Point mensuel septembre 2023 - Investissements

09/10/2023 - 20 min de lecture

Rubrique : Fiscalité

Thématiques de l'article hashtagDécryptage

tout un mag pour vous

Point mensuel septembre 2023 - Investissements

Au cours du mois de septembre, la tendance aura été assez pesante sur les places boursières en raison principalement des discours restrictifs des banques centrales (en particulier celui de la Fed) et de la hausse des cours du pétrole qui ont provoqué des tensions de plus en plus vives sur le marché des taux continuant d’alimenter la poussée des rendements obligataires et de peser sur l’appétit pour le risque des investisseurs. Comme toujours en pareille situation, les indices boursiers ne résistent pas éternellement à la montée des taux d'intérêt sur le marché obligataire à un plus haut depuis 2007. Ainsi, dans le prolongement de la baisse du mois d’août, les principaux indices actions ont poursuivi sur cette tendance. Le Japon et la zone euro s’en tirent le mieux. Leurs indices Nikkei et Euro Stoxx 50 consolident respectivement de - 2,25 % et - 2,82 %. Contre toute attente, les Émergents (MSCI Emerging Markets) ne baissent que de - 2,82 % après avoir il est vrai fortement corrigé le mois dernier. Sans surprise, les actions internationales (MCSI World) chutent de - 4,44 % en raison du poids considérable des États-Unis dans son indice. La première capitalisation boursière au monde ferme donc la marche et voit son indice phare le Standard & Poor’s 500 enregistrer des prises de bénéfices plus marquées de - 4,87 %. Nos portefeuilles baissent ce mois-ci de - 2,6 %.

Par rapport à nos concurrents (catégorie Quantalys allocation Monde offensive), notre avance est de 49,7 % avec une performance globale de 131,8 % depuis le 31/12/2011. Résultats de nos conseils d’investissements au 30/09/2023 :

perfs globales
Graphe

Comme chaque mois, voici le tableau des performances des investissements que nous conseillons : nous avons investi 100 000 euros sur chaque portefeuille type au 31 Décembre 2011, et nous donnons donc la performance du portefeuille et de chaque ligne pour les supports PEA et assurance-vie (Floriane, Espace Liberté et Anaé) au 30/09/2023.

 

Portefeuille type PEA : valorisation : 240 699 €

perfs pea

 

 

Portefeuille type Assurance-vie (Floriane, Espace Liberté 1 & 2 et Anaé) : valorisation : 215 639 €

perfs ass vie

 

Répartition du portefeuille actuel : 

répartition

 

Point marchés

 

Dans la continuité du repli déjà engagé au mois d’août, les marchés financiers ont été particulièrement volatils récemment et les places boursières ont connu un mois de septembre assez difficile en raison principalement des discours restrictifs des banques centrales qui ont continué d’alimenter les tensions sur le marché obligataire, mais aussi, dans une moindre mesure, par la hausse des cours du pétrole. Ce troisième trimestre qui s’achève aura finalement vu les principaux indices boursiers enregistrer un mouvement de consolidations (prises de bénéfices d’environ 3,5 %) après rappelons-le de brillantes performances au cours du premier semestre.
Pourtant, le mois de septembre n’a pas si mal démarré alors que la donnée économique la plus suivie par le marché est ressortie bien orientée en Europe comme aux États-Unis. L'inflation en zone euro a reculé à 4,3 % sur un an en septembre contre 5,2 % en août. La tendance est donc à la modération de la hausse des prix, confirmée par les derniers chiffres des prix à la consommation aux États-Unis, remontés à 3,5 % sur un an au mois d'août contre 3,2 % en juillet ce qui n’a pas pesé négativement sur le marché qui tablait sur 3,5 %. La publication de l'inflation pour le mois de septembre dans les deux premières zones économiques du monde suggère donc que son ralentissement pourrait se poursuivre à un rythme plus rapide que ne le prévoyaient de nombreux acteurs du marché et ce malgré la résistance de la consommation aux États-Unis. Pour mémoire, le pic d’inflation a culminé à + 10,6 % en zone euro en octobre 2022 et à + 9,1 % aux Etats- Unis en juin de la même année, autrement dit, après dix et onze hausses de taux de la part de la BCE et de la Fed, le processus de désinflation se poursuit bel et bien et à un rythme plutôt soutenu ce qui permet de rester en phase avec l’ancrage des anticipations qui prévoit une inflation autour de 3 % aux États-Unis et de 4,5 % pour le Vieux Continent fin 2023 et proche de l’objectif cible de 2 % de part et d’autre de l’Atlantique en 2024. D’une certaine manière, nous pouvons même conclure que la poursuite du repli de l'inflation aura sans doute permis de limiter la baisse des grands indices boursiers qui, malgré leurs baisses, ont finalement assez bien résisté en septembre.

