembre 2011, et nous donnons donc la performance du portefeuille et de chaque ligne pour les supports PEA et assurance-vie (Floriane, Espace Liberté et Anaé) au 31/01/2025.

 

Portefeuille type PEA* : valorisation : 293 853 €

perfs pea

 

 

Portefeuille type Assurance-vie* (Floriane, Espace Liberté 1 & 2 et Anaé) : valorisation : 258 952 €

perfs ass vie

* Allocation réservée aux clients de la Gestion Conseillée

 

Répartition du portefeuille actuel : 

répartition

 

Point marchés

Il est toujours plaisant et rassurant de voir une nouvelle année débuter sous les meilleurs auspices. Hormis les places boursières asiatiques (Japon et Chine) les grands indices boursiers mondiaux sont orientés à la hausse depuis le début de l’année en particulier en Europe, évènement suffisamment rare ces dernières années pour être souligné. Mais revenons chronologiquement sur l’agenda particulièrement chargé de ce mois de janvier ainsi que sur les évènements notables qui ont alimenté l’actualité des marchés financiers.

    ✔    La déclaration de politique générale de François Bayrou le 14 janvier à l'Assemblée nationale et qui a échappé à la motion de censure. Au niveau économique, le Premier ministre a donc fixé un objectif de déficit de 5,4 % du PIB en 2025 (contre 6,1 % en 2024), légèrement supérieur à celui visé par Michel Barnier (5 %). Cette trajectoire implique une réduction de 50 milliards d’euros tandis que l'ambition d'un déficit de 3 % d'ici 2029 a été maintenue. Le gouvernement a par ailleurs revu sa prévision de croissance pour 2025 à 0,9 % (contre 1,1 % avant la censure), un niveau désormais conforme aux prévisions de la Banque de France. Sur le plan fiscal, l'objectif initial est de dégager 8 milliards d’euros de recettes supplémentaires en augmentant le taux de l'impôt sur les sociétés de 10 % pour celles dont le chiffre d’affaires est supérieur à 3 milliards soit 35 % (il est actuellement de 25 %) et de 5 % pour celles dont les revenus sont compris entre 1 et 3 milliards d’euros soit 30 %. Ces deux éléments ont été maintenus, mais la surtaxe prévue dans la prochaine loi de finances ne devrait s'appliquer désormais que pour l’année 2025 et non plus sur 2025 et 2026 comme l’envisageait le gouvernement de M. Barnier. Une nouvelle taxe sur le patrimoine des ménages aisés (0,5 %) et une hausse de la taxe sur les transactions financières (de 0,3 % à 0,4 %) sont également prévues. Ces mesures pourraient affecter l’attractivité du pays auprès des investisseurs.

    ✔    Le remarquable début des résultats du 4e trimestre 2024, principal catalyseur de ce mouvement haussier des marchés actions. Cette saison des résultats très attendue a véritablement commencé mi-janvier avec les plus grandes banques américaines qui traditionnellement ont ouvert le bal. Leurs publications ont véritablement enthousiasmé les investisseurs avec des bénéfices au 4e trimestre 2024 très supérieurs au consensus des investisseurs. Ainsi, JP Morgan, Goldman Sachs, Wells Fargo et Citigroup ont nettement dépassé les attentes ce qui a provoqué une solide hausse de leurs actions et par contagion du secteur bancaire en général y compris de l’autre côté de l’Atlantique. A l’annonce de leurs résultats, JP Morgan, 1re banque du monde, a clôturé en hausse de 1,97 %, tandis que nous assistions à un tir groupé de Goldman Sachs (+ 6,02 %), Wells Fargo (+ 6,69 %) et Citigroup (+ 6,49 %). Les réactions positives des marchés aux excellents résultats des banques américaines sont importantes car elles contribuent à l’optimisme général du marché étant donné que les résultats financiers du secteur bancaire servent toujours de baromètre pour l’orientation générale de l’économie.
Dans la foulée, ce fut au tour du secteur du luxe, fortement pénalisé en 2024, de mettre le feu aux poudres des places boursières en particulier européennes à la suite des publications rassurantes du suisse Richemont et du britannique Burberry le 16 janvier. Les plus grands acteurs du luxe (notamment français) ont fort logiquement très bien accueilli ces bonnes publications ; LVMH progressant de 9,15 %, Hermès de 4,91 % et Kering de 6,18 % ce qui a permis de tirer à la hausse les indices parisien et européen. Certains investisseurs ont effectivement vu en cet événement un signe de reprise de la consommation de produits de luxe.

    ✔    L’évènement majeur de ce mois de janvier était bien entendu politique avec l’investiture du 47e président des États-Unis. Donald Trump est officiellement revenu au pouvoir lundi 20 janvier. Après avoir prêté serment au Capitole, il a prononcé un discours dans lequel il a dressé un constat sombre de l’Amérique actuelle, tout en promettant que le « déclin » du pays était terminé et qu’un nouvel « âge d’or » pour l’Amérique commençait. Parmi les principaux sujets évoqués, D. Trump a d’abord promis de rétablir la liberté d’expression en mettant fin à la censure gouvernementale. Il a ensuite annoncé la fin du « Green Deal » (vaste politique d’investissement vers la transition écologique) et décrété « l’urgence énergétique » pour exploiter davantage les réserves d’hydrocarbures américaines. Enfin, il a annoncé sa volonté de « reprendre » le contrôle du canal de Panama et planter la bannière étoilée sur la planète Mars.

Plusieurs décrets ont ainsi été signés le jour de l’investiture, comme le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, la suspension pour 75 jours de l’application de la loi interdisant le réseau social TikTok aux Etats-Unis et le retrait du pays de l’OMS. Le président américain a également levé le gel mis en place par l’administration Biden sur les nouveaux projets d’exploitation et d’exportation de GNL américain. Pour finir, le président américain a annoncé un ambitieux plan d’investissement de 500 milliards de dollars visant à accompagner les énormes besoins de stockage de données exigés par l’essor de l’IA. Ce projet très ambitieux de création d’une coentreprise entre les sociétés américaines Oracle et OpenAI et le groupe japonais SoftBank baptisé « Stargate » devrait soutenir l’activité d’entreprises dans le domaine des infrastructures de centres données, de la fourniture d’énergie et des équipement énergétiques à l’image des français Schneider Electric et Legrand ou de l’allemand Siemens Energy.

