Point mensuel décembre 2023 - Investissements

12/01/2024 - 20 min de lecture

Rubrique : Fiscalité

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Point mensuel décembre 2023 - Investissements

Les marchés actions ont poursuivi en décembre le fort rebond entamé début novembre. Les investisseurs ont été rassurés par la poursuite de la décélération de l’inflation, les discours rassurants mi-décembre des grands banquiers centraux confirmant la fin probable de leur resserrement monétaire, la dégradation de publications macroéconomiques aux États-Unis et enfin, les anticipations par le marché des baisses des taux directeurs en 2024. Tous ces éléments ont constitué les conditions parfaites pour que les rendements obligataires continuent de se détendre, favorisant ainsi les arbitrages des investisseurs en faveur des actions et permettant à l’arrivée la prolongation du rallye de fin d’année. Les principales places boursières ont donc poursuivi sur leur lancée en enregistrant de belles performances en décembre. Les actions internationales (MCSI World) et les États-Unis (Standard & Poor’s 500) ont bondi de 4,81 % et 4,42 %. Les Émergents (MSCI Emerging Markets) et la zone euro (Euro Stoxx 50) ont progressé respectivement de 3,71 % et 3,17 %. Le Japon (Nikkei) enfin est stable à - 0,06 %. Nos portefeuilles progressent ce mois-ci de 3,2 %.

Par rapport à nos concurrents (catégorie Quantalys allocation Monde offensive), notre avance est de 49,5 % avec une performance globale de 144,2 % depuis le 31/12/2011. Résultats de nos conseils d’investissements au 29/12/2023 :

perfs globales
Graphe

Comme chaque mois, voici le tableau des performances des investissements que nous conseillons : nous avons investi 100 000 euros sur chaque portefeuille type au 31 Décembre 2011, et nous donnons donc la performance du portefeuille et de chaque ligne pour les supports PEA et assurance-vie (Floriane, Espace Liberté et Anaé) au 29/12/2023.

 

Portefeuille type PEA : valorisation : 255 313 €

perfs pea

 

 

Portefeuille type Assurance-vie (Floriane, Espace Liberté 1 & 2 et Anaé) : valorisation : 225 689 €

perfs ass vie

 

Répartition du portefeuille actuel : 

répartition

 

Point marchés

 

Quelle incroyable année ! Depuis deux ans, les résultats des places boursières dépendent quasi exclusivement du thème omniprésent de l’inflation. Cette année, tout en restant la préoccupation première des marchés, celle-ci a dû partager la vedette avec un thème lui aussi déterminant : les taux d’intérêt. En effet, les fluctuations du marché obligataire (véritables montagnes russes) nous ont littéralement donné le tournis. En 2022, la surprise de l’inflation redécouverte à la sortie de la crise du Covid-19 (été 2021) et aggravée par les conséquences de la guerre en Ukraine (24 février 2022) avait provoqué l’effondrement des marché actions mais aussi des marchés obligataires (situation rare des deux marchés en panne au même moment). Comme en 2022 mais cette fois de manière encore plus prégnante, ces thèmes de l’inflation et des taux ont obnubilé les marchés et fait la pluie et le beau temps tout au long de l’année. D’abord la pluie depuis mi-2022 avec les pics inflationnistes historiques et l’envolée des rendements obligataires suite au début du resserrement monétaire par les banques centrales pour lutter contre l’inflation. Puis le beau temps en 2023 (notamment en fin d’année) avec la poursuite de la décélération fulgurante de l’inflation (divisée par trois aux États-Unis et par quatre en Europe en à peine un an), suivie de la détente spectaculaire des taux longs ce qui a fait conclure aux marchés financiers que le cycle inédit de resserrement monétaire des banques centrales (débuté en mars et juin 2022 respectivement pour la Fed et la BCE et achevé en juillet et septembre 2023) est bel et bien derrière nous ce qui place 2024 sous le signe positif d’un assouplissement monétaire avec un début de baisse des taux afin de faire repartir l’économie mondiale.
L’année 2023 qui vient de se terminer n’a donc pas été de ton repos et pourrait se résumer à ces deux formules assez complémentaires : « plus de peur que de mal et tout est bien qui finit bien ». En effet, si nous tentons de résumer l’année, nous pourrions dire que 2023 nous a permis d’assister à une étonnante valse et qui dit valse, suppose logiquement une année en trois temps :
 

Premier temps, un début d’année 2023 au cours duquel les marchés actions sont partis sur les chapeaux de roue. Le ralentissement économique de fin 2022 a été mis au second plan et les investisseurs ont (à raison) préféré considérer que les pics inflationnistes étaient passés, que l’inflation allait continuer de ralentir et qu’enfin l’arrêt de la stratégie zéro-Covid en Chine allait soutenir l’économie mondiale et favoriser les places boursières. Après ce début d’année en fanfare, les marchés ont été pris de court en mars par le ralentissement de la croissance chinoise mais surtout par la crise des banques régionales américaines fragilisées par la mauvaise anticipation de la brutale hausse des taux d’intérêt ainsi que par la quasi-faillite de Crédit Suisse. Cette dernière, véritable talon d'Achille de l'industrie bancaire du Vieux Continent, a dû faire face à des retraits massifs de dépôts, contraignant les autorités helvétiques à la pousser dans les bras d’UBS (pire ennemi) qui l’a rachetée en urgence pour une bouchée de pain permettant ainsi de stopper les craintes de contagion. Cette crise qui a fait chavirer les grands indices boursiers notamment les valeurs bancaires a été rapidement circonscrite aux États-Unis et à la Suisse. Les places boursières ont ainsi pu repartir de l’avant. Certains indices boursiers en particulier européens ont enregistré de nouveaux records historiques (exemple le 21 avril pour le marché parisien) durant cette période.
 