En réalité, c’est la forte tension sur le marché des taux qui aura le plus pesé sur les marchés financiers ce mois-ci. Celle-ci continue d’alimenter la poussée des rendements obligataires et de peser sur l’appétit pour le risque des investisseurs. En fait, cette aversion au risque a été exacerbée par les commentaires des membres du Comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale américaine (Fed). Même si l’institution a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés dans la fourchette de 5,25 % - 5,50 % lors de sa dernière réunion du 20 septembre dernier, la Fed a laissé la porte ouverte à une nouvelle hausse de 25 points de base d’ici la fin de l’année. Cette hausse des rendements obligataires préoccupe donc le marché depuis plusieurs semaines maintenant et tout particulièrement celui des actions. Les rendements à 10 ans continuent de monter en flèche ce qui, dans le manuel moderne des opérateurs boursiers, n’est pas une bonne nouvelle car la dette des entreprises augmente et les actions se trouvent en concurrence avec des placements obligataires devenus nettement plus rémunérateurs.

Pourtant, ces tensions sur les taux sont tout de même troublantes étant donné que les banques centrales en ont sans doute terminé avec leurs hausses de taux (à 0,25 % près) et que le processus de désinflation se poursuit. Or, force est de constater qu’une telle tension sur le marché des taux n’était pas arrivée depuis 2011. Le taux des emprunts d’Etat Allemand à dix ans, jugés les plus sûrs par les investisseurs, se rapproche de plus en plus du seuil des 3 %. Rappelons à toutes fins utiles qu’il n’y a rien d’anormal à voir ce taux allemand proche de 3 % et que la véritable anomalie était d’avoir vu pour la première fois de l’histoire des taux en territoire négatif ce qui était encore récemment le cas pour l’Allemagne en mars 2022. Ainsi, les taux à dix ans allemand, français italien et bien évidemment américain sont emportés dans le maelstrom qui touche le marché obligataire depuis près d’un mois et particulièrement ces deux dernières semaines et qui fait bondir les taux souverains. Le bund dix ans allemand était encore sous les 2,5 % fin août, le niveau autour duquel il évoluait depuis déjà six mois. De son côté, le taux des obligations françaises à 10 ans dépasse désormais les 3,5 %. Il a fortement bondi après la publication du projet de budget du gouvernement et dans le sillage de celui de l’Italie. L’aversion des marchés pour la dette italienne grandit à nouveau, portant le taux de ses « BTP dix ans » à près de 5 %. Mais ce seuil de 5 % pourrait également être prochainement atteint par les obligations d’Etat américaines à dix ans, un pallier inédit depuis la crise financière de 2008. Désormais, les taux d’intérêt réels (défalqués de l’inflation) sont largement positifs. A l’arrivée, le coût de la dette s’accroît pour les gouvernements de part et d’autre de l’Atlantique, tandis que les marchés, nerveux, exigent davantage de rendement pour conserver ces titres d’emprunts publics. Cette envolée des taux survient paradoxalement alors que les banques centrales ont à demi-mot indiqué qu’elles avaient à peu près achevé leur cycle de hausse de leurs taux directeurs. Cette fois, les marchés semblent entériner la nouvelle donne d’un régime d’argent cher durant une assez longue période.