Quid des menaces sur les tarifs douaniers ? D. Trump a annoncé qu’il comptait imposer des hausses de droits de douane de 25 % sur les produits importés du Mexique et du Canada (hors produits pétroliers pour ce dernier) et de 10 % à l’encontre de la Chine à compter du 1er février. De plus, il a indiqué vouloir répondre au problème de déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de l’Europe. L’hypothèse de droits de douane supplémentaires sur les importations en provenance de Union européenne (UE) a notamment été évoquée. Selon D. Trump, ce déficit pourrait être résorbé par le biais d’achats supplémentaires par l’UE de pétrole et de gaz américains.
Finalement, le ton de D. Trump a semblé moins agressif que prévu. Les marchés n’ont pas trop réagi car son arrivée à la Maison-Blanche était synonyme de mesures de protectionnisme et de hausses de droits de douane. Nous pensons qu’au cours de l’année les augmentations tarifaires seront à l’arrivée moins élevées que prévu et que ses menaces seront principalement utilisées comme technique de négociation à la fois sur le volet commercial (déficit de la balance commerciale américaine) et sur le thème central de l’immigration.

    ✔    L’effet Deepseek, cette start-up chinoise qui pourrait bouleverser l’univers de l’IA en dévoilant un modèle qui serait aussi performant que ceux d’OpenAI et Google, mais à un coût très inférieur. Cette révélation pourrait potentiellement bouleverser l’ordre établi au sein du thème de l’IA. Une chose est sûre, le matin du 27 janvier, les titres des sociétés associées à la chaîne d'approvisionnement des semi-conducteurs en rapport avec l’IA à travers le monde ont connu des prises de profits importantes (cf. « DeepSeek, la strart-up chinoise qui bouleverse l’ordre établi au sein de l’IA »).

    ✔    Les réunions des banques centrales, rencontres phares auxquelles les investisseurs prêtent toujours une extrême attention. Cependant, les réunions de la Fed et de la BCE n’ont pas révélé de surprise particulière. Leurs annonces peuvent se résumer en une dichotomie de leurs politiques monétaire avec d’un côté, une Fed qui préfère temporiser comme au mois de décembre et de l’autre une BCE qui poursuit de manière ininterrompue sa baisse des taux.
Aux Etats-Unis, la Fed a tenu le 29 janvier sa première réunion de politique monétaire de l’année. Celle-ci s’est soldée par un maintien des taux directeurs puisque son comité a fait le choix à l’unanimité de conserver ses taux dans une fourchette de [4,25 % - 4, 50 %]. Dans son discours, J. Powell a estimé que le marché du travail se montrait toujours « solide », tandis que l’inflation restait « quelque peu élevée ». Comme après la réunion de décembre, le baromètre Fedwatch de CME Group campe pour le moment toujours sur ses positions c’est-à-dire deux baisses des taux en 2025.
En Europe, la BCE maintient le rythme de son assouplissement monétaire. Comme prévu, la BCE a procédé le 30 janvier à une nouvelle baisse de 25 points de base (0,25 %) du taux de dépôt à 2,75 %, la cinquième baisse depuis juin 2024 et la quatrième d'affilée. Cette décision a été prise à l'unanimité, ce qui indique qu’un consensus demeure au sein du Conseil des gouverneurs sur la stratégie d’agir à un rythme graduel dans l’intérêt de la zone euro. Pour les gardiens de l'euro le processus de désinflation est en bonne voie. Ils anticipent toujours un retour de l'inflation à l'objectif de 2 % dans le courant de cette année, malgré la remontée des prix à 2,4 % en zone euro en décembre dernier. Cette nouvelle baisse des taux a pour but de soutenir la faible croissance en zone euro en réduisant le coût du crédit afin de stimuler l'investissement et la consommation. Pour l’instant, malgré les 125 points de base de baisse, le taux de dépôt à 2,75 % est encore jugé « restrictif » pour l’économie européenne, autrement dit, il freine son développement.
Cette réunion n'a pas modifié notre scenario de voir une nouvelle baisse de 25 points de base intervenir en mars prochain. La suite semble moins claire compte tenu des incertitudes économiques. Les débats concernant la normalisation de la politique monétaire de la BCE devraient donc devenir plus animés à mesure que ses taux se rapprocheront de la notion technique d’un taux « neutre » c’est-à-dire un taux compris dans une fourchette de [1,7 % - 2,5 %]. Toutefois, à ce stade, nous continuons de penser que l’institution de Francfort procédera également à de nouvelles baisses de taux d’un quart de point (0,25 %) lors de ses réunions d'avril et de juin. Le marché attend quatre baisses en 2025 comme l’an dernier.
Pour finir, de plus grandes frictions dans le commerce mondial pourraient peser sur la croissance de la zone euro. En effet, l’environnement reste incertain tant il est difficile pour les économistes de prévoir l’effet des hausses de tarifs douaniers promises par Donald Trump sur l’activité européenne, et la capacité de l’Europe à se ressaisir, comme la Commission l’a annoncé avec sa « boussole de compétitivité ».

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A l’arrivée, les indices actions enregistrent des performances éblouissantes au mois de janvier. Exceptionnellement, les places boursières du Vieux Continent caracolent loin devant ce qui n’était pas arrivé depuis pratiquement un an. L’Euro Stoxx 50 bondit de 7,98 % tandis que la bourse de Paris supporte enfin la comparaison avec la bourse de Francfort. Les indices des deux premières économies de la zone euro grimpent respectivement de 7,72 % (CAC 40) et 9,16 % (Dax). Les actions internationales assez nettement décrochées suivent avec un indice MSCI World en hausse de 3,47 %. Wall Street enregistre un début d’année plus en retrait même s’il convient de relativiser cet écart étant donné le parcours exceptionnel des indices américains en 2024. Ainsi, des trois grands indices américains, le Dow Jones (plus vieil indice boursier au monde) enregistre la meilleure performance (+ 4,7 %) et devance le Standard & Poor’s 500 (indice de référence des investisseurs) et le Nasdaq (indice des valeurs technologiques) qui progressent respectivement seulement de 2,93 % et 1,64 % en raison principalement des turbulences liées à l’épisode DeepSeeek. Les Émergents ne s’en sortent pas trop mal avec une hausse timide de 1,66 % de leur indice MSCI Emerging Markets. Enfin, le Japon ferme la marche des grands indices mondiaux avec un Nikkei 225 en léger recul de 0,81 %.

