Point mensuel octobre 2023 - Investissements
08/11/2023 - 20 min de lecture
Rubrique : Fiscalité
tout un mag pour vous
Point mensuel octobre 2023 - Investissements
Durant le mois d’octobre, le mouvement baissier entamé depuis le mois d’août a continué de s’amplifier en raison du nouveau conflit israélo-palestinien qui vient aggraver une situation géopolitique déjà lourde avec la guerre en Ukraine, mais également à la suite des inquiétudes du marché avant les réunions très attendues des banques centrales en fin de mois. Ce contexte global particulièrement pesant n’a fait qu’alimenter la poussée des rendements obligataires à l’œuvre depuis plusieurs semaines et donc peser sur l’appétit pour le risque d’investisseurs particulièrement attentifs à la période toujours importante de la publication des résultats trimestriels des entreprises. Sans surprise en pareilles circonstances, les places boursières sont restées orientées à la baisse pour le troisième mois consécutif sans toutefois montrer des signes de capitulation. Le Japon est la seule zone parvenant à s’extirper de la morosité ambiante avec une performance remarquable de + 0,29 % de son indice Nikkei. Les États-Unis et la zone euro limitent quant à eux la casse. Leur indice Standard & Poor’s 500 et Euro Stoxx 50 consolident respectivement de 2,20 % et 2,72 %. Les actions internationales (MCSI World) baissent de 2,96 % tandis que les Émergents (MSCI Emerging Markets) chutent de 3,94 %. Nos portefeuilles reculent ce mois-ci de 3,1 %.
Par rapport à nos concurrents (catégorie Quantalys allocation Monde offensive), notre avance est de 48,7 % avec une performance globale de 124,6 % depuis le 31/12/2011. Résultats de nos conseils d’investissements au 31/10/2023 :


Comme chaque mois, voici le tableau des performances des investissements que nous conseillons : nous avons investi 100 000 euros sur chaque portefeuille type au 31 Décembre 2011, et nous donnons donc la performance du portefeuille et de chaque ligne pour les supports PEA et assurance-vie (Floriane, Espace Liberté et Anaé) au 31/10/2023.
Portefeuille type PEA : valorisation : 232 393 €

Portefeuille type Assurance-vie (Floriane, Espace Liberté 1 & 2 et Anaé) : valorisation : 209 649 €

Répartition du portefeuille actuel :

Point marchés
Dans la continuité du repli des marchés actions qui a débuté au mois d’août et s’est prolongé en septembre, les marchés financiers ont continué de faire preuve d’une grande nervosité. Ils ont à nouveau connu un mois d’octobre assez difficile mais finalement très proche du mois précédent en raison des mêmes incertitudes sur le plan économique (inflation, croissance) et concernant les politiques monétaires des banques centrales qui continuent de peser sur les marchés. A son terme, ce mois d’octobre aurait pratiquement pu être un copier-coller du mois de septembre si malheureusement un nouveau conflit ne s’était pas déclenché au Proche-Orient accentuant de fait les tensions géopolitiques déjà très pesantes liées à la guerre en Ukraine.
Dans ce climat ô combien préoccupant, les opérateurs de marché se sont donc montrés préoccupés tout au long du mois et particulièrement fébriles au fur et à mesure qu’approchaient les réunions très attendues des banques centrales, notamment celle du 26 octobre pour la banque centrale européenne (BCE) et celles du 1er novembre pour la Reserve fédérale américaine (Fed) et la Banque d’Angleterre (BOE). Alors statu quo ou hausse des taux ? Malgré un consensus tablant sur des taux directeurs inchangés de part et d’autre de l’Atlantique et donc un suspens a priori limité, l’inquiétude est restée présente durant tout le mois d’octobre c’est-à-dire jusqu’à ce que les grands argentiers aient annoncé s’ils maintenaient leurs taux inchangés ou s’ils accentuaient le caractère restrictif de leur politique monétaire. Les investisseurs ont donc retenu leur souffle ne sachant pas s’ils allaient être soulagés ou bien démoralisés par les décisions des banquiers centraux en particulier celle de Jerome Powell, le président de la puissante Fed. Comme le mois dernier, ce contexte particulièrement pesant aura continué de nourrir les tensions sur le marché des taux et d’alimenter la poussée des rendements obligataires à l’œuvre depuis plusieurs semaines. Fort logiquement, il aura également contribué à freiner l’appétit pour le risque (principalement les actions) d’investisseurs particulièrement exigeants en cette période sensible de publication des résultats trimestriels des entreprises, résultats jusqu’ici mitigés (cf. « Comment expliquer la poursuite du mouvement baissier des marchés actions ? »).