Pour finir, la forte hausse du pétrole au mois de septembre (+ 9,76 % pour le brent) fait craindre que les gains de désinflation puissent s’inverser. Le prix du baril de pétrole a poursuivi et même amplifié son envolée entamée au début de l’été. Le Brent de la mer du Nord est ainsi passé de 74,9 dollars fin juin à 95,31 dollars fin septembre. Cette flambée de près de 27 % en à peine trois mois est due aux décisions habiles et opportunistes de l’OPEP+ (en particulier l’Arabie-Saoudite et dans une moindre mesure la Russie) de diminuer sensiblement sa production de brut en vue d’imposer un plancher au prix du pétrole. Cette tendance, si jamais elle devait se prolonger, pourrait à elle seule relancer (du moins ponctuellement) l’inflation d’où les craintes des investisseurs. Résultat, le Brent qui fin mai reculait de plus de 15,42 % (à 72,66 dollars) a non seulement entièrement comblé sa baisse mais progresse même de + 10,94 % depuis le début de l’année (vs 85,91 dollars en début d’année).

Au cours du mois de septembre, les principaux indices actions ont tous subi des prises de bénéfices plus ou moins marquées. L’indice japonais (Nikkei) continue d’être la bonne surprise de 2023. Que ce soit dans des marchés haussiers ou baissiers comme ce mois-ci, il fait une nouvelle fois mieux que ses concurrents avec à peine une respiration de - 2,25 % devançant de peu la zone euro qui voit son indice Euro Stoxx 50 consolider de - 2,82 %. L’indice phare tricolore (CAC 40) et le marché allemand (Dax) baissent respectivement de - 2,48 % et - 3,51 %. La surprise du mois revient aux Émergents (MSCI Emerging Markets) qui baissent de seulement - 2,81 % après avoir fortement chuté en août (- 6,36 %) en raison principalement des espoirs déçus avec la Chine. Dopée depuis plusieurs semaines à la potion magique de « l’IA » (intelligence artificielle), Wall-Street voit son indice vedette Standard & Poor’s 500 consolider plus fortement de - 4,87 % tandis que logiquement, l’indice des valeurs technologiques (Nasdaq) recule un peu plus de - 5,81 %. A l’arrivée, compte tenu du poids du marché américain, les actions internationales (MSCI World) baissent de - 4,44 %.

 

 

Drapeaux

 

Depuis le début de l’année, les indices boursiers enregistrent globalement de belles performances et ce en dépit de la consolidation généralisée du troisième trimestre. La bourse de Tokyo (Nikkei) confirme sa bonne santé avec une performance annuelle de + 22,08 % (cf. point mensuel de mai 2023 « Le Nikkei retrouve son sommet d’il y a 33 ans »). Malgré des prises de bénéfices plus importantes dernièrement, Wall Street conserve une courte avance sur l’Europe. Son indice Standard & Poor’s 500 enregistre une performance de + 11,68 % tandis que le Nasdaq (indice regroupant l’ensemble des valeurs technologiques américaines) avec une performance de + 26,30 % est le seul à faire mieux que l’indice japonais en 2023. Il poursuit sa longue remontée depuis son sommet à plus de 16 000 points fin 2021 et sa terrible contre-performance de l’année dernière (- 33 % à 10 466 points en 2022 vs - 10,9 % pour le Nikkei). L’irruption fin 2022 du thème de l’intelligence artificielle (IA) a largement soutenu la tendance haussière de la bourse outre Atlantique. Cette puissante impulsion à largement contribué aux résultats du Nasdaq et dans une moindre mesure à celle du Standard & Poor’s 500. L’arrivée en trombe de « l’IA » a remis à l’honneur les méga-capitalisations américaines de plus de 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière (Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet (maison mère de Google), Meta Platform (ex Facebook), Tesla et Nvidia) A l’arrivée, ces sept grandes entreprises américaines (les « Big Tech ») retrouvent leur statut de « valeurs refuges » dans un contexte d’incertitudes économiques. Leur poids considérable (près de 50 % Nasdaq et de 25 % du S&P 500) mais surtout leurs performances depuis le début de l’année expliquent en grande partie les performances du marché américain.
Après avoir longtemps fait du surplace depuis leur plus haut de l’année fin avril, l’ensemble des places boursières européennes consolident et subissent des prises de bénéfices. Elles conservent néanmoins une grande partie de leurs gains après un premier quadrimestre exceptionnel. L’Euro Stoxx 50 enregistre à fin septembre un gain de + 10,04 % alors que les places de Francfort et de Paris gagnent respectivement + 10,50 % et + 10,21 %. L’indice des actions internationales (MSCI World) n’est pas en reste puisqu’il progresse encore de + 9,62 %. Sans surprise, les Emergents (MSCI Emerging Markets) ferment la marche avec une contre-performance de - 0,37 %.