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Sur le marché des taux, le début d’année a été le théâtre d’une forte volatilité et d’une appréciation généralisée des marchés obligataires au cours de la première quinzaine de janvier (pic au 14/01). Aux Etats-Unis, le rendement du 10 ans est passé de 4,572 % à 4,792 % (+ 4,81 %) ce qui en l’espace d’à peine deux semaines représente une hausse substantielle pour cette classe d’actif.
L’envolée des rendements des bons du Trésor américain a été contagieuse à l'ensemble des taux souverains. En Europe sur la même période, les obligations d’Etat ont connu le même mouvement haussier. Ainsi, le taux de l’OAT française à 10 ans s’est tendu de 3,194 % à 3,473 % (+ 8,73 %) quand, le Bund allemand à 10 ans est passé de 2,362 % à 2,622 % (+ 11 %). Cette hausse plus marquée en zone euro s’explique par une santé économique bien moins bonne. Ces fluctuations du marché obligataire sont importantes car le renchérissement des coûts d'emprunt des Etats pénalise l'économie. Pour rappel, les taux à 10 ans servent de base pour 1/ fixer les taux des crédits immobiliers et aux entreprises et 2/ refinancer des souches arrivant à échéance avec des rémunérations plus élevées, alourdissant ainsi les finances publiques. Cette flambée des obligations s’explique par :
    ✔    Un effet conjoncturel : le mois de janvier est souvent sujet aux hausses de taux car les émissions y sont plus nombreuses. L'émission de bons du Trésor américain n'a pas suscité l'enthousiasme des investisseurs, une première depuis 2007.
    ✔    Des incertitudes à court terme : à la veille de la prise de fonction de D. Trump, de nombreuses questions restaient en suspens : tarifs douaniers, conflits, tensions avec la Chine etc.
    ✔    Un risque inflationniste : le regain de protectionnisme prôné par D. Trump, couplé à des baisses d'impôts massives, pourrait faire repartir une inflation qui dernièrement a tendance à stagner dans le pays.

Au cours de la 2de partie du mois de janvier, cette tension sur les taux a fini par diminuer significativement. L’obligation américaine à 10 ans est revenue proche de son niveau de début d’année à 4,542 % fin janvier contre à 4,572 % fin décembre (- 0,66 %). Même constat avec le taux de l’OAT française à 10 ans qui s’est fortement détendu revenant à 3,201 % fin janvier contre 3,194 % fin décembre (+ 0,22 %). Seul le Bund allemand à 10 ans est resté sur des niveaux plus élevés puisqu’il est passé de 2,362 % fin décembre à 2,459 % fin janvier (+ 4,11 %) en raison des inquiétudes sur le croissance allemande (- 0,2 % au 4e trimestre) et des prochaines élections en février.
Pour conclure, ce niveau général des rendements obligataires peut être jugé comme confortable par les investisseurs pour rester investis sur les marchés actions. Si les bons du Trésor américain atteignaient ou dépassaient les 5 %, un arbitrage pourrait se faire au détriment des marchés actions. A ce stade, la publication inférieure aux attentes de l’inflation aux États-Unis en décembre (3,2 % vs 3,3 % attendu) a rassuré les investisseurs, permettant une certaine détente des taux.

Sur le marché des matières premières, l'or a battu un nouveau record, porté par un climat d'incertitudes
Il a atteint un nouveau sommet fin janvier à 2 835 dollars l’once d’or battant son précédent record de fin octobre. Comme en 2024, le métal précieux a continué d’opérer comme traditionnelle valeur refuge face notamment, aux incertitudes autour de la politique économique de Donald Trump. Il a également bénéficié de l'affaiblissement du dollar après des données décevantes sur la croissance américaine. Les investisseurs se réfugient vers le métal jaune pour se protéger dans les prochaines semaines des menaces de droits de douane liées à la politique commerciale protectionniste promise par le président américain.

Du côté du pétrole, le cours du Brent de la mer du Nord (référence des investisseurs) est passé de 74,64 dollars le baril fin décembre à 76,76 dollars soit une légère hausse de 2,84 %. Nous maintenons notre scenario d’un prix du Brent à 65 dollars le baril en moyenne en 2025 et à 60 dollars à partir de 2026. Le seul facteur qui pourrait justifier une envolée du pétrole serait un conflit géopolitique ou l’application de sanctions plus strictes de l’administration Trump contre l’Iran.

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Convictions

Il est évident que le retour de D. Trump à la Maison-Blanche a introduit une nouvelle inconnue puisque personne ne sait exactement quelles orientations politiques et économiques il adoptera, ni quelles promesses de son programme il appliquera. Par ailleurs, de nombreux conflits, guerres et crises dominent toujours la scène internationale. Nous rentrons donc clairement dans une période où les relations diplomatiques et économiques ne manqueront pas de testostérone (D. Trump, V. Poutine, Xi Jinping etc.). Bien que leurs répercussions rendent l’exercice des prévisions assez difficile, nous restons confiants pour 2025 malgré la kyrielle d’incertitudes (cf. « Convictions du Point mensuel de décembre »). Faute de convictions marquées, nous avons essayé d’établir une chronologie plausible des évènements susceptibles de se vérifier en 2025.

    ✔    Au cours du 1er semestre, nous risquons d’abord de connaître un pic des turbulences générateur de volatilité, ce qui n’induit pas forcément de « mauvaises » performances des marchés :

        ⦿    D. Trump poursuivra les hostilités à propos des tarifs douaniers vis-à-vis des partenaires commerciaux avec lesquels le déficit commercial des Etats-Unis est important, aux risques de déclencher des représailles voire une guerre commerciale.
        ⦿    Les marchés obligataires pourraient subir des périodes de forte tension (hausse des rendements).
        ⦿    Les marchés actions pourraient être soumis à des phases de stress (Europe, émergents).
        ⦿    La zone euro sera encore sujette à une certaine instabilité politique (Allemagne, France).