Deuxième temps, la réapparition de nuages entre mai et octobre. Les marchés actions ont d’abord connu une période de léthargie puis de réelle déprime. Durant cette période de six mois qui nous a semblé une éternité, l’inflation a fait preuve d’un peu plus de résistance (baisse moins linéaire) notamment aux Etats-Unis à cause de la robustesse du marché de l’emploi. La première puissance économique mondiale ne montrait pratiquement aucun signe de ralentissement (fléchissement) malgré l’action musclée de la Fed au point même de redouter pour l’économie américaine un « no landing » (pas d’atterrissage) c’est-à-dire une économie qui ne ralentit pas du tout. Les marchés ont alors commencé à douter craignant soit de nouvelles hausses de taux, soit que la baisse de taux à venir ne soit reportée aux calendes grecques. Rappelons à toutes fins utiles que durant toute l’année, le consensus n’a cessé de rabâcher sa conviction d’une forte récession américaine en 2023 (« hard landing ») c’est-à-dire un crash de son économie, alors que nous avons toujours été les défenseurs d’un atterrissage en douceur (« soft landing ») en étant convaincus que la Fed réussirait et que la première puissance économique ne finirait que par ralentir (fait rare). Les marchés ont donc commencé par une simple consolidation de mai à juillet (simple respiration des indices). Puis un mouvement baissier plus net qui a semblé assez interminable (trois mois consécutifs entre août et octobre) mais dont l’ampleur aura finalement été très raisonnable (à peine 10 % de baisse sur trois mois) et surtout n’aura jamais conduit à faire abdiquer les marchés même lorsque les rendements des taux de la dette souveraine des Etats se sont envolés, comme rarement par le passé avec près de 120 points de base de hausse sur le dix ans américain passé de 3,84 % à plus de 5 % entre fin juin et fin octobre.
 

Troisième temps, le rallye de fin d’année à partir du mois de novembre. Lorsque fin octobre quelques données confirmant un ralentissement économique nous parviennent (notamment un tassement de la demande), les marchés se disent qu’ils ont enfin les signes de ce ralentissement tant espéré ce qui provoque instantanément une détente violente du marché obligataire (taux longs) grâce aux anticipations de la baisse des taux directeurs par le marché. Dès lors, les marchés n’ont d’yeux que pour les signes d’essoufflement de l’inflation et les discours des banquiers centraux. Celui de Jerome Powell (J. Powell) le 1er novembre va clairement inverser la tendance. Fait marquant de son discours, il laisse entendre aux investisseurs que la hausse des taux est achevée ce qui, combiné au reflux de l’inflation de part et d’autre de l’Atlantique, a favorisé l’envolée des indices boursiers grâce à la spectaculaire détente du marché obligataire. Ce dernier a vu le rendement des taux américain à dix ans chuter de plus de 100 points de base en à peine deux mois pour revenir à son niveau de début d’année ce qui non seulement a permis aux investisseurs de retrouver de l’appétit pour les actifs risqués mais aussi d’enclencher début novembre un puissant rallye de fin d’année. Les bourses mondiales repartent instantanément de l’avant et clôturent l’année sur d’incroyables performances. Après « l’annus horribilis » 2022 et ses mémorables corrections des marchés actions et obligataires (chute de 20 % pour les actions internationales et de 15 % en moyenne pour le obligations), 2023 offre un très bon millésime.

Malgré un consensus très négatif en début d’année, 2023 restera donc dans les annales comme l’illustration d’un parfait miroir inversé comparée à l’année précédente avec des performances des marchés actions et des marchés obligataires historiques à l’opposé de 2022. Elle aura été marquée par l’extrême volatilité du marché obligataire, une volatilité aux antipodes de celle des actions qui elle aura terminé au plus bas. Enfin, elle se sera achevée sur des performances historiques des actifs risqués (actions et obligations). Comme nous l’avions envisagé et répété tout au long de l’année, nous n’avons pas subi une seconde contreperformance deux années d’affilée. L’année 2023 ne nous aura pas déçus, bien au contraire. La poursuite de la baisse de l’inflation et les anticipations de baisse des taux auront été les principaux moteurs de la performance des marchés actions. Un tel niveau de rebond des principaux indices actions (américains, européens et asiatiques hors Chine) n’avait pas été vu depuis la sortie du Covid-19 en 2021 ou depuis l’annonce de l’assouplissement quantitatif par la BCE en 2009.
 

Sur les marchés actions en décembre, les indices boursiers ont poursuivi le rallye entamé début novembre. Les indices MSCI World et Standard & Poor’s 500 ont obtenu les meilleures performances du mois avec + 4,81 % et + 4,42 %. Ils devancent les Emergents (MSCI Emerging Markets) et la zone euro (Euro Stoxx 50) qui s’adjugent des performances de + 3,71 % et + 3,17 %. Comme le mois dernier, le Japon boucle le classement avec une performance tout juste à l’équilibre à - 0,06 %, mais il reste le gagnant 2023 des grands indices généralistes.