L'or a continué de reculer au mois de septembre avec une baisse de - 5,07 % (à 1 866,1 dollars l’once d’or vs 1 965,9 dollars fin août). Bien que les investisseurs recherchent actuellement uniquement la protection du dollar, le métal précieux préserve encore un gain de + 2,18 % depuis le début de l’année (1 826,2 dollars au 1er janvier). Dans un climat actuellement incertain, la dette américaine attire davantage les investisseurs car elle permet de profiter de la protection du dollar, traditionnelle valeur refuge avec un rendement de plus de 4,5 %. D’autres évènements (notamment en cas de tensions géopolitiques) pourraient encore se produire en 2023 et lui permettre de revenir proche des 2 000 dollars l’once. Il reste à nos yeux une solution idéale pour se protéger en cas de forte volatilité sur les marchés

Sur le marché des devises, l'euro a légèrement baissé en septembre de - 2,5 % face au billet vert à 1,0570 dollar (vs 1,0841 fin août). Depuis le début de l’année, la monnaie unique est en légère baisse face au billet vert à - 1,23 % (1,0702 dollar fin décembre).

Tab

 

La volatilité qui traduit la nervosité des marchés a dernièrement rebondi avec un « indice de la peur » (VIX pour les actions américaines) qui se situe à 17,77 fin septembre contre 14,80 fin août traduisant le fait que les investisseurs sont un peu plus en proie au doute. Pour rappel, une volatilité raisonnable se situe généralement entre 15 et 20. Au cours du mois, un léger doute s’est installé l’espace de quelques jours avec un VIX passant de 13 (son point bas) à près de 20. Actuellement autour de 19, cet indicateur est encore loin de ses niveaux de mars dernier, lorsqu’il s’était hissé à plus de 26 à la suite de l’éclatement de la crise des banques régionales américaines. Il s’agit donc davantage d’un frémissement que d’une véritable crainte même si pour certains spécialistes, cela est suffisant pour annoncer un premier coup de vent avant une période peut-être plus agitée. Cette analyse de la volatilité des marchés actions repose sur le fait que jusqu’à présent, les marchés ont plutôt bien contourné les écueils mais que les sources de préoccupation n’ont pas encore disparu.

En conclusion, les marchés actions manquent toujours de catalyseurs pour renouer avec une vraie tendance haussière et certains indices, notamment européens, n’ont toujours pas retrouvé leurs sommets (exemple le CAC 40 qui se situait à 7 577 points le 21 avril 2023). Depuis près de six mois, ils se montrent hésitants, mais néanmoins résistants. Au cours des dernières semaines, ils ont certes été contrariés par les craintes autour de la Chine (cf. point mensuel d’août « L’économie chinoise au ralenti ») et par l’envolée des cours du pétrole, mais ce sont surtout les tensions sur le marché des taux qui les ont pénalisés. Par ailleurs, les prochaines émissions d'obligations auxquelles le Trésor américain va devoir faire face (plus de 1 000 milliards de dollars) ne favorisent pas non plus un retour des marchés vers plus de sérénité en particulier tant que la question sur le plafond de la dette américaine n’a toujours pas été résolu (sursis de 45 jours jusqu’à la mi-novembre) ce qui explique en partie cette sous-performance de la « tech » et plus généralement des valeurs à valorisation élevée (comme le secteur du luxe) plus sensibles aux rendements obligataires.