Finalement, il aura fallu attendre la toute fin du mois octobre et la confirmation par les grandes banques centrales (26 octobre pour la BCE) d’une pause dans leurs hausses des taux directeurs pour stopper ce mouvement baissier des actions. Soulagées par ces annonces, en particulier par celle de la Fed (1er novembre), les principales places boursières ont été portées par un véritable vent d'optimisme grâce à la détente immédiate du marché obligataire. La seule interrogation pour les investisseurs est désormais de savoir s’il s’agit d’une simple pause ou de la fin de la hausse des taux directeurs. Ces derniers semblent considérer que leur cycle de resserrement monétaire pour lutter contre l’inflation est enfin achevé.
Au cours du mois d’octobre et pour le troisième mois d’affilée, les principaux indices boursiers ont poursuivi sur leur tendance baissière. Alors que les grands indices actions ont tous reculé, l’indice Nikkei du Japon continue de surprendre avec une performance positive de 0,29 %. Que ce soit dans des marchés haussiers ou baissiers, il fait une nouvelle fois mieux que ses concurrents. Dans l’ordre, il devance Wall-Street et la zone euro qui voient leur indice Standard & Poor’s 500 et Euro Stoxx 50 reculer respectivement de 2,20 % et de 2,72 %. Les actions internationales (MSCI World) suivent de près avec une baisse de 2,96 % tandis que les Emergents (MSCI Emerging Markets) ferment la marche avec une baisse plus importante de 3,94 %. Le marché français (CAC 40) et le marché allemand (Dax) baissent respectivement de 3,49 % et 3,74 %. L’indice phare tricolore a été notamment pénalisé par des publications de certains poids lourds comme Sanofi (cinquième capitalisation boursière de l’indice) violemment sanctionné par les investisseurs.

Sur le marché des taux, l’atteinte d’un possible plateau des taux directeurs a immédiatement entraîné la détente des rendements obligataires. L’emprunt américain à dix ans est ainsi passé de 4,926 % à 4,661 % entre la veille de la réunion de la Fed et le lendemain de l’annonce d’un statu quo. Même constat positif en Europe, puisque le taux à 10 ans allemand qui fait référence (le bund) a baissé de 2,809 % à 2,708 % et celui de l’OAT 10 ans française a reculé de 3,430 % à 3,307 % en l’espace de vingt-quatre heures. Pour les salles de marchés, il ne fait (pratiquement) aucun doute que les grandes banques centrales en ont terminé avec les hausses de taux et que désormais ce sont les baisses qui seront à l’ordre du jour des prochaines réunions planifiées en 2024. Naturellement les paris vont déjà bon train, d’ailleurs le consensus table déjà sur un début de baisse dès le premier semestre 2024 et sur un niveau de taux directeur aux États-Unis proche de 3,5 % d’ici à la fin 2024 contre 5,25 % à 5,5 % actuellement.
Depuis le début de l’année, les indices boursiers conservent toujours grâce à la confortable avance du premier semestre des performances largement positives malgré un mouvement baissier marqué, mais tout de même contenu durant les trois derniers mois (baisses trimestrielles cumulées comprises entre 3,68 % pour le Japon et 12,5 % pour les Emergents en passant par 8,16 % pour la France, 8,6 % pour les Etats-Unis et 9,17 % pour la zone euro). La bourse de Tokyo (Nikkei) confirme donc sa bonne santé avec une performance annuelle de + 22,44 %. Wall Street conserve une courte avance sur l’Europe. Son indice Standard & Poor’s 500 enregistre une performance de + 9,22 % tandis que le Nasdaq (indice regroupant l’ensemble des valeurs technologiques américaines) avec une performance de + 22,8 % est le seul à faire mieux que l’indice japonais en 2023. L’Euro Stoxx 50 enregistre un gain de 7,05 % alors que les places de Francfort et de Paris à égalité avec une performance de + 6,36 % sont au coude à coude avec l’indice des actions internationales (MSCI World) à + 6,37 %. Seule zone géographique en territoire négatif, les Emergents (MSCI Emerging Markets) bouclent ce classement avec une baisse de 4,30 %.

L'or a progressé au mois d’octobre de 6,87 % à 1 994,3 dollars l’once d’or (vs 1 866,1 dollars fin septembre) et de 9,20 % depuis le début de l’année (1 826,2 dollars au 1er janvier). Après avoir surtout recherché la protection du dollar au cours des dernières semaines, les investisseurs se souviennent que le métal précieux est également une valeur refuge et sans doute même la seule qui compte vraiment en période de fortes tensions géopolitiques. Ce climat incertain pourrait encore lui permettre de franchir la barre des 2 000 dollars. Il reste selon nous une solution idéale pour se protéger en cas de forte volatilité sur les marchés.