Drapeaux

 

Bilan de l’année, 2023 est une année de rattrapage. L’euphorie est perceptible sur toutes les grandes places mondiales. Globalement, les grands indices actions mondiaux ont terminé l’année en beauté avec de très belles performances. Parmi eux, la meilleure performance revient de très loin à l’indice des valeurs technologiques américaines (Nasdaq) qui caracole en tête avec un gain de 43,42 % largement porté par les « sept magnifiques ». Ce club très fermé composé des capitalisations supérieures à 1 000 milliards de dollars (Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla) a été soutenu entre autres par l’engouement des investisseurs pour le thème de l’intelligence artificielle (IA). Ces « sept magnifiques » ont d’ailleurs représenté la moitié de la performance de l’indice de référence des investisseurs le Standard & Poor’s 500 avec + 24,23 %. Hormis le Nasdaq qui reste un indice très concentré sur le plan sectoriel, le grand gagnant de l’année 2023 est le Japon et son indice Nikkei avec une performance annuelle de + 28,24 %. Malgré une fin d’année timide par rapport aux autres places boursières, le Japon a été tiré durant toute l’année par un afflux massif de capitaux étrangers. En outre, il a su profiter de la réallocation des actifs en provenance de Chine. Celle-ci a d’ailleurs connu une année 2023 particulièrement difficile en bourse. Son indice (le CSI 300) qui regroupe les grandes capitalisations de Shenzhen et Shanghai chute de 11,4 % et le Hang Seng à Hong-Kong plonge de 14 %. L’indice des actions internationales (MSCI World) s’adjuge un gain de 21,76 %. Il devance l’Euro Stoxx 50 (plus grosses capitalisations européennes) qui progresse de 19,20 % et ne se trouve plus qu’à quelques encablures de son sommet atteint début 2007. Au sein de la zone euro, la place de Francfort termine devant celle de Paris avec des performances respectives de + 20,31 % et + 16,52 %. Rappelons que contrairement à l’indice allemand, la performance du CAC 40 se calcule hors dividendes. L’indice CAC 40 GR (dividendes réinvestis) a gagné 20,14 % en 2023. Enfin, grâce aux performances des deux derniers mois, les Emergents (MSCI Emerging Markets) sauvent une année 2023 bien compliquée et ferment notre classement avec une performance annuelle positive de 7,04 %.

 

tableau

 

Sur le marché des taux, les perspectives d’un changement de politique monétaire des banques centrales ont d’ores et déjà fait baisser les taux des obligations souveraines. Le mois de décembre a été dans la continuité de la détente spectaculaire du mois novembre qui a permis au marché obligataire d’enregistrer une de ses meilleures performances depuis 1985. Ainsi, le taux à dix ans de la dette américaine a poursuivi sa baisse en perdant ce mois-ci près de 50 points de base passant de 4,33 % à 3,86 % soit une baisse mensuelle de 10,71 %. Le taux à dix ans allemand (bund) a reculé en novembre de 2,44 % à 2,02 % (baisse de 42 points de base soit - 17,19 %) quant à l’OAT dix ans française, elle est passé de 3,02 % à 2,55 % (baisse de 47 points de base soit - 15,49 %). Sur l’ensemble de l’année 2023, malgré la chute vertigineuse du marché obligataire au cours des deux derniers mois (baisse de plus de 20 %), le taux du dix américain est stable et ne baisse que de 0,33 %. En revanche, le bilan est très différent en Europe, puisque les dettes allemande et française ont reculé respectivement de 21,09 % et 17,8 % en 2023. Pour les marchés, il ne fait aucun doute que les grandes banques centrales en ont terminé avec les hausses de taux et que désormais ce sont les baisses qui seront à l’ordre du jour des prochaines réunions planifiées en 2024.

L'or a continué de progresser au mois de décembre avec une hausse de 1,65 % à 2 071,8 dollars l’once. Il gagne désormais 13,45 % depuis le début de l’année (1 826,2 dollars au 1er janvier 2023). Les investisseurs se souviennent que le métal précieux est également une valeur refuge et sans doute la seule qui compte vraiment en période de fortes tensions géopolitiques. Le climat actuel d’incertitudes pourrait lui permettre de se maintenir largement au-dessus des 2 000 dollars voire d’établir de nouveaux records (cf. Point mensuel de novembre). Il reste une protection recommandée afin de se protéger de la forte volatilité sur les marchés.

Le pétrole lui, grignote du terrain. Le Brent de la mer du Nord termine à 77,04 dollars le baril tandis que le WTI coté à New York finit à 71,65 dollars le baril. Sur l'ensemble de 2023 les deux contrats ont perdu autour de 10 % chacun, plombés par les craintes sur la conjoncture chinoise et par la bonne tenue de la production de pétrole de schiste aux États-Unis.

Sur le marché des devises, l'euro augmente ses gains face au dollar. Il serait plus juste de dire que ce dernier perd du terrain à cause de la baisse des bons du Trésor américain. La devise de la zone euro s’apprécie sur le mois de 1,39 % face au billet vert à 1,1037 dollar contre 1,0886 dollar fin novembre. Sur l’ensemble de l’année, la monnaie unique progresse de 3,13 % (vs 1,0702 dollar fin décembre 2022).

La volatilité qui traduit la nervosité des marchés est complètement écrasée sur un plus bas. L’indice de la peur » (VIX pour les actions américaines) se situe à 12,45 fin décembre (vs 13,76 fin novembre) c’est-à-dire sur un plus bas malgré les tensions géopolitiques. Pour rappel, une volatilité raisonnable se situe généralement entre 15 et 20.