    ✔    Vers le milieu de l’année, les marchés pourraient ensuite bénéficier d’un rebond marqué à la faveur :
        ⦿    De négociations et d’accords possibles entre la Chine et les Etats-Unis
        ⦿    D’une moindre intensité des initiatives de D. Trump afin de limiter les risques inflationnistes
        ⦿    D’annonces de stimuli budgétaires ou monétaires pour l’économie chinoise
        ⦿    D’une issue au conflit en Ukraine

    ✔    Enfin, les 3e et 4e trimestres pourraient à nouveau manquer de visibilité en raison :
        ⦿    De possibles nouvelles élections législatives en France à partir du mois juillet
        ⦿    D’accords commerciaux entre l'UE et la Chine

Compte tenu de la visibilité limitée, comment pourrions-nous profiter de ce « Trump Trade » ? Le retour de D. Trump devrait s’accompagner d’une croissance économique soutenue aux Etats-Unis au cours des prochains trimestres. A ce titre, la consommation des ménages américains fera selon nous preuve de résilience alimentée par 1/ un regain de confiance des consommateurs, 2/ une hausse du revenu réel (désinflation) et 3/ la réduction des taux directeurs de la part de la Fed. De plus, en l’absence d’une forte détérioration du marché du travail, le risque que le taux d’épargne des ménages augmente de manière significative au détriment de la consommation s’est éloigné. En parallèle, nous pensons que les projets de déréglementation et de baisse de l’impôt sur les sociétés seront positifs pour le sentiment des entreprises ce qui devrait soutenir les investissements dans le pays.
Dans ce contexte, nous apprécions les valeurs européennes à travers les thèmes du luxe, de la santé ou de la finance. Le luxe d’abord, car nous pensons que le pire est désormais derrière nous, surtout après les résultats meilleurs que prévu au 4e trimestre (Richemont, Burberry etc.) ce qui indique la fin de la dynamique négative qui a pesé sur le secteur en 2024. Celui-ci pourrait aussi profiter du redressement du sentiment des consommateurs à l'échelle mondiale, en commençant par les États-Unis qui reste le plus grand marché du luxe. La santé ensuite, car les groupes pharmaceutiques européens sont fortement exposés au marché américain. La finance pour finir, car les baisses de taux favoriseront entre autres le crédit aux particuliers et aux entreprises. De surcroît, ces différents secteurs permettront de limiter les risques liés à l’éventuelle mise en place de tarifs douaniers aux Etats-Unis. Pour conclure nous voyons plusieurs éléments incitant à la confiance pour les marchés actions. Pour autant, nous estimons que les marchés resteront volatils face à un climat chargé d’incertitudes et manquant de visibilité.
 

 

Stratégie d’investissement

La majorité des investisseurs et des experts pensent en ce début d’année que la supériorité américaine va se poursuivre. Les États-Unis devraient donc rester le thème majeur pour les prochains mois et les actions américaines devraient poursuivre leur parcours haussier. Pourtant, s’il semble difficile de contester cette hégémonie américaine, nous restons positifs et favorables à une approche tactique sur l’Europe qui présente selon nous de nombreux atouts susceptibles de la ramener dans la course en 2025 : un rythme d’assouplissement monétaire (baisses de taux) plus rapide que prévu de la part de la BCE pour apporter plus de flexibilité à l’économie de la zone euro, une poursuite de la désinflation, une valorisation attractive des actions européennes très décotées, une sous-estimation des attentes en matière de croissance des bénéfices des entreprises (2 à 4 % pour 2025 et 2026), un euro faible favorable aux exportations européennes, des mesures de relance en Chine sans oublier un possible cessez-le-feu en Ukraine.
En outre, le changement de ton au sujet de la réglementation liée aux critères ESG devrait être un signal positif pour les investisseurs. L'UE devrait adopter progressivement un programme davantage basé sur la compétitivité et la croissance, ce qui nécessiterait de modifier certains cadres réglementaires autour de l’écologie notamment. Plusieurs secteurs tels que l'automobile, l'acier ou l'immobilier, pourraient bénéficier de cet assouplissement. L’ensemble de ces thèmes devraient inciter les investisseurs à ne plus ignorer l’Europe et lui permettre de réduire son asymétrie vis-à-vis des États-Unis.

A ce sujet, selon une étude publiée par Bank of America, le mois de janvier aurait bénéficié d’une rotation record de fonds vers l’Europe, représentant un pic de variations dans l’allocation des gérants interrogés depuis février 2015. Dans ce contexte, le vent pourrait-il continuer de souffler dans le sens des actions européennes ? Les investisseurs étrangers attendront probablement d'autres nouvelles positives avant d'adopter un mouvement plus franc à l'égard de l’ensemble de la zone. Cela étant, certaines statistiques peuvent permettre de prolonger leur intérêt. Publiés la semaine dernière dans la zone euro, les indices PMI des biens et des services (indicateurs clés) ont ainsi montré une amélioration de la conjoncture en début d’année, même si l’environnement économique globale reste difficile. Ces éléments, associés à de solides résultats des entreprises et à une issue plus favorable que prévu des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine (administration Trump moins agressive que prévu), ont permis aux indices européens de connaitre cet excellent début d’année.

En conclusion, l’année 2024 a enregistré une évolution particulièrement favorable des différentes classes d’actifs (sauf l’immobilier) ce qui n’était pas gagné en début d’année. Pour 2025, une tendance se dessine déjà ; la volatilité sur les marchés financiers devrait être présente et certains évènements politiques pourraient provoquer des mouvements erratiques sur les places boursières. Évidemment, les investisseurs sont habitués à naviguer dans un univers incertain, mais l’essence même de la gestion de patrimoine n’est-elle pas de préparer autant que possible les portefeuilles à ces futurs aléas ? Comme toujours, une stratégie équilibrée intégrant judicieusement des placements internationaux devrait encore nous permettre de réduire le risque global du portefeuille tout en garantissant un rendement satisfaisant comme en 2024.