Le pétrole après sa forte hausse au mois de septembre a nettement reculé ce mois-ci (- 8,29 %). Le prix du baril de pétrole de la mer du Nord (Brent) est ainsi passé de 95,31 dollars fin septembre à 87,41 dollars fin octobre et ce malgré le risque d’un élargissement du conflit au Proche-Orient à d’autres acteurs producteurs de pétrole comme l’Iran. Cette tendance d’un cours qui reflue nettement a largement contribué à la poursuite du processus de désinflation au mois de septembre. Actuellement, le Brent est pratiquement revenu sur son niveau de début d’année (85,91 dollars) puisqu’il progresse d’à peine 1,75 % à 87,41dollars.
Sur le marché des devises, l'euro est resté stable en octobre face au billet vert à 1,0576 dollar (vs 1,0570 dollar fin septembre). Depuis le début de l’année, la monnaie unique est en très légère baisse face au billet vert à - 1,18 % (1,0702 dollar fin décembre).
La volatilité qui traduit la nervosité des marchés a très légèrement progressé avec un « indice de la peur » (VIX pour les actions américaines) qui se situe à 18,13 fin octobre contre 17,77 et ce malgré les tensions au Proche-Orient. Pour rappel, une volatilité raisonnable se situe généralement entre 15 et 20.
La croissance dans le monde ralentit sous l'effet des dernières crises. Selon ses nouvelles projections, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une progression du PIB mondial de 3 % cette année et 2,9 % en 2024 (vs + 3,5 % en 2022). Ces prévisions sont à prendre avec prudence dans un climat d’incertitude face aux risques de volatilité et soubresauts géopolitiques. Ces risques s’il fallait retenir les principaux seraient les suivants :
- La Chine où la crainte d’une aggravation de la crise immobilière constitue un risque possible pour l’économie mondiale. Nous pensons que les autorités chinoises prendront toutes les mesures de soutien nécessaires pour permettre à l’économie chinoise de repartir en 2025.
- Les prix des matières premières qui pourraient devenir plus volatils en raison d’un regain de tensions géopolitiques au Proche-Orient ou en Ukraine et des perturbations liées au changement climatique.
- L’inflation qui poursuit sa nette décélération mais reste toujours élevée par rapport à son objectif cible de 2 %. Elle pourrait nécessiter en cas de rechute une action plus énergique des banques centrales. Cette hypothèse n’est pas dans notre scenario central.
- Le risque budgétaire face à une envolée de l’endettement et des coûts de financement et qui nécessite un pilotage fin sur le front monétaire et budgétaire.
En conclusion, les marchés actions manquent toujours de catalyseurs pour renouer avec une vraie tendance haussière. Après avoir été hésitants pendant près de six mois, ils se montrent résistants dans la baisse et ne capitulent pas. De même, après avoir été pénalisés par le niveau élevé du marché obligataire, la récente détente des taux longs pourrait leur apporter l’impulsion nécessaire pour repartir de l’avant. Par ailleurs, un retour vers davantage de sérénité paraît envisageable maintenant que la principale source d’interrogation des investisseurs est désormais pratiquement réglée. En effet, sauf en cas de nouvel évènement majeur (par définition imprévisible), il semble désormais quasiment acquis que les banques centrales en ont terminé avec leurs hausses de taux et que leur dernière pause annonçait la fin d’un resserrement monétaire historique. Une fois les publications des résultats d’entreprises terminées, la poursuite du recul de l’inflation (même non linéaire) et la perspective d’un début de baisse des taux en 2024 offriront les conditions nécessaires à un nouveau vent d'optimisme.