 


Le marché parisien atteint un sommet


L’indice tricolore signe donc une très belle année. En 2023, le CAC 40 a franchi à de multiples reprises ses plus hauts historiques en séance (avec un record à 7 653,99 points le 14 décembre) et en clôture (7 596,1 points le 15 décembre). Il termine l’année à 7 543,18 points en hausse de 16,52 %, un contraste après une année 2022 (- 9,5 %) marquée par la guerre en Ukraine, l’inflation, la crise de l’énergie et la hausse des taux d’intérêt. Après un début d’année tonitruant avec un bond de 9,4 % sur le seul mois de janvier grâce au secteur du luxe et aux espoirs suscités par la réouverture économique de la Chine, le CAC 40 a déchanté sur la deuxième partie de l'année, en raison de la normalisation de la demande. A titre d'illustration, LVMH (+ 7,7 % cette année) sous-performe nettement le CAC 40 en 2023. Si dans l’ensemble, 2023 a été un bon cru pour l’indice phare de la bourse de Paris, tout le monde n’en a pas profité. L’automne a été marqué par une vague sans précédents d’effondrements de titres en une séance, à l’image d’Alstom (- 38 % le 5 octobre) de Worldline (- 59,2 % le 25 octobre) et dans une moindre mesure de Sanofi (- 16 % le 27 octobre) et Société générale (- 12 % le 18 septembre). Les écarts de performance entre les valeurs gagnantes et les perdantes ont rarement été aussi importants. Seuls six groupes du CAC 40 ont vu leur titre terminer l’année dans le rouge, le dernier de la classe étant Alstom (- 46 % en un an). Dans des marchés très nerveux, les investisseurs sont très exigeants et les déceptions notamment liées à la crédibilité des dirigeants sont sévèrement sanctionnées.

A contrario, soulignons la bonne tenue des résultats des entreprises françaises. Signe que la hausse du marché a concerné la quasi-totalité des secteurs, trente-quatre des quarante plus grandes sociétés ont terminé l'année dans le vert. Plusieurs groupes industriels ont signé un très beau parcours en 2023. Porté par des résultats étincelants, une rentabilité impressionnante (une marge opérationnelle courante de 14,4 % et un bénéfice de 10,9 milliards d'euros au premier semestre), Stellantis tutoie enfin les étoiles et signe la plus forte hausse du CAC 40 (+ 59 %). La méthode Carlos Tavares, qui conjugue une discipline de fer sur les coûts et un robuste « pricing power » (pouvoir de fixation des prix) a fini par séduire les investisseurs. Saint-Gobain (+ 45,52 %) et Publicis (+ 41,23 %) ont de leur côté su démontrer la pertinence de leur transformation. Le premier cité s'est renforcé sur des marchés porteurs, comme la chimie dans la construction. La société doyenne du CAC 40 a ravi le marché à chaque publication en 2023. Publicis, de son côté, a publié une croissance de son activité qui a pris de vitesse les analystes à plusieurs reprises. Le groupe a gagné des contrats et des parts de marché grâce notamment à son virage vers l'analyse de données. Schneider Electric (+ 38,66 %) signe aussi une belle année et déboule d'ailleurs dans le club très fermé des groupes du CAC 40 à plus de 100 milliards d'euros de capitalisation boursière. Citons aussi L'Oréal (+ 34,95 %) et Hermès (+ 32,55 %) qui affichent de superbes performances alors que le luxe a souffert sur la seconde partie de l'année. Mais Hermès a fait honneur à son rang, en ne décevant jamais le marché à chacune de ses publications, ce qui illustre la résilience du sellier. L'Oréal, pour sa part, a pâti de la mauvaise conjoncture chinoise (et d'une offensive de Pékin contre le marché gris) mais a démontré au troisième trimestre sa capacité d'adaptation en dépassant les attentes dans les autres régions du monde.
Tous ces gagnants ont généralement une très bonne gouvernance et des stratégies claires qui s’inscrivent dans la durée. L’année 2024 s’annonce plus difficile à anticiper. Les perspectives de baisse des taux par les banques centrales étant déjà dans les cours, la vraie vie, c’est-à-dire les résultats des entreprises, devraient davantage guider les marchés.

 

 

 