 

Arbitrages au sein de l’assurance vie (janvier 2025)

    ✔    Nous procédons aux rachats (donc aux ventes) du reliquat de 4 % du fonds Prem’Opcimmo (code ISIN FR0011063353) et du fonds obligataire Amundi Obli Monde (code ISIN FR00002863338) qui représente 6 % du portefeuille. Ces deux lignes ont pénalisé la performance finale du portefeuille en 2024 alors que, outre la diversification, elles étaient sensées réduire l’exposition aux marchés actions et surtout apporter un minimum de stabilité. Nous profitons donc de ce bon début d’année pour réallouer ces 10 % au sein du portefeuille.

    ✔    Nous achetons d’abord le tracker Amundi MSCI World ETF (code ISIN FR0014003IY1, SRRI 4) pour un poids de 4 %. Cet ETF sur les actions internationales éligible à l’assurance vie nous permet d’investir sur les 1 500 plus grosses capitalisations boursières mondiales, donc par définition sur le marché américain qui représente près de 70 % de l’indice et dans le secteur de la tech qui pèse environ un quart de l’allocation.

    ✔    Nous achetons enfin le fonds Amundi Actions Restructurations (code ISIN FR0010165944, SRRI 4) pour un poids de 6 % du portefeuille. Ce fonds actions à gestion active nous permet de nous renforcer sur l’Europe (principalement la France et l’Allemagne) à partir d’une sélection de valeurs engagées dans une stratégie de restructuration sur le plan économique à travers le thème porteur des « fusions-acquisitions » (après deux dernières années moroses) ou bien financier avec notamment les programme de rachats d’actions par les entreprises. Par ailleurs, ce fonds nous permet de profiter du regain d’intérêt pour la zone euro en privilégiant les secteurs de la santé, de la finance et de l’industrie qui représentent plus de 50 % du portefeuille du gérant et qui surtout sont susceptibles de profiter de forts mouvements de concentration dans leur secteur respectif y compris à travers des opérations transfrontalières. En outre, nous profitons d’un point d’entrée favorable et d’un niveau de valorisation attractif du marché européen.

 

Les marchés suspendus aux résultats annuels des entreprises

Après les étincelles réalisées par les grands indices mondiaux en 2024 (à l’exception du marché parisien en recul de 2,15 %), les investisseurs espèrent d’excellentes nouvelles avec les résultats en cours des entreprises au 4e trimestre. La bourse de New York s’était particulièrement distinguée l’an dernier. Le Nasdaq, riche de ses valeurs technologiques, s’était envolé de 28,64 % et le Standard & Poor’s 500 s’était adjugé 23,03 %. Face à ces très belles performances, les analystes ont logiquement placé la barre très haut pour les entreprises américaines. Pour les sociétés du Standard & Poor’s 500, ils attendent en moyenne pour l’année 2024 une hausse des résultats annuels de 9,5 %, avec une nette accélération au 4e trimestre (11,7 % par rapport à la même période de 2023). S’ils ont vu juste, cela marquera le 6e trimestre consécutif de progression des bénéfices pour les cinq cents premières entreprises américaines.

Comme nous l’avons déjà mentionné précédemment, les grandes banques américaines ont déjà dévoilé d’excellentes performances, ce qui est plutôt rassurant pour la suite. Dans les prochains jours, les géants de la tech, les fameux « Sept Magnifiques » (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Tesla, Meta et Nvidia), seront particulièrement scrutés. Propulsés par l’IA, ils ont affolé les compteurs de la bourse l’an dernier et ont été le principal moteur de Wall Street. Leur flambée a compté en effet pour 40 % de la progression du Standard & Poor’s 500 en 2024. Ils concentrent également l’essentiel des attentes de bénéfices. Pour ces sept géants, les analystes anticipent un bond de 32,8 % de leurs profits pour l’année écoulée (après une envolée de 36,9 % en 2023). Mais des déceptions sont toujours possibles notamment sur les perspectives de ces champions. Ainsi, le géant de Santa Clara, Nvidia, qualifié par les analystes de Morgan Stanley de « parrain de l’intelligence artificielle », est particulièrement sous les projecteurs. En 2024, le champion des puces pour l’IA a vu sa valorisation bondir de 170 %, après avoir déjà plus que triplé en 2023. Sur le précédent trimestre (clos fin octobre), ses ventes ont presque doublé et son bénéfice a encore largement dépassé les attentes. Dans les mois à venir, le géant américain des puces s’attend à ce que ses revenus augmentent encore davantage. Naturellement, comme pour toutes les nouvelles technologies, l’IA échappera un jour à ces grands groupes pour se diffuser plus largement, mais ce moment n’est pas encore venu. A ce jour, la société n’a aucun problème pour écouler ses puces et l’offre dépasse toujours très largement la demande.

En Europe, les attentes sont nettement moins fortes. Les analystes tablent sur une hausse d’environ 2 % des bénéfices par action des sociétés de l’Euro Stoxx 600. Certains groupes sont toutefois particulièrement attendus au tournant. En Allemagne, le Dax doit sa très belle performance de 2024 (près de 19 % de hausse) à une poignée de valeurs, comme le champion des logiciels SAP qui surfe sur la transition des entreprises vers le cloud, ou le conglomérat Rheinmetall très présent dans l’armement. Leurs résultats mais surtout leurs perspectives pour 2025 sont particulièrement attendus, or en bourse, la moindre déception risque de se payer au prix fort.
Les sociétés du CAC 40 sont dans une situation bien particulière. L’indice a perdu 2,15 % l’an dernier, miné par le risque politique et tiré vers le bas par le ralentissement chinois, qui a pesé sur les cours de bourse des grands exportateurs. Pour autant, les entreprises françaises ont tenu la barre ferme dans la tempête. Les analystes estiment que les fleurons français devraient engranger collectivement un bénéfice ajusté d’environ 147 milliards d’euros pour 2024, un chiffre stable par rapport à 2023. Ce calcul ne tient pas compte de certains éléments non récurrents, par nature difficiles à évaluer. Ce consensus donne toutefois une tendance. Les sociétés du CAC 40, très internationales et pour beaucoup bien implantées aux États-Unis, devraient naturellement profiter de la solidité de la croissance mondiale et singulièrement du dynamisme américain.
Pour bon nombre de professionnels, les craintes liées à la situation politique française ont été largement surévaluées. Le bal des résultats pourrait permettre aux valeurs françaises de rattraper une partie de leur retard. Le marché français étant très décoté, il devrait profiter d’une forme de normalisation.