Convictions d’investissement (cf. développement du point mensuel de septembre 2023)
Stratégie : les années passent mais les marchés suivent-ils toujours la même tendance ? La fin d’année est souvent marquée par un rallye (période de hausse) sur les marchés actions, mais cette année les catalyseurs semblent manquer. En attendant qu’ils nous prouvent le contraire avec la poursuite de la décélération de l’inflation et la confirmation mi-décembre que la hausse des taux des banques centrales est définitivement derrière nous, les indices actions semblent commencer à retrouver des couleurs depuis la toute dernière semaine du mois d’octobre à cheval sur le début mois de novembre après il est vrai, un mois d’octobre compliqué. La baisse des indices depuis fin juillet fait écho aux messages plus prudents de la part des entreprises, qui ont commencé à intégrer dans leurs objectifs le ralentissement économique. De plus, au vu des publications du troisième trimestre, nous ne pensons pas que le message des sociétés sera un élément fondamental de soutien pour les marchés. En revanche, côté banques centrales, les investisseurs semblent déjà anticiper le meilleur scenario à savoir un statu quo de la Fed et de la BCE, ce qui devrait aider les indices à repartir dans le bon sens. En attendant que ces différents points se concrétisent et que la visibilité globale s’améliore, nous maintenons notre approche défensive et ne modifions pas notre allocation.
La BCE fait une première pause après dix hausses consécutives
La Banque centrale européenne (BCE) a opté pour le statu quo sur sa politique monétaire, maintenant ses taux inchangés pour la première fois depuis quinze mois. Le taux de dépôt reste donc à 4 %, niveau atteint mi-septembre après dix hausses consécutives. Une décision de suspendre leur politique de resserrement monétaire prise à l'unanimité, alors que la dernière hausse de taux (+ 25 points de base en septembre) avait été âprement débattue au sein du Conseil des gouverneurs. Cette décision signe donc la fin (pour le moment) du cycle amorcé en juillet 2022 de relèvement des taux le plus rapide de l’histoire de l’institution. Ce taux de dépôt (taux référence) à 4 % constitue également un niveau jamais atteint depuis le lancement de la monnaie unique en 1999. Par ailleurs, le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal restent évidemment inchangés et se situent respectivement à 4,50 % et 4,75 %.
La BCE a jugé que le niveau atteint en septembre est suffisamment restrictif pour assurer la transmission de la politique monétaire aux économies des pays de la zone euro, c’est-à-dire faire baisser l'inflation en augmentant le coût du loyer de l'argent, ce qui réduit l'investissement et la demande. Les derniers indicateurs avancés sur la conjoncture semblent indiquer une activité manufacturière et dans les services toujours en contraction dans la zone euro. Par ailleurs, avec une contraction du PIB de la zone euro au troisième trimestre de - 0,1 % et une inflation orientée à la baisse en octobre 2,9 % (vs 4,3 % en septembre et 5,2 % en août) selon la première estimation d’Eurostat (office statistique de l'Union européenne), les dernières données économiques plaidaient en faveur d'une pause sur les taux directeurs, ce que la BCE n’a pas manqué de faire. À cela s'ajoutent les risques entraînés par les tensions géopolitiques au Proche-Orient en plus de ceux liés à la guerre en Ukraine mais l’institution de Francfort se dit très attentive aux conséquences économiques de la situation internationale.
Pour finir, Christine Lagarde refuse de considérer en avoir trop fait pour dompter l'inflation en bridant l'économie. La BCE veille toutefois à ne pas en rajouter en évitant, pour l'instant, d'engager la réduction de son programme de rachats d'obligations de 1 800 milliards d'euros lancé pour lutter contre la pandémie, dont elle continue de réinvestir les titres arrivés à maturité. Faudra-t-il aller plus loin et réagir à une éventuelle entrée de la zone euro en récession en assouplissant cette politique de resserrement monétaire ? « Le débat sur une baisse des taux est totalement prématuré », répond Christine Lagarde, assurant que la question n'a même pas été abordée avec les gouverneurs. Elle est en tout cas dans la tête des opérateurs de marchés, selon lesquels une première baisse de taux pourrait survenir dès avril 2024. Une chose est sûre, la pause décidée par la BCE a apporté un peu de détente sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d'État de la zone euro se repliant enfin après plusieurs semaines de hausses.

La Fed maintient à nouveau ses taux inchangés
Si le 26 octobre dernier la réunion de la BCE n'a pas spécialement bouleversé les investisseurs, celle de la Réserve fédérale américaine du 1er novembre a montré une fois de plus que la Fed était le facteur X du marché. Comme attendu par le marché, elle a annoncé le maintien de ses taux directeurs à leur niveau actuel de 5,25 % à 5,50 %. Pour la deuxième fois d'affilée, la Fed laisse ses taux inchangés. Jerome Powell (J. Powell) précise qu'il veut observer l'évolution de l'économie ainsi que les effets cumulés des onze hausses de taux effectuées depuis mars 2022. C'est la troisième fois au cours des quatre dernières réunions que la Fed ne touche pas à ses taux. Elle veut en effet éviter de trop freiner l'activité économique, afin de ne pas provoquer de récession. L'inflation (combat numéro un), reste supérieure à l'objectif de 2 % mais elle s'est stabilisée à 3,4 % en rythme annualisé, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed. Dans le même temps, la consommation reste solide et la croissance s'est envolée, multipliée par deux sur le dernier trimestre, pour atteindre 4,9 % en rythme annuel.