Convictions d’investissement


Pour la troisième fois consécutive, la Fed a laissé son taux directeur inchangé en décembre. Pour rappel, elle l’avait relevé à onze reprises depuis mars 2022 portant ses taux d’intérêt à leur plus haut niveau depuis vingt-deux ans, dans une fourchette de 5,25 % à 5,50 %. Même scénario en Europe, où la BCE a opté pour le statu quo et ne pas relever ses taux, passés en dix-huit mois de 0 % à 4 %.
Les grandes économies américaine, européenne ou même chinoise subissent un ralentissement, pourtant les marchés ont décidé de voir l’avenir positivement. Le reflux de l’inflation et la perspective d’une baisse des taux d’intérêt favorable aux entreprises, aux ménages et aux Etats ont suffi à redonner confiance aux investisseurs. Les marchés considèrent que la politique monétaire des banques centrales a porté ses fruits et que nous sommes à la fin de cette période inflationniste inédite depuis quarante ans. Ces conclusions suffisent à alimenter les prévisions de baisse des taux directeurs des banques centrales l’année prochaine. Naturellement toute l’attention des investisseurs se portera en priorité sur l’évolution des taux d’intérêt. D’après le consensus des économistes, la probabilité de voir pivoter les taux de la Fed au cours du premier semestre serait actuellement de 90 %. Nous pensons également que le début de la baisse des taux aux États-Unis et en Europe interviendra durant le premier semestre 2024.
En Europe, la baisse des taux de la BCE devrait intervenir après celle de la Fed si l’on se réfère à la chronologie des précédentes décisions, même si pour nous, rien n’est moins sûr. Évidemment, il serait surprenant que l’institution de Francfort devance celle de Washington. Le passé récent démontre que cette dernière a toujours été plus prompte à réagir dans un sens ou dans l’autre. Pourtant, les dernières statistiques macroéconomiques démontrent que le durcissement des conditions d’octroi de crédit et la transmission de la politique monétaire restrictive de la BCE à l’économie réelle auront été plus rapides et efficaces en Europe qu’aux États-Unis. Dès lors, nous considérons qu’il n’y aurait rien de surprenant à ce que la BCE annonce sa première baisse des taux avant la Fed étant donné son niveau plus faible de croissance économique.
Les perspectives d’un changement de politique monétaire par les banques centrales ont d’ores et déjà fait baisser les taux des obligations souveraines. Les investisseurs ont donc retrouvé de l’appétit pour les actifs risqués d’autant que les prévisions concernant la croissance économique sont moins mauvaises que redouté. L’économie américaine reste très robuste et en Europe le ralentissement se situe principalement sur l’Allemagne. Comme pour les États-Unis, nous pensons que le Vieux Continent pourrait échapper à la récession en 2024 et même bénéficier d’un scenario favorable dit « boucle d’or » ou « goldilocks » c’est-à-dire une croissance qui ralentit sans provoquer de récession, une inflation modérée qui continue mois après mois de décélérer enfin, des résultats d’entreprises qui résistent ce qui in fine, laisse aux banquiers centraux la marge de manœuvre nécessaire pour décider du moment le plus propice pour commencer à baisser leurs taux directeurs.
 

Le marché ne va-t-il pas trop vite en besogne concernant le début de la baisse des taux et leur nombre ?
A l’occasion de son dernier discours, J. Powell a ouvert la voie à des baisses de taux en 2024 mais sans pour autant annoncer de calendrier pour 2023. Or, il y a effectivement un grand écart entre les trois baisses de taux envisagées pour le moment par la Fed en 2024 et les anticipations du marché et ses six baisses de taux (150 points de base ou 1,5 %) dès le mois de mars prochain. Du côté de la Fed, les prévisions sont probablement un peu timides par rapport à ce qu’elle envisage réellement mais il s’agit pour elle de ne pas trop alimenter les anticipations du marché qui étaient déjà très vigoureuses avant même le discours de J. Powell du 1er novembre. En effet, dès la fin du mois d’octobre, alors que certaines statistiques américaines ressortaient un peu moins bonnes avec une série de données inférieures aux attentes, que l’inflation continuait de baisser et que les taux obligataires se détendaient fortement, le marché est parti « bille en tête ». Le discours du président de la Fed intervenu juste après n’a finalement été que l’accélérateur au rebond des marchés actions. Il va donc falloir réconcilier ces deux positions assez divergentes ou faire en sorte de réduire ce grand écart entre trois ou six baisses de taux. L’inflation a incontestablement dicté le sentiment de marché tout au long de l’année mais il est également possible que cette inflation rythme encore une bonne partie du premier semestre 2024 parce que l’objectif d’une inflation ramenée à 2 % n’est pas encore atteint.
Évidemment, la Fed ne va pas attendre de parvenir à cette cible pour commencer à baisser ses taux. Mais désormais, le ciselage des banques centrales dans le calibrage des toutes premières baisses de taux devra être millimétré pour être certain que l’inflation converge bien vers les 2 % tout en faisant attention que les conditions financières ne deviennent pas trop souples trop vite car si tel était le cas, cela pourrait, non pas provoquer un rebond de l’inflation, mais simplement freiner son retour vers les 2 % (notre scenario d’une baisse non linéaire des prix). Il s’agit dans l’immédiat du seul véritable risque étant donné que la volatilité des actions est totalement écrasée, que nous avons toujours cette détente obligataire très puissante (il y a aura peut-être un léger rebond des taux longs en début d’année mais rien de bien méchant) et que contrairement au mois dernier où la baisse des taux longs coïncidait avec des statistiques américaines inférieures aux attentes, nous constatons ces derniers jours une économie américaine plutôt résiliente avec une légère amélioration de l’indicateur ISM des services, du rapport sur l’emploi, des ventes aux détails ou bien des commandes de biens durables donc à l’arrivée des nouvelles positives même si de nature à freiner un peu le retour vers les 2 %. En conclusion, comme ces deux dernières années, il est certain que l’inflation restera encore le sujet central en 2024. Le rythme de sa décélération déterminera laquelle des anticipations de baisses des taux (trois selon les minutes de la Fed et six pour le marché) est la plus réaliste.
 

