Les défaillances d’entreprises repartent à la hausse. Au premier trimestre 2022, leur nombre a augmenté de près de 35% par rapport au premier trimestre 2021, selon le dernier rapport d’Altares, spécialiste des données des entreprises. Cela représente un total d’un peu moins de 10 000 procédures collectives sur la période.
Si le niveau actuel des défaillances se rapproche de celui constaté juste avant la crise sanitaire (10 900 procédures au premier trimestre 2020), il reste nettement inférieur à celui des années 2018 et 2019, qui avoisinaient les 14 000 défauts trimestriels.
RETOUR DE BALANCIER
« Cette reprise n’est pas une déferlante, mais plutôt un dur retour à la réalité », analyse Thierry Millon, le directeur des études d’Altares. Durant la longue période de la Covid, plus de 46 000 entreprises avaient été sauvées de la défaillance, grâce au fameux « quoi qu’il en coûte » gouvernemental. Mesure de soutien phare, le Plan garanti par l’État (PGE) délivré par les banques avait permis de sécuriser la trésorerie de nombreuses entreprises. « Avec la fin des aides, on assiste à une reprise des procédures collectives qui marque le retour à une forme de normalité », observe l’expert.
Comme c’est souvent le cas, les premières victimes de cette hausse de la sinistralité sont les petites entreprises