Bonne nouvelle pour J. Powell (et les marchés financiers), les derniers chiffres de l’emploi et du chômage publiés par le département du travail américain confirment un ralentissement de l’embauche en octobre. Le taux de chômage est ainsi remonté au plus haut depuis près de deux ans à 3,9 % alors que les créations nettes ne sont que de 150 000 postes soit près de deux fois moins qu’en septembre avec toutefois la persistance d'un manque de main d'œuvre dans divers secteurs clés. Autre bonne nouvelle pour J. Powell, les chiffres élevés des créations d’emplois de septembre ont été révisés à la baisse à 297 000 postes contre 336 000 initialement annoncés. De plus, les rémunérations horaires moyennes ne progressent que de 0,2 % et non pas 0,3 % ce qui porte leur hausse à 4,1 % sur les douze derniers mois. La tendance, si elle devait se confirmer, est conforme aux espoirs de la Fed qui misent sur un refroidissement du marché du travail pour apaiser les tensions inflationnistes en particulier celles nées des fortes hausses de salaires après la crise du Covid. Cependant, la grève historique en octobre chez GM, Ford et Stellantis et ses effets sur les nombreux fournisseurs des constructeurs automobiles a pu exagérer le ralentissement de l’embauche. Le département du travail recense en particulier une réduction de 35 000 emplois dans le secteur manufacturier en octobre qui découle probablement de ce mouvement social. Un rattrapage en novembre est probable maintenant que le travail a repris sur la quarantaine de sites affectés. Les rendements obligataires ont fortement chuté après la publication des chiffres de l’emploi tandis que Wall Street confirmait la bonne tendance des derniers jours. Finalement, l’ensemble de ces données devrait inciter la Fed à ne pas relever ses taux directeurs le 13 décembre prochain.
Cependant, bien que l'économie américaine paraisse solide, la Fed reste vigilante. D’abord, par rapport à la guerre au Proche-Orient qui pourrait entraîner une hausse des prix du pétrole si elle venait à s'étendre à d'autres pays de la région. La Banque mondiale estime qu'en cas d’extension du conflit, le prix du pétrole pourrait dépasser les 155 dollars, un niveau inédit. Une telle hausse des prix de l'énergie entraînerait aussitôt celui des matières premières vers le haut, avec le risque en bout de ligne de faire repartir l'inflation. Ensuite, sur le plan national ; l'élection d'un nouveau speaker à la Chambre des représentants (Mike Johnson) après trois semaines d'atermoiements au sein du parti républicain (suite à la destitution de Kevin McCarthy), permet d'envisager un vote sur le budget fédéral pour 2024. Mais il y a fort à parier que le bras de fer entre Républicains et Démocrates repartira de plus belle, alors que le déficit public s'envole. Autant de soubresauts dont il est pour l'instant difficile de mesurer l'impact potentiel sur l'économie américaine, ce qui incite la Fed à la prudence. D'autant que, dans le même temps, est venue s'ajouter une augmentation des rendements des bons du Trésor à 10 ans, qui servent de référence et qui ont flambé en septembre et en octobre à plus de 5 %. J. Powell a indiqué lors de sa conférence de presse que la Fed était « attentive » à la montée des taux obligataires à long terme, qui, si elle devait persister, pouvait avoir des implications sur la politique monétaire de la Fed. En effet, les hausses des rendements obligataires des deux derniers mois constituent à elles seules un resserrement bien plus marqué des conditions d'accès au crédit qu'une hausse des taux directeurs par la banque centrale américaine (l’équivalent d’une hausse de 80 points de base) puisque que les rendements des bons du Trésor à 10 ans entrent en partie dans le calcul des taux des différents prêts, en particulier immobiliers.