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Les marchés européens peuvent-ils combler leur retard sur Wall Street ?

Après plusieurs années dans l’ombre des marchés américains, l’Europe va-t-elle prendre sa revanche sur Wall Street en 2025 ? Certains commencent à y croire. Après avoir été largement distancés l’an dernier par la folle envolée de la bourse de New York, les marchés européens font la course en tête cette année. Sur le seul mois de janvier, l’Euro Stoxx 50, l’indice des grandes capitalisations de la zone euro, s’adjuge 8,28 %. Le Dax de la bourse de Francfort fait légèrement mieux et grimpe de 9,16 % tandis que la bourse de Paris se réveille et progresse également de près de 7,7 % depuis le début de l’année.
Pour une fois, et même si l’année ne fait que commencer, Wall Street est un cran derrière. Le Nasdaq enregistre une hausse de 1,64 % et le Standard & Poor’s 500 de 2,93 % mais le Dow Jones qui représente davantage la « vieille économie », fait mieux avec un gain de 4,7 % en raison du poids moindre du secteur de la tech. Dernièrement, les investisseurs font preuve d’un peu plus de prudence vis-à-vis des champions de la tech qui ont réalisé une année 2024 exceptionnelle. Désormais, ils n’hésitent plus à réduire la voilure en cas de mauvaise nouvelle. Apple cède près de 6 % après avoir reculé jusqu’à 11 % le 21 janvier. Les ventes d’iPhone ont chuté de 18 % en Chine au quatrième trimestre et le groupe auparavant leader sur ce vaste marché est relégué en troisième position derrière Huawei et Xiaomi. Or, lorsqu’une valeur comme Apple, dont la capitalisation frôle les 3 400 milliards de dollars souffre, tout le marché est tiré vers le bas. Pour bon nombre de professionnels, la concentration des indices autour d’une poignée de très grandes valeurs est d’ailleurs l’une des principales faiblesses de la bourse de New York. Les « Sept Magnifiques » pèsent en effet plus de la moitié du Nasdaq 100 et près du tiers de l’indice Standard & Poor’s 500.
Les valorisations stratosphériques de ces stars de la cote constituent une autre source de vigilance. Selon le consensus des analystes FactSet, le Standard & Poor’s 500 se paye aujourd’hui à 21,5 fois les bénéfices attendus des sociétés qui le composent, bien au-dessus de la moyenne historique (environ 18 fois les profits) et le PE (price earning ratio ou multiple de résultat) du Nasdaq 100 culmine à 47,5 c’est-à-dire deux fois au-delà de sa moyenne historique de 23,6.
L’Europe s’est tenue éloignée des excès de Wall Street et ses valorisations sont bien plus raisonnables. Les valeurs européennes se traitent en effet avec une décote de l’ordre de 40 % sur les valeurs américaines et cette décote n’a fait que croître ces dernières années. L’avantage de Wall Street est en partie justifié car la croissance est plus forte aux États-Unis et les entreprises innovantes sont plus nombreuses. A l’inverse, l’Europe souffre d’un manque de compétitivité, d’une croissance plus faible et de systèmes de financement moins performants. De plus, les barrières douanières qui pourraient être instaurées aux États-Unis pourraient peser sur les valeurs européennes.
Pour prendre l’ascendant, les marchés européens ont besoin de catalyseurs. Le signal pourrait venir d’Allemagne. Des élections doivent prochainement se tenir le 23 février et elles pourraient déboucher sur une politique plus volontariste de relance budgétaire puisque le pays dispose de suffisamment de marges de manœuvre financière et que les besoins sont immenses. En Europe, certains secteurs retiennent l’attention des gérants. Le désengagement possible des États-Unis de certains dossiers géopolitiques comme celui de l’Ukraine et le besoin de sécurité devraient se traduire par une hausse significative des budgets de défense en Europe. Le fabricant de munitions et de blindés allemand Rheinmetall Group, les français Dassault Aviation et Thales ou enfin l’italien Leonardo (armement, hélicoptères etc.) sont particulièrement bien positionnés. Les valeurs technologiques européennes comme ASML, SAP, Dassault Systèmes nettement en retard en bourse par rapport à leurs rivales du Nasdaq, figurent également en bonne place dans les portefeuilles des gérants. Enfin, les sociétés moteurs sur la transition énergétique devraient également tirer leur épingle du jeu, à l’image d’Air liquide, Saint-Gobain, Schneider Electric ou Legrand. Pour profiter du meilleur des deux mondes, certains gérants comme ceux de Goldman Sachs, misent sur ces sociétés ainsi que sur des entreprises européennes bien implantées aux États-Unis comme Deutsche Telekom (65 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis, PE de 12), Publicis (59 %, PE de 13) ou encore Sodexo (46 %, PE de 14) entre autres. C’est une manière d’investir sur le marché américain en profitant de la décote des marchés européens.
 