 

Qu’en est-il de l’impact du cycle de baisses des taux tant attendu sur les marchés ?
L’année dernière, les marchés ont été porteurs jusqu’en avril. Difficile de dire s’il en sera de même en ce début d’année étant donné le probable début des baisses des taux à partir de mars et du rythme de ces baisses de taux surtout dans le contexte de l’élection présidentielle américaine le 5 novembre prochain quand on sait que la Fed a toujours été très réticente à baisser ses taux directeurs dans les semaines qui précèdent l’élection de crainte de se voir accusée de favoriser le camp sortant. Ce calendrier sera donc probablement un frein non négligeable à l’action de la Fed qui risque de se retrouver un peu empêtrée à partir du milieu de l’été.
C’est la raison pour laquelle les marchés espèrent que la Fed commencera à baisser ses taux dès le mois de mars car il ne faut pas oublier que suite à ce resserrement monétaire d’une exceptionnelle rapidité, les États-Unis ont actuellement des taux directeurs entre 5,25 % et 5,5 % ce qui avec une inflation autour de 3 % traduit des taux réels (taux d’intérêt défalqués de l'inflation) très élevés que l’économie ne pourra pas supporter très longtemps. Plus l'inflation baisse, plus la politique monétaire devient restrictive parce que les taux réels remontent. La Fed est selon nous consciente du fait que si elle maintient ses taux trop élevés trop longtemps, les dégâts sur l’économie risqueraient d’être importants. Donc, à moins d’envisager un regain notable de l’inflation (hypothèse dont objectivement nous ne voyons pas la raison), il est tout à fait plausible que ce rythme ambitieux de baisses des taux anticipé par le marché, rythme bien supérieur à celui envisagé par la Fed, ait plus de chances de se matérialiser ou bien que ces deux anticipations (six baisses d’un côté, trois de l’autre), convergent l’une vers l’autre (par exemple quatre ou cinq baisses) ce qui d’une certaine façon irait plus dans le sens des anticipations du marché : ne dit-on pas que le marché a toujours raison ? Toutefois, si nous partons du postulat que la Fed adoptera à partir de septembre une position de neutralité à l’approche de l’élection présidentielle afin de ne pas influer sur celle-ci, cela ne lui laisse pour agir que quatre FOMC (comités monétaires) entre mars et juillet 2024. Dès lors, il devient matériellement compliqué d’envisager six baisses d’un quart de point (0,25 %) entre mars et juillet à moins de prévoir une ou deux baisses d’un demi-point (0,5 %) mais alors, une telle intensité de baisse des taux de la part de la Fed conduirait à penser que l’économie américaine tomberait subitement en récession.

En résumé, la différence entre les anticipations de baisses des taux des marchés et la réalité des baisses de taux envisagées par la Fed est fort logiquement un sujet d’interrogation. Si une première baisse des taux au cours du premier semestre est pour ainsi dire acquise, en revanche le doute est permis concernant une première baisse à la fin du premier trimestre. Les banques centrales veulent rester prudentes. A l’heure où nous écrivons, le marché anticipe un assouplissement des conditions monétaires, ce qui signifie que toute statistique macroéconomique décevante lui apportera de l’eau à son moulin et le confortera dans ses prévisions. Il voit dans ces annonces la confirmation d’un début de baisses des taux à travers la formule bien établie maintenant : « les mauvaises nouvelles sont de bonnes nouvelles » (« bad news is good news ») autrement dit, les mauvaises nouvelles valident l’idée d’un proche début de baisse des taux ce qui favorisent les actions. Pour finir, concluons en disant que nous n’avons aucune certitude et que rien n’est écrit, ni connu à l’avance. Ces différents scenarios ne sont à l’évidence que pures conjectures puisqu’encore une fois, seules les données mensuelles concernant l’inflation et la situation économique dicteront le rythme ou l’ampleur de baisses des taux aux Etats-Unis. Seule certitude, 2024 sera bel et bien l’année du début de la baisse des taux de la part des banquiers centraux, J. Powell l’a implicitement annoncé en novembre dernier. Nous ne trouvons pas que les marchés se soient montrés complaisants en 2023, ni en cette fin d’année. Les remarquables performances viennent rappelons-le en rattrapage d’une année 2022 épouvantable. Notre opinion positive n’est pas contradictoire avec une approche qui reste prudente et diversifiée.

La saison de publications des résultats annuels des entreprises (résultats du quatrième trimestre 2023) à partir de la mi-janvier s’annonce plutôt bonne même s’il est possible qu’elle soit un petit peu moins solide que celle du troisième trimestre 2023 qui avait largement profité de l’effet stockage- déstockage et du niveau de dépenses des ménages alimenté par leur « inépuisable » matelas d’épargne post-Covid. Autrement dit, une déception des publications favorisant une baisse des marchés actions nous semble assez peu probable sur cette vague de résultats. En revanche, le risque de moins bons résultats est selon nous potentiellement plus à craindre en avril prochain lors de la publication des résultats du premier trimestre 2024, mais rien n’est moins sûr même si les discours des dirigeants pour 2024 restent prudents après trois années post Covid exceptionnelles au cours desquelles les grandes entreprises mondiales ont littéralement marché sur l’eau. La consommation des ménages devrait finir par se normaliser ce qui, après des mois en apesanteur, sonnerait juste un retour à la normale pour les entreprises avec l’intégration de ce nouveau contexte économique dans les résultats des grands groupes avec des ajustements sur leurs recettes mais aussi sur leurs cours boursiers. En fin de compte, contrairement aux dernières publications du troisième trimestre 2023 où les statistiques macroéconomiques avaient occulté la qualité des résultats des entreprises, cette fois-ci, la microéconomie pourrait-être un facteur de soutien aux marchés actions avant un éventuel début de baisse des taux en mars. Les discours des dirigeants pour 2024 restent prudents après trois années post Covid exceptionnelles au cours desquelles les grandes entreprises mondiales ont littéralement marché sur l’eau. La consommation des ménages devrait finir par se normaliser ce qui, après des mois en apesanteur, sonnerait un retour à la normale pour les entreprises avec l’intégration de ce nouveau contexte économique dans les résultats des grands groupes avec des ajustements sur leurs recettes mais aussi sur leurs cours boursiers. Naturellement, à la veille de la saison de publication des résultats d’entreprises, tout le monde se pose la même question à savoir si la saison des résultats est déjà dans les prix après le rallye des deux derniers mois de l’année ? Difficile de répondre à cette interrogation. Il y a trois mois les analystes prévoyaient une croissance des bénéfices pour les entreprises américaines d’environ 8 % pour le quatrième trimestre 2023 or aujourd’hui, nous sommes plutôt autour de 2,5 %, donc toujours une hausse, mais une hausse moindre puisqu’alimentée par des profits trois fois moins forts qu’attendu. Les premières publications nous diront vite ce qui était, ou n’était pas déjà dans les cours fin 2023. Sauf évènement majeur par définition impossible à prévoir, nous ne croyons pas en un scenario adverse pour 2024 avec un gros décrochage possible, ni au premier, ni au second semestre même si une phase de consolidation plus ou moins importante (environ 10 %) est toujours possible et même souhaitable. Dans ce cas nous pensons plutôt qu’elle aurait plus de chance de se concrétiser au cours du premier semestre ce qui permettrait aux indices actions de reprendre leur souffle après une fin d’année exceptionnelle et de repartir à l’assaut de nouveaux records.