L’anxiété dans le discours de J. Powell était donc nettement moins palpable que lors des précédents comités de politique monétaire. Certes, il n'a pas exclu une hausse des taux en décembre, mais le marché semble juger que ses propos vont davantage dans le sens d'un maintien des taux pour les prochains mois avant de potentielles baisses. Toujours est-il que ces légères inflexions dans le discours ont provoqué une détente spectaculaire du rendement du bon du Trésor à 10 ans. Autre explication à la détente du marché obligataire, le plan de financement à long terme du Trésor américain devrait être moins important, ce qui soulage encore plus les marchés. Enfin, J. Powell en a profité pour indiquer qu’un début de baisse des taux n’était pas d’actualité. Il est évidemment resté prudent à propos de la décrue de l'inflation indiquant que le processus de désinflation en cours pourrait encore être « cahoteux » (« bumpy ») mais que les « progrès » étaient bien visibles. En l’état actuel de la conjoncture économique du pays, la seule question que se pose la Fed est de savoir si elle devra augmenter encore un peu ses taux directeurs. Comme l'a rappelé mi-octobre le patron de la Fed, le chemin est encore long pour ramener l'inflation à la cible de 2 % : « quelques mois de bons chiffres ne sont que le début de ce qu'il faudra pour être certain que l'inflation baisse durablement ».

Comment expliquer la poursuite du mouvement baissier des marchés actions ?
Plusieurs plongeons aussi vertigineux que surprenants ont été abondamment commentés à l’occasion de la publication des résultats trimestriels des entreprises. La liquidité des marchés plus faible, la concurrence des obligations ainsi que le contexte géopolitique sont autant d'éléments qui ont favorisé la nervosité du marché et amplifié ces sanctions si bien que la saison des résultats trimestriels de cet automne 2023 prend quelque peu des allures de « tir au pigeon ».
Au sein du marché parisien, Alstom s’est effondré début octobre de près de 37,6 % sur une séance, après avoir lancé un lourd avertissement sur sa génération de trésorerie. Ce plongeon sur une séance établissait déjà un record en lui-même jusqu’à ce qu’en fin de mois, le spécialiste des paiements Worldline dévisse cette fois de 59,2 % sur une journée (du jamais vu), après avoir sabré ses objectif 2023 et mis de côté ses perspectives à l'horizon 2024. Certes, ces deux groupes figurent parmi les plus petites capitalisations de l’indice tricolore, mais Sanofi a récemment démontré que des mastodontes de la cote ne sont pas non plus à l'abri de lourdes sanctions de la part du marché. Le groupe pharmaceutique a ainsi chuté de 18,9 % fin octobre (baisse historique pour l’entreprise) à la suite de résultats inférieurs aux attentes couplés à des indications très décevantes sur son bénéfice pour l'an prochain et un abandon d'une cible de marges pour 2025. Hors CAC 40, difficile d’oublier la chute de 59 % sur une séance du spécialiste des principes actifs pour l'industrie pharmaceutique Euroapi à la suite d'un avertissement sur résultats qui a vraisemblablement coûté son poste à son directeur général, Karl Rotthier. Précisons tout de même qu'il ne s'agit pas d'un mal exclusivement français. A titre d’exemple, le groupe de paiements néerlandais Adyen a chuté de plus de 40 % à la bourse d'Amsterdam à la suite de résultats décevants, cet été et l'allemand Siemens Energy a perdu à deux reprises plus de 30 % cette année, en raison d'un problème technique sur des composants d'éoliennes, en juin, puis, en octobre, à la suite d'informations de presse rapportant que la société cherchait une aide sous forme de garanties bancaires, ce que le groupe a ensuite confirmé. Dans le même secteur, le danois Orsted s'est effondré de 25,7 % après avoir abandonné un projet de fermes éoliennes offshore aux États-Unis et annoncé une lourde dépréciation d'actifs.
S’il est logique que des déceptions méritent une sanction, de telles dégringolades posent la question de la nervosité du marché et d'une certaine exagération de sa part. Le bureau d'études indépendant AlphaValue a ainsi jugé « injustifié » le plongeon de Sanofi, le groupe étant selon lui victime d'une panique boursière, constat partagé par la banque HSBC. Le directeur général de Worldline, Gilles Grapinet, qui ne commente d'ordinaire pas les réactions des investisseurs, a assuré à L'Agefi et aux Echos que la chute de l'action de son entreprise revenait à « complètement oublier à la fois les fondamentaux de la société comme de son marché ». A travers la dureté et certaines exagérations des sanctions récemment infligées aux entreprises qui déçoivent à l’occasion de la publication de leurs résultats trimestriels, essayons de comprendre les raisons qui expliquent ce mouvement baissier des marchés actions depuis maintenant trois mois ? Nous voyons principalement quatre explications à cette nervosité des marchés qui pèse sur l’appétit pour le risque des investisseurs.