Deepseek, la start-up chinoise qui bouleverse l’ordre établi au sein de l’IA

Depuis le lundi 27 janvier, DeepSeek est le nouveau mot-clé que tout investisseur à la pointe de la technologie doit connaître. Cette start-up d'IA basée à Hangzhou en Chine, a bouleversé l’univers de l’IA en dévoilant un modèle qui serait aussi performant que ceux d’OpenAI et Google, mais à un coût très inférieur (budget de 5,6 millions de dollars par rapport aux centaines de millions de dollars d’OpenAI).
Ironie du sort, DeepSeek aurait réussi à créer une alternative compétitive en utilisant des techniques innovantes et des puces moins puissantes en raison des restrictions imposées sur les semi-conducteurs haut de gamme par les États-Unis à la Chine.
L’engouement généralisé et l’adoption fulgurante par les développeurs et surtout les consommateurs aux États-Unis, en Chine et dans d’autres pays ont fait de DeepSeek l'application numéro un téléchargée sur l'App Store (Apple) au cours du week-end du 25 - 26 janvier, dépassant ChatGPT. Cette annonce a provoqué un choc sur les marchés, remettant en question la suprématie américaine dans ce domaine, mais aussi dans les secteurs adjacents, comme les « datacenters » (centres de données) et l’électrification. Tous les titres qui depuis trois ans ont fait l’objet de flux d’achats massifs de la part des gestions actives ou passives pour bénéficier de la course à l'IA aux Etats Unis pourraient commencer à voir apparaitre quelques fissures. Les actions des sociétés associées à la chaîne d'approvisionnement des semi-conducteurs en rapport avec l’IA à travers le monde ont ainsi connu des prises de profits importantes dès le matin du 27 janvier.
La communication de DeepSeek, tout juste une semaine après l’annonce par D. Trump du plan « Stargate » pour l’IA, a entraîné une chute massive des valeurs technologiques liées à cette thématique dans la Silicon Valley. Nvidia a ainsi perdu près 600 milliards de dollars de capitalisation en une séance, un record historique. D’autres entreprises comme Broadcom et TSMC ont également fortement chuté. A l’avenir, les investisseurs pourraient s’interroger sur la rentabilité du modèle actuel de l’IA, basé sur des infrastructures et des composants très coûteux.
Effet de panique mis à part, les questions existentielles et rationnelles sont maintenant posées dans la course à l'AI. Construisons-nous trop de surcapacité, surtout avec la dernière initiative « Stargate » ? Même si la monétisation n'est pas une question urgente pour des acteurs aussi riches en liquidités que les « Sept Magnifiques », la question de l'optimisation des modèles suscite désormais une interrogation importante voire capitale. Pour finir, la nouvelle réalité géopolitique a également rendu la percée de DeepSeek moins simple qu'il n'y paraît car, si effectivement les Chinois sont parvenus à lancer un modèle aussi compétitif avec une poignée de chercheurs locaux moins expérimentés, des ressources financières limitées et d'énormes contraintes techniques, alors la suprématie de l'IA américaine est peut-être moins indiscutable ?
En conclusion, l’émergence de ce nouveau modèle d’IA n’est pas forcément négative pour le secteur de la tech. Elle pourrait permettre de redéployer la capacité libérée au sein des « datacenters » par la simplification des procédures vers d’autres tâches, stimulant ainsi le développement possible des modèles d’IA dans le monde. Ce scenario plutôt positif suggère que DeepSeek pourrait permettre d’abaisser les barrières d'adoption de l'IA, permettant ainsi une nouvelle demande de la part des petites entreprises ou des cas d'utilisation de niche pour des industries sensibles aux coûts.

Pékin accentue son offensive exportatrice et ravive les tensions commerciales

« Méfiez-vous de l’eau qui dort », rappelle une célèbre publicité de parfum. Ce slogan devrait s’appliquer à la Chine à l’orée d’une tortueuse année du Serpent, plombée d’incertitudes géopolitiques à l’heure du retour de D. Trump à la Maison Blanche. La deuxième économie mondiale a enregistré une croissance de 5 % en 2024 selon les chiffres dévoilés par Pékin le 17 janvier, la performance la plus faible depuis 1990, pandémie mise à part. Ce chiffre rond exactement en ligne avec l’objectif édicté par le régime communiste nourrit des doutes grandissants sur la fiabilité des statistiques officielles, dans un climat de censure renforcée dans le troisième mandat du président Xi Jinping.
Grâce à un coup d’accélérateur de 5,4 % au dernier trimestre tiré par les exportations, le géant chinois a tenu son pari, après une sérieuse baisse de régime durant la période estivale ; l’export » est devenu plus que jamais la planche de salut d’une économie en proie aux difficultés comme celui, très préoccupant, du déclin de sa population. Selon le Bureau National des Statistiques, la Chine s’enfonce dans l’hiver démographique, perdant encore 1,3 million d’habitants. Confrontée à « un environnement sévère » sur le plan international, comme « à des difficultés internes », l’économie chinoise s’est montrée « stable » et a enregistré des « progrès », s’est félicitée l’institution.

Des chiffres rassurants pour le Parti communiste chinois (PCC), mais qui peinent à dissiper la morosité des ménages confrontés à un atterrissage structurel du géant marqué par une division par trois de sa croissance en une quinzaine d’années, croissance du PIB qui dépassait les 14 % en 2007. La crise de l’immobilier, véritable coffre-fort de leur épargne, plombe un horizon qui semblait sans limite depuis des décennies et entretient une consommation frileuse ainsi qu’un climat de morosité. Les classes moyennes ont le sentiment que leur économie est à l’arrêt, or c’est la première fois qu’elles vivent une pareille situation depuis le décollage chinois. Malgré une hausse de 3,5 % des ventes de détails, l’indice des prix a stagné à 0,2 % l’an dernier, nourrissant le spectre d’un scenario déflationniste à la japonaise.

Le grand retour de D. Trump, brandissant la menace de droits de douane jusqu’à 60 %, vient encore assombrir les perspectives. La reprise en main sécuritaire du secteur privé, n’épargnant pas les représentants de grands groupes internationaux, comme AstraZeneca, sème l’anxiété jusque dans les comités de directions. Tout concourt à détourner les regards et les capitaux d’une grande Chine longtemps nouvelle frontière sans limite de la mondialisation, aujourd’hui présentée comme un géant malade avant l’heure. Et pourtant, le dragon fait plus que jamais sentir son souffle sur la planète, à l’orée de 2025, menaçant les marchés développés comme émergents d’un « second choc chinois », lourd de conséquences économiques et sociales. L’Europe est en première ligne, prise en étau entre la montée en gamme de l’usine du monde et les menaces tarifaires du champion de l’Amérique d’abord.

Le raisonnement paraît contre-intuitif, mais est déjà pleinement à l’œuvre à bord des conteneurs. À mesure que la croissance patine, Pékin met les bouchées doubles sur le front des exportations. Elles ont bondi de 7,1 % l’an dernier pour atteindre un record historique de 3 400 milliards de dollars. Un coup d’accélérateur depuis le Covid, financé à perte par les banques d’État qui débouche sur un bénéfice commercial jamais vu de 990 milliards de dollars, brisant son précédent record de 2022. Une tendance qui s’est accentué ces dernières semaines, alors que les usines accéléraient les cadences pour envoyer le maximum de produits aux États-Unis avant le 20 janvier fatidique (investiture de D. Trump). En décembre, la Chine a décroché un bénéfice commercial de 104 milliards de dollars, un record jamais enregistré dans l’histoire.
Malgré une stratégie de « derisking » (de moindre dépendance) lancée à Washington et Bruxelles depuis la crise du Covid-19, l’Empire du Milieu a renforcé ses positions dans les chaînes d’approvisionnement industrielles mondiales. Il produit aujourd’hui près d’un tiers des biens manufacturés produits dans le monde selon l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (UNIDO). Soit plus que les États-Unis, le Japon, l’Allemagne et la Corée du Sud réunis.