 

 


Convictions d’investissement

Malgré les embûches, le bilan des neuf premiers mois de l’année reste globalement positif pour les marchés actions. Contre vents et marées, ces derniers sont parvenus à conserver une grande partie de leurs gains. Les marchés privilégient toujours le scénario d’une année 2023 sous le signe d’un net ralentissement de la croissance économique dans les pays occidentaux et d’une inflation toujours élevée. Pourtant, malgré une situation macroéconomique qui manque encore de visibilité et qui bride quelque peu l’appétit des investisseurs pour les actions, nous considérons toujours que la politique monétaire très restrictive de la Fed et de la BCE parviendra à ses fins c’est-à-dire à ramener l’inflation vers l’objectif cible de 2 %. Nous pensons également que l’environnement global va continuer de s’améliorer au fil des mois et que l’économie mondiale, malmenée par trois années post-Covid, va se redresser. Les marchés actions pourront ainsi poursuivre leur marche en avant soutenus par de solides résultats des entreprises aux troisième et quatrième trimestres.

Depuis un certain temps, nous envisageons le terme du resserrement monétaire à la fin du second semestre 2023 de part et d’autre de l’Atlantique avec toutefois une possible dernière hausse d’un quart de point (+ 0,25 %) en toute fin d’année de la part de la Fed ou de la BCE, nous y sommes. Comme le consensus, nous ne pensons pas que la Fed relèvera ses taux d’ici la fin de l’année. A ce stade du cycle de resserrement monétaire, deux stratégies s’offrent aux banques centrales afin de maintenir des conditions suffisamment restrictives pour vaincre définitivement l’inflation. Une stratégie jusqu’au-boutiste consistant à monter encore et encore leurs taux à des niveaux toujours plus élevés jusqu’à faire parvenir l’inflation à 2 % puis entamer aussitôt une brutale baisse des taux car la récession sera trop forte ; ou bien, une stratégie plus « prudente », consistant à cesser dès maintenant de monter leurs taux et à maintenir un plateau plus ou moins longtemps, autrement dit « se donner du temps », c’est-à-dire s’assurer que le niveau actuel des taux directeurs est suffisant pour voir l’inflation reculer sans nuire gravement à la dynamique de croissance. C’est cette seconde approche qui semble validée par le marché car cette hausse des taux d’une rapidité sans précédent pèse déjà sur les investissements des entreprises et a entraîné une crise généralisée des marchés immobiliers. De plus, la consommation des ménages commence à flancher, ce qui devrait favoriser le reflux de l’inflation. Par ailleurs, nous savons que les délais de transmission de la politique monétaire à l’économie réelle seront longs (sans doute autour de 18 mois) or, faire preuve d’impatience en continuant de monter les taux ne ferait qu’empirer une situation économique déjà clairement dégradée. Sauf accident, un retour à une inflation normalisée entre 2 % et 2,5 % est envisageable en 2024.

Concernant le moment où les banques centrales pourraient commencer à baisser leurs taux, il est préférable de faire preuve de patience et d’humilité. Début septembre, les marchés nous disaient que la Fed pourrait baisser ses taux dans huit mois. Un mois plus tard c’est-à-dire fin septembre, ces mêmes marchés étaient passés à douze mois. Dès lors, considérons qu’un tel niveau d’inflation ne s’était plus produit depuis près de quarante ans et que par conséquent, il est prématuré voire hasardeux de se risquer à une prévision à moins de vouloir donner raison à John Kenneth Galbraith qui disait avec ironie que « Dieu avait créé les prévisionnistes afin de rendre les astrologues plus respectables ». Donc, après une pause plus ou moins longue, une baisse des taux directeurs des banques centrales devrait intervenir en 2024 afin de soutenir à nouveau la croissance ce qui in fine, apportera du carburant aux marchés actions. La Fed prévoit deux fois moins de baisses de taux en 2024, ce qui signifie que les taux directeurs pourraient baisser de seulement cinquante points de base l’année prochaine (vs cent points de base de baisse envisagés précédemment). Nous trouvons que le marché accorde une trop grande importance à ce qui n’est finalement qu’une prévision des membres de la Fed concernant le niveau des taux à venir. Les prévisions des taux directeurs futurs, à savoir 5,1 % à fin 2024 et 3,9 % à fin 2025, correspondent effectivement à leur estimation. Celles-ci ne constituent pas un engagement ferme et peuvent être révisées en fonction de l’évolution des conditions économiques. Jerome Powell a d’ailleurs particulièrement insisté sur l’extraordinaire degré d’incertitude qui entoure les prévisions de la Fed. Finalement, la robustesse de l’économie américaine est la principale variable expliquant le relèvement des prévisions de taux directeurs de la Fed pour 2024-2025.