• Une liquidité qui se réduit et accentue les variations
La liquidité reste un facteur déterminant qui a peut-être tendance à être négligé, alors qu'elle permet de modérer les mouvements d'un actif donné. Sur le marché des changes, probablement le marché le plus liquide au monde (plus de 7 500 milliards de dollars de transactions par jour), une parité comme celle de l'euro-dollar ne connait que rarement des variations de plus de 1 %. A contrario, sur les très petites capitalisations, des mouvements de 50 % sur une journée sans aucune actualité sont monnaie courante. Or depuis quelques mois, la liquidité sur les marchés se réduit tout simplement parce que les banques centrales comme la BCE et la Fed ont mis en place des politiques monétaires restrictives et ont commencéà réduire leur bilan, ce qui diminue cette liquidité du marché. Si ce mécanisme affecte l'ensemble des marchés actions, les places européennes semblent plus durement touchées. Ainsi la banque Barclays notait fin octobre que si, sur l'ensemble de l'année, les marchés actions enregistrent des flux positifs et donc une collecte, en revanche, le chiffre global est lesté par une décollecte en Europe, un marché qui est peut-être en train d'être déserté. Depuis septembre, il y a moins d'intérêt sur la zone euro dont les carnets d'ordres diminuent. Des écarts aussi brutaux sur certaines valeurs traduisent des carnets d'ordres moins remplis voire vides, une spéculation (ventes à découvert) sur un titre qui amplifie les mouvements ce qui traduit un désintérêt ponctuel des opérateurs pour le marché européen. Enfin, contrairement aux États-Unis, nous n'avons pas beaucoup d'investisseurs institutionnels en Europe ou de fonds de pension en France. Cette insuffisance structurelle n’est évidemment pas une découverte, mais elle peut constituer un facteur d'aggravant.
• La concurrence des obligations et les taux élevés qui ne pardonnent pas
Les violentes chutes des titres s'inscrivent dans un contexte de hausse des rendements obligataires, notamment les obligations souveraines (celui du bon du Trésor américain à 10 ans a dépassé les 5 % avant de refluer dernièrement vers 4,5 %) ce qui crée plusieurs effets de nature à crisper les investisseurs sur les marchés actions. Tout d'abord, des taux plus élevés synonymes de financements plus onéreux ou plus compliqués à obtenir. Cela met sous pression les entreprises endettées et pousse le marché à opérer une distinction parfois radicale entre les sociétés. Mais ces taux plus hauts signifient également que les obligations offrent des valorisations peu onéreuses avec des rendements attrayants, concurrençant par là même les actions. Dès lors, les actions font face à une concurrence accrue du marché obligataire devenu bien plus attractif dans ce contexte d'incertitude, avec par ailleurs des rendements élevés sur les obligations. Finalement, les marchés actions se trouvent comme pris en otage par un univers de taux qui leur est extrêmement défavorable car nous n'aurions pas eu ces accidents boursiers dans un environnement de taux plus faibles. Naturellement, des déceptions peuvent toujours se produire. Mais les sanctions récentes du marché sont dues à cette pression obligataire qui concentre les réactions de marché sans faire de distinction au niveau de la taille des entreprises cotées.
• La géopolitique et l'absence de visibilité économique
La géopolitique et la macroéconomie qui sont toujours passées au peigne fin par le marché, sont particulièrement tendues depuis le milieu de l'été. La conjoncture chinoise ne cesse de préoccuper les investisseurs et chaque indicateur américain publié semble pouvoir être lu de diverses manières par le marché, tantôt comme une bonne nouvelle, tantôt comme une mauvaise, ce qui provoque la nervosité des marchés et beaucoup de volatilité. Actuellement, nous sommes dans une période où il est difficile d'avoir une lecture facile des évènements et fort de cette difficulté, les entreprises qui ne donnent pas suffisamment de gages de stabilité à leurs actionnaires sont sanctionnées lourdement et parfois injustement. Évidemment, l'environnement international (situation au Proche-Orient) n'aide pas ce qui pèse sur l'appétit pour le risque alors que les actions avaient bien performé sur la première partie de l'année. Dans ce contexte troublé, publier des résultats et des perspectives décevantes est doublement sanctionné.
Les opérateurs de marchés sont dans un moment de doute. Nous aimerions bien faire comme si tout allait bien, mais lorsqu’une entreprise sait qu’elle risque de surprendre, elle a intérêt à le faire positivement et non négativement car si la société n’a pas suffisamment préparé le marché, la sanction est terrible.