 

 


Stratégie d’investissement

Il semble assez difficile pour un investisseur lambda de démarrer 2024 sans être investi ou en réduisant drastiquement ou non son exposition aux actifs risqués. Nous avons connu une année 2022 catastrophique qui a fait mal aux portefeuilles. Certains investisseurs ont pu passer à côté de l’année 2023 soit parce qu’ils ont suivi le consensus très pessimiste de début 2023 (récession sévère, chute des bénéfices etc.) soit parce que très inquiets, ils sont sortis des marchés actions en cours d’année et notamment pendant la période compliquée d’août à octobre, décision qui leur aura fait complètement rater le rebond des deux derniers mois, contrairement à notre stratégie qui recommande systématiquement (sauf besoin impérieux de disposer de ses liquidités) de ne jamais sortir du marché tant il est difficile de connaître le bon moment pour se retirer et, soyons lucides, impossible de savoir quand revenir. Donc, si le mouvement haussier se poursuit en 2024 (et peu importe sa vigueur), les clients auraient du mal à comprendre la frilosité des gestionnaires de portefeuilles après avoir subi la baisse en 2022 et bénéficié que partiellement de la hausse de 2023. D’une certaine manière, cette situation est clairement favorable à l’évolution des marchés actions puisqu’elle contraint les investisseurs, qui involontairement seraient « passés à côté » du rebond de fin d’année, à se positionner sur les marchés actions toujours à cause du phénomène « FOMO » (« fear of missing out ») c’est-à-dire la crainte d’à nouveau « rater le train » ou de « passer à côté de la prochaine hausse ». Cet appui loin d’être négligeable, évite non seulement les prises de bénéfices marquées mais devrait continuer de soutenir les marchés actions notamment les indices européens encore faiblement valorisés (12 à 13 fois les bénéfices anticipés à 12 mois vs 19 à 20 fois pour les actions américaines) compte tenu des volumes importants de liquidités laissés sur des placements sans risques dont les rendements finiront immanquablement par s’étioler avec la baisse à venir des taux directeurs en 2024.

En résumé, le bilan annuel des places boursières en 2023 a été très positif. Sans tomber dans une euphorie excessive, il fait souffler un vent optimiste sur les marchés. Ces derniers valident de plus en plus la crédibilité d’un scenario d'un atterrissage en douceur de l’économie américaine (« soft landing ») accompagné d’une poursuite, même non linéaire, de la désinflation et d’un début de baisse des taux directeurs courant 2024. Naturellement chaque prochaine publication mensuelle de l'inflation continuera d’être minutieusement scrutée par les marchés. Nous attendons la confirmation de ces prévisions et l’amélioration de la visibilité en nous laissant porter par le mouvement haussier, le début des résultats des entreprises à partir de mi-janvier ainsi que les réunions des banques centrales fin janvier.
Nous gardons une opinion positive sur les marchés d’actions, notamment la zone Euro, le Japon et les petites et moyennes valeurs. L'amélioration de la liquidité mondiale, la baisse des taux à long terme et l'évolution des bénéfices solides soutiennent la hausse des cours des actions. Certains fonds dont les performances étaient en retrait une grande partie de l’année nous ont rassurés. Ils ont bénéficié du net rebond de la bourse. Les solides performances de nos portefeuilles modèles nous confortent dans l’idée que les allocations sont efficaces et soigneusement diversifiées aussi bien sur le plan géographique et sectoriel que sur les styles de gestion présents. Toutefois, nous en profiterons pour réaliser quelques petits arbitrages sous forme d’ajustements afin d’améliorer encore la pertinence de notre allocation.
Pour conclure, les indices boursiers doivent continuer à augmenter au cours des prochains mois même si des incertitudes subsistent pour 2024. Par exemple, le rythme du ralentissement des taux directeurs de la Fed qui n’est pas garanti et dépendra de l’intensité du ralentissement macroéconomique. Ou bien, si l’économie américaine se montre plus résiliente que prévu, dans ce cas la Fed se montrera probablement moins encline à baisser ses taux. Enfin, les élections aux États-Unis en fin d’année et qui regorgent d’incertitudes : le retour de Donald Trump ? Quels candidats finaux ? Quelle stratégie du nouveau président sur le plan géopolitique ?