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Surtout, le label « Made in China » ne rime plus seulement avec économies d’échelle et piètre qualité. Désormais, la Chine caracole en tête sur les segments de l’industrie de demain, grâce à une montée en gamme spectaculaire. Ses fabricants de voitures électriques, batteries ou panneaux solaires partent à la conquête du monde, récoltant les fruits de la stratégie volontariste « Made in China 2025 », et d’un marché intérieur à la concurrence darwinienne. La Chine a raflé plus de 60 % des ventes mondiales de véhicules électriques et hybrides rechargeables sur 2024. Ainsi, le constructeur chinois BYD (1,76 million de voitures vendues) vient talonner son rival américain Tesla (1,79 million).
Plus que jamais, les exportations sont le moteur du Jumbo Chinois, alors que celui de l’immobilier est en panne et celui des infrastructures s’essouffle, tous deux alourdis par la dette publique. Les déséquilibres structurels du géant maintes fois dénoncés par les États-Unis et l’UE se sont aggravés depuis la sortie de la pandémie. Adieu, les promesses de grand rééquilibrage au profit du marché intérieur, maintes fois susurrées par les caciques du Parti communiste chinois à leurs hôtes occidentaux lors de la dernière décennie. Désespéré de relancer une machine enrayée par la stratégie Zéro Covid, le président Xi Jinping a jeté aux orties ces efforts au profit d’une offensive exportatrice tous azimuts sous le nouveau mantra des « nouvelles forces productives ». La redistribution au profit des ménages attendra.

Cette stratégie crispe les grandes capitales, déclenchant des mesures de défense commerciales de Washington à Bruxelles contre les surcapacités chinoises. Une contradiction de taille pour Xi Jinping, chantre de l’autosuffisance technologique mais qui accroît la dépendance chinoise au monde, et brusque même le Sud global, priorité de son offensive de charme diplomatique.

L’offensive tarifaire promise par D. Trump exacerbe encore ces tensions. Pékin tente de prévenir une seconde guerre commerciale, tout en fourbissant ses armes, dépêchant son vice-président Han Zheng à la cérémonie d’investiture. Pour le moment, il est raisonnable de penser que les Etats-Unis et la Chine entrent dans une phase intense de négociation avant une éventuelle seconde guerre commerciale qui n’est pas encore certaine. Espérons simplement qu’en cas de « deal » entre Washington et Pékin, l’Europe ne sera pas la grande perdante. Le bloc des 27 de l’UE est essentiel aux constructeurs chinois en quête de débouchés et de marges mais également confrontés à un mur tarifaire américain et à des marchés émergents encore immatures. Un dilemme de plus pour une UE divisée et un enjeu de taille pour Pékin, dont la fuite en avant exportatrice est menacée de goulots d’étranglement, faute de moteur de croissance de secours.

 

Achevé de rédiger le 6 février par Nicolas Duplantier

 

A suivre dans les prochaines semaines :

  • Politique : mesures de protectionnisme prises par D. Trump, élections en Allemagne du 23 février
  • Réunions des banques centrales : BCE le 6 mars et Fed le 19 mars
  • Poursuite et fin des publications des résultats des entreprises au 4e trimestre 2024
  • Données macroéconomiques : inflation, emploi, PIB etc.
  • Évolution de la situation géopolitique : guerre en Ukraine, conflits au Proche-Orient et au Congo

 

Veuillez trouver ci-dessous les liens d’inscription aux prochaines visioconférences :

S'inscrire à la visioconférence du jeudi 13 février 2025

S'inscrire à la visioconférence du jeudi 13 mars 2025

 

 

 

 

Bons investissements à tous, nous vous donnons rendez-vous le vendredi 7 mars 2025 pour le prochain point mensuel, n’hésitez pas à nous contacter : votre conseiller, le service CAPG Gestion Conseillée (pggc@ca-pyrenees-gascogne.fr) et moi-même (nicolas.duplantier@ca-pyrenees-gascogne.fr) sommes à votre entière disposition.

 

L’illustration graphique présentée ne constitue pas une prévision de la performance future de vos investissements. Elle a seulement pour but d’illustrer les mécanismes de votre investissement sur la durée de placement. L’évolution de la valeur de votre investissement pourra s’écarter de ce qui est affiché, à la hausse comme à la baisse. En poursuivant votre navigation, vous reconnaissez avoir pris connaissance de cet avertissement, l’avoir compris et en accepter le contenu. Les informations et analyses diffusées par Parlons Patrimoine ne constituent qu’une aide à la décision pour les investisseurs. La responsabilité de la caisse régionale Crédit Agricole Pyrénées Gascogne ne peut être retenue directement ou indirectement suite à l’utilisation des informations et analyses par les lecteurs. Il est recommandé à toute personne non avertie de consulter un conseiller professionnel avant tout investissement. Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter.
Les investissements présentés ici sont dynamiques et présentent un risque de perte en capital
L'adaptation de nos propositions au profil d'investissement de chaque client suit 4 règles principales :

  • Cantonnement : définition d'un pourcentage du patrimoine financier soumis au risque, avec un conseil et un suivi global sur la totalité des contrats intégrant ce risque (PEA, CTO et UC d'assurance-vie)
  • Diversification : géographique, thématique, devise, différentes stratégies et sociétés de gestion, ne pas empiler du risque par des actifs identiques : lignes différentes entre PEA, CTO et UC d'assurance-vie 
  • Volatilité/Gestion du risque : risque global (volatilité) relativement faible (par rapport au cac40 ou aux actions en direct par exemple), complémentarité des lignes dans le but de construire un portefeuille équilibré
  • Communication/suivi : mail et article mensuel sur www.ca-pg.fr, visio-conférence mensuelle
     
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