• Des causes spécifiques à chaque entreprise
Si le contexte économique, les tensions géopolitiques et l’environnement de marché expliquent la nervosité des investisseurs, ils ne justifient évidemment pas à eux seuls les accidents boursiers de valeurs emblématiques de la cote parisienne en octobre qui avant toute chose, trouvent leurs origines dans leurs propres fondements. Brièvement, Alstom était déjà dans le collimateur du marché avant son lourd avertissement. La banque Barclays avait quelques semaines avant l'annonce du groupe pointé son endettement élevé ainsi qu'un risque de dégradation de sa note de crédit. Fin 2022, la société était par ailleurs l'action la plus vendue à découvert par les investisseurs sur le SBF 120. En outre, elle avait déjà émis un avertissement sur sa trésorerie durant l'été 2021 (besoin d’une recapitalisation) à la suite de l’acquisition compliquée du canadien Bombardier au point que certains analystes soulignaient en octobre que les mauvaises surprises à plus d’un milliard d'euros sur la génération de trésorerie semblaient devenir une mauvaise habitude pour le groupe.
Euroapi de son côté avait déjà échaudé le marché. Son avertissement sur résultats du mois dernier constituait le deuxième en moins d'un an. En décembre 2022, la société avait en effet été contrainte de suspendre sa production et de sabrer ses objectifs annuels pour tenir compte d'écarts concernant la fabrication de certaines hormones sur son site de Budapest.
Pour Sanofi, la chute du titre est différente et s'explique par un effet de surprise violent et inattendu, avec des écarts très importants par rapport aux anticipations. La société a ainsi indiqué tabler sur un bénéfice net par action de ses activités en baisse l'an prochain (alors que le consensus anticipait une progression de 6 %), revoir à la baisse ses prévisions de croissance et de marge pour 2024 et 2025, sans oublier l’annonce surprise de sa nouvelle stratégie qui passe par le recentrage de son activité sur des relais de croissance plus puissants ce qui induit la scission de son pôle de santé grand public.
Quant à Worldline, sa chute vertigineuse peut en effet sembler sévère malgré le cocktail de mauvaises nouvelles qu'a livré le spécialiste des paiements. Mais en réalité, le secteur des paiements était tombé en disgrâce aux yeux du marché depuis longtemps (depuis la fin 2021) et avait déjà subi une contraction violente de ses multiples boursiers. Les investisseurs semblaient ainsi attendre des accidents de parcours qui sont donc survenus cet été pour Adyen et cet automne pour Worldline.

A suivre dans les prochaines semaines :
- Réunions des banques centrales le 13 décembre pour la Fed et le 14 décembre pour la BCE
- Géopolitique : évolution des conflits au Proche-Orient et en Ukraine
- Fin des publications des résultats des entreprises au 3ème trimestre
- Risque de « shutdown » de l’administration fédérale américaine
- Indicateurs macro-économiques : inflation, emploi, confiance des ménages, investissements etc
- Évolution de la situation en Chine : annonces possibles de mesures de relance budgétaires ou monétaires
- Évolution du cours du pétrole
Rédacteurs : Nicolas DUPLANTIER - L’illustration graphique présentée ne constitue pas une prévision de la performance future de vos investissements. Elle a seulement pour but d’illustrer les mécanismes de votre investissement sur la durée de placement. L’évolution de la valeur de votre investissement pourra s’écarter de ce qui est affiché, à la hausse comme à la baisse. En poursuivant votre navigation, vous reconnaissez avoir pris connaissance de cet avertissement, l’avoir compris et en accepter le contenu. Les informations et analyses diffusées par Parlons Patrimoine ne constituent qu’une aide à la décision pour les investisseurs. La responsabilité de la caisse régionale Crédit Agricole Pyrénées Gascogne ne peut être retenue directement ou indirectement suite à l’utilisation des informations et analyses par les lecteurs. Il est recommandé à toute personne non avertie de consulter un conseiller professionnel avant tout investissement. Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter.
Les investissements présentés ici sont dynamiques et présentent un risque de perte en capital
L'adaptation de nos propositions au profil d'investissement de chaque client suit 4 règles principales :
- Cantonnement : définition d'un pourcentage du patrimoine financier soumis au risque, avec un conseil et un suivi global sur la totalité des contrats intégrant ce risque (PEA, CTO et UC d'assurance-vie)
- Diversification : géographique, thématique, devise, différentes stratégies et sociétés de gestion, ne pas empiler du risque par des actifs identiques : lignes différentes entre PEA, CTO et UC d'assurance-vie
- Volatilité/Gestion du risque : risque global (volatilité) relativement faible (par rapport au cac40 ou aux actions en direct par exemple), complémentarité des lignes dans le but de construire un portefeuille équilibré
- Communication/suivi : mail et article mensuel sur www.ca-pg.fr