Evidemment, de nouvelles turbulences peuvent à tout moment venir peser plus ou moins en intensité sur les actifs risqués (marchés actions comme marchés obligataires) mais sans pour autant faire planer le risque d’une récession profonde ou durable pour les économies développées l’année prochaine. Le sentiment de marché reste fragile malgré le fait que les marchés intègrent déjà les prévisions de taux directeurs plus élevés pour les années à venir et que le risque de récession aux États-Unis s’éloigne (résistance de l’économie). Dans ce contexte, nous estimons que tout indicateur économique signalant une décélération de la croissance aux États-Unis constituerait une bonne nouvelle pour les marchés financiers selon leur nouveau mantra « bad news is good news » c’est-à-dire « les mauvaises nouvelles sont aussi de bonnes nouvelles ».

La question soulevée le mois dernier de savoir si la baisse des indices boursiers est temporaire ou s’il s'agit du début d'un retournement des marchés est plus que jamais d’actualité. Nous penchons toujours en faveur du premier scenario. D’une part, nous notons que la Chine semble de plus en plus « déconnectée » des économies développées. La crise qu’elle traverse dans le secteur de l’immobilier n’est jusqu’ici pas parvenue à contaminer les indices boursiers des pays développés. D’autre part, les perspectives de croissance dans les pays développés restent globalement inchangées. En Europe, les récentes prévisions macroéconomiques évoquent tout juste une décélération de la croissance tandis que l’inflation continue de ralentir. Certes les économistes de la Commission européenne viennent de réviser légèrement à la baisse leurs estimations de croissance pour la zone euro à 0,8 % cette année au lieu de 1,1 % et 1,4 % en 2024 au lieu de 1,7 %, mais il ne s’agit que de prévisions principalement liées au fait que l’Allemagne devrait subir une contraction plus ou moins longue de son PIB cette année. Or, nous savons que la moindre amélioration du contexte macro-économique, notamment en provenance de Chine son principal partenaire commercial, suffirait à ce que la première économie de la zone euro échappe à une récession trop longue.

Outre Atlantique, les dernières données publiées suggèrent que la consommation est restée forte aux États-Unis au troisième trimestre. Fidèles à notre position, nous continuons de privilégier le scenario d’un « atterrissage en douceur » (soft landing) de l’économie américaine c’est-à-dire que la Fed parviendra à faire refluer l’inflation sans casser la dynamique de croissance économique. Nous notons au passage que le consensus semble lui aussi écarter progressivement cette hypothèse ce qui continue de pousser les rendements obligataires à la hausse. A ce stade toutefois, il convient comme toujours de rester prudent car une légère récession aux États-Unis, qui s’accompagnerait d'une poursuite de la désinflation reste un scenario crédible. Après le repli des indices actions durant l’été, nous estimons que l’environnement de marché reste favorable aux actions, d’autant plus que la valorisation des actions est revenue à des niveaux plus raisonnables.

Pour conclure, nous conservons une opinion positive sur les actions pour la suite de l’année, tout en en conservant une certaine vigilance et en maintenant une approche graduelle et sélective. Nous restons convaincus que les actions seront la classe d’actifs qui enregistrera la meilleure performance en 2023 grâce aux programmes de rachats d’actions des entreprises qui constituent un solide soutien pour la bourse, mais avant tout, en raison de la progression des prévisions de bénéfices des entreprises et des niveaux robustes de dividendes versés aux actionnaires. Nous pensons que les indices européens et américains pourraient rebondir au cours des prochaines semaines malgré les incertitudes actuelles (inflation, tensions sur le marché obligataire, ralentissement de l’économie, crise des banques régionales américaines, durcissement des conditions de crédit, tensions sino-américaines, guerre en Ukraine etc.). A l’arrivée, nous avons décidé de maintenir notre portefeuille inchangé ce mois-ci. Ses dernières performances nous confortent dans l’idée qu’il est bien équilibré dans son allocation que ce soit sur le plan géographique, sectoriel ou par rapport aux différents styles de gestion présents. Pour les prochaines semaines, nous pensons que les valeurs décotées feront mieux que les valeurs de croissance, avec en Europe une préférence pour les valeurs défensives à fort rendement dans les secteurs de l’énergie, de la santé, des télécoms ou des services aux collectivités sans oublier celui des banques.

 

 


Pour la seconde fois de l’été, la Fed fait une pause


L’écrasante majorité des investisseurs sur le marché obligataire en était convaincue, la banque centrale américaine n’a pas relevé ses taux directeurs à l’issue de la réunion de son comité monétaire du 20 septembre. Jerome Powell (le président de la Fed) a toutefois déjà laissé entendre qu’il laissait la porte ouverte à une nouvelle hausse de taux en novembre ou en décembre. Une façon de signaler que le combat contre l’inflation n’est pas terminé. Pause dans le resserrement monétaire ne signifie pas pour autant relâchement. La Fed attend que les effets restrictifs de sa politique engagée depuis mars 2022 se diffusent dans tous les circuits du crédit.
Après onze majorations du taux auquel les banques se prêtent des liquidités à très court terme, la Fed juge que l’attentisme perpétue à lui seul le durcissement de sa politique monétaire. Celle-ci déjà très restrictive exerce déjà une pression sur l’activité économique, l’embauche et l’inflation.
Pour le consommateur ou l’entreprise américaine moyenne, le renchérissement du coût du crédit est flagrant. Le taux moyen des avances consenties par les sociétés de carte de crédit est désormais de plus de 20 %. Les taux des prêts pour l’achat d’automobiles sont au plus haut depuis plus de quinze ans, à plus de 7 %. Le taux du crédit hypothécaire à 15 ans est passé de 2,3 % en janvier 2022 à 6,5 % aujourd’hui. Quant à l’Oncle Sam, il emprunte à 3 mois pour financer son déficit budgétaire à plus de 5,4 %, contre 0,5 % il y a moins d’un an. Une telle envolée du coût du crédit ne peut rester sans effet important sur l’activité et donc, in fine, sur l’inflation.
L’épuisement des surplus d’épargne accumulés pendant la crise du Covid, ainsi que la fin des aides directes aux contribuables distribuées alors, handicapent la consommation, principal moteur de l’économie américaine. Les grandes chaînes de distribution constatent que leurs clients sont très prudents et toujours traumatisés par l’inflation. De grands noms comme Home Depot, Target et Macy’s ont encore rendu compte de reculs marqués de leurs ventes au second trimestre. L’activité manufacturière vient d’enregistrer son dixième mois de contraction consécutif. Pour autant, la récession prédite maintes fois depuis plus d’un an ne s’est pas manifestée. Dans ses prévisions publiées mardi, l’OCDE table sur une croissance du PIB américain de 2,2 % cette année, qui ralentirait à 1,3 % en 2024.
La vigueur de la demande de services, notamment le tourisme et les loisirs, continue de surprendre. Grâce à elle, l’économie américaine semble en passe d’afficher un taux de croissance proche de 3 % en rythme annuel au troisième trimestre. Et ce n’est pas une coïncidence si la plus forte résilience de l’inflation se trouve dans les services. Les services sont plus directement affectés par la pénurie de main-d’œuvre et les hausses de salaires qui en découlent. Un rééquilibrage, bien plus lent que prévu, de l’offre et de la demande de travail semble toutefois engagé. La modération des créations nettes d’emplois depuis trois mois en témoigne tout comme la baisse du nombre d’offres d’emploi non pourvues et le recul des départs volontaires (il reste toujours 1,5 offre d’emploi par chômeur). Des progrès supplémentaires sur ces points sont essentiels pour un retour à la stabilité des prix. L’apaisement des tensions sur le marché du travail aide à compenser la déception de la remontée à 0,3 % de l’inflation sous-jacente en août, c’est-à-dire de la hausse des prix hors énergie et produits alimentaires. Toutes catégories confondues, l’indice des prix à la consommation a bondi de 0,6 % en août, portant l’inflation sur douze mois à 3,7%. Le pic de 9,1 % en juin 2022 paraît loin, mais un retour souhaité par la Fed à 2 % semble improbable en 2024.

Plusieurs raisons plaident pour une pause de la Fed. Certaines relèvent de circonstances politiques et sociales nationales. La première est l’invalidation par la Cour suprême du programme de la Maison-Blanche visant à effacer 430 milliards de dollars de dettes estudiantines. La décision se traduit par une reprise en octobre de l’obligation, pour 43 millions d’Américains, de payer les échéances, ce qui amputera leur pouvoir d’achat.
Par ailleurs, le puissant mouvement de grève chez General Motors, Ford et Stellantis pourrait durer des semaines et peser sur la conjoncture en fragilisant une partie de la filière automobile. Une paralysie d’un tiers de la production automobile rognerait le PIB américain de 0,7 %. À cela s’ajoute le durcissement des conditions d’octroi de prêts par les banques depuis la faillite de Silicon Valley Bank.
Enfin, au Congrès, une énième impasse politique risque de forcer le gel de certaines dépenses publiques, voire de provoquer la suspension du fonctionnement normal du gouvernement fédéral, le fameux « shutdown ». Tout cela n’est guère porteur pour l’activité. S’ajoutent à ces raisons des considérations internationales : les signes de ralentissement de l’activité en Europe et en Chine sont sur l’écran radar de Jerome Powell, qui ne souhaite pas (pour le moment) appuyer encore plus fort sur la pédale de frein de l’économie américaine.

 

A suivre dans les prochaines semaines :

  • Réunions des banques centrales le 26 octobre pour la BCE Fed et le 1er novembre pour la Fed
  • Début de la saison de publications des résultats des entreprises au 3ème trimestre
  • Risque de « shutdown » de l’administration fédérale américaine
  • Indicateurs macro-économiques : inflation, emploi, confiance des ménages, investissements etc.
  • Évolution de la situation en Chine : annonces possibles de mesures de relance budgétaires ou monétaires
  • Géopolitique : évolution de la guerre en Ukraine, tensions entre la Chine et les États-Unis
  • Évolution du cours du pétrole

 

 

Rédacteurs : Nicolas DUPLANTIER - L’illustration graphique présentée ne constitue pas une prévision de la performance future de vos investissements. Elle a seulement pour but d’illustrer les mécanismes de votre investissement sur la durée de placement. L’évolution de la valeur de votre investissement pourra s’écarter de ce qui est affiché, à la hausse comme à la baisse. En poursuivant votre navigation, vous reconnaissez avoir pris connaissance de cet avertissement, l’avoir compris et en accepter le contenu. Les informations et analyses diffusées par Parlons Patrimoine ne constituent qu’une aide à la décision pour les investisseurs. La responsabilité de la caisse régionale Crédit Agricole Pyrénées Gascogne ne peut être retenue directement ou indirectement suite à l’utilisation des informations et analyses par les lecteurs. Il est recommandé à toute personne non avertie de consulter un conseiller professionnel avant tout investissement. Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter.
Les investissements présentés ici sont dynamiques et présentent un risque de perte en capital
L'adaptation de nos propositions au profil d'investissement de chaque client suit 4 règles principales :

  • Cantonnement : définition d'un pourcentage du patrimoine financier soumis au risque, avec un conseil et un suivi global sur la totalité des contrats intégrant ce risque (PEA, CTO et UC d'assurance-vie)
  • Diversification : géographique, thématique, devise, différentes stratégies et sociétés de gestion, ne pas empiler du risque par des actifs identiques : lignes différentes entre PEA, CTO et UC d'assurance-vie 
  • Volatilité/Gestion du risque : risque global (volatilité) relativement faible (par rapport au cac40 ou aux actions en direct par exemple), complémentarité des lignes dans le but de construire un portefeuille équilibré
  • Communication/suivi : mail et article mensuel sur www.ca-pg.fr
     
Liste de liens thématiques naviguez avec la touche navigation lien #Décryptage #Article