Les banques centrales sous la pression des marchés

Une course-poursuite s'est ainsi engagée entre les banques centrales et les marchés, pariant sur qui a raison concernant le nombre de baisses, qui de la Fed ou de la BCE baissera ses taux en premier et quand aura lieu cette première baisse tant attendue. Pour beaucoup, ce devrait être la Fed, dès ce printemps, parce qu'elle a été plus réactive et est montée plus haut (jusqu'à 5,5 %) que la BCE (4 %). D'aucuns misent au contraire sur un mouvement de la BCE en premier, car la situation macroéconomique de la zone euro, au bord de la récession, le justifierait davantage que celle des États-Unis. Le consensus table sur le mois de juin, mais le Conseil des gouverneurs de la BCE pourrait ne pas pouvoir attendre au-delà du printemps et baisser ses taux dès maintenant. En effet, la situation s'y prête.  Plus l'inflation baisse, plus la politique monétaire devient restrictive parce que les taux réels (taux d’intérêt défalqués de l'inflation) remontent. L'économie est en train de ralentir, les faillites augmentent, le chômage monte. Il y a un risque que les banques centrales réagissent trop lentement, un risque d'erreur après celle d'avoir tardé à réagir à la flambée de l'inflation. Et ce n'est pas un quart de point de baisse qui changera grand-chose. Nous nous attendons à environ un point de baisse d'ici à la fin 2024 donc des taux à 3 %. Certains vont plus loin et prévoient un taux de dépôt à 2,5 % dans un an.
Par culpabilité d'avoir échoué à anticiper la poussée inflationniste, les banques centrales pourraient tomber dans l'excès inverse, un zèle dans la fermeté, au risque cette fois d'endommager l'économie.  Si l'on veut éviter une grande récession provoquée par les banques centrales, il faudrait réduire les taux maintenant. L'économie a défié la logique en 2023 en résistant aux hausses de taux ce qui a encouragé les banques centrales à poursuivre leur resserrement monétaire, mais peut-être trop loin, l'avenir le dira. Les besoins de refinancement des entreprises devraient s'accroître à partir de 2024 et 2025 mais les délais de transmission de la politique monétaire ont été sous-estimés. En moyenne, il faut compter dix-huit à vingt-quatre mois pour que ces effets se traduisent dans l'économie réelle. Cela signifie que les dernières hausses de taux de l'été 2023 ne seront pleinement ressenties que fin 2024 ou début 2025. À l'inverse, les baisses de taux attendues en 2024 risquent d'intervenir trop tard pour limiter les dégâts.  Le scénario macroéconomique appelle des baisses assez fortes. Si cela intervient en juin, cela n'aura pas d'impact sur 2024. Or, des taux moins élevés, c'est plus d'investissement, plus d'activité, plus d'emploi. Les PME, les entreprises non cotées, les start-up seraient les premières à en bénéficier. Les taux élevés ont créé un énorme décalage pour l'accès au financement.
Une détente sur les taux devrait aussi soulager les gouvernements, dont les coûts d'emprunt ont bondi cette année. Cela réduirait un peu la nécessité de consolidation budgétaire, au moment où les besoins d'investissements publics sont énormes, notamment dans la transition verte.

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A suivre dans les prochaines semaines :

  • Géopolitique : évolution des conflits au Proche-Orient et en Ukraine, élections à Taïwan
  • Début de la saison des publications des résultats annuels des entreprises (T4 2023)
  • Evolution de l’inflation, de l’emploi, de la confiance des ménages, du pétrole, des investissements etc
  • Réunions des banques centrales le 25 janvier pour la BCE et le 1er février pour la Fed
  • Situation en Chine : annonces de mesures de relance budgétaires ou monétaires

 

 

Rédacteurs : Nicolas DUPLANTIER - L’illustration graphique présentée ne constitue pas une prévision de la performance future de vos investissements. Elle a seulement pour but d’illustrer les mécanismes de votre investissement sur la durée de placement. L’évolution de la valeur de votre investissement pourra s’écarter de ce qui est affiché, à la hausse comme à la baisse. En poursuivant votre navigation, vous reconnaissez avoir pris connaissance de cet avertissement, l’avoir compris et en accepter le contenu. Les informations et analyses diffusées par Parlons Patrimoine ne constituent qu’une aide à la décision pour les investisseurs. La responsabilité de la caisse régionale Crédit Agricole Pyrénées Gascogne ne peut être retenue directement ou indirectement suite à l’utilisation des informations et analyses par les lecteurs. Il est recommandé à toute personne non avertie de consulter un conseiller professionnel avant tout investissement. Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter.
Les investissements présentés ici sont dynamiques et présentent un risque de perte en capital
L'adaptation de nos propositions au profil d'investissement de chaque client suit 4 règles principales :

  • Cantonnement : définition d'un pourcentage du patrimoine financier soumis au risque, avec un conseil et un suivi global sur la totalité des contrats intégrant ce risque (PEA, CTO et UC d'assurance-vie)
  • Diversification : géographique, thématique, devise, différentes stratégies et sociétés de gestion, ne pas empiler du risque par des actifs identiques : lignes différentes entre PEA, CTO et UC d'assurance-vie 
  • Volatilité/Gestion du risque : risque global (volatilité) relativement faible (par rapport au cac40 ou aux actions en direct par exemple), complémentarité des lignes dans le but de construire un portefeuille équilibré
  • Communication/suivi : mail et article mensuel sur www.ca-pg.fr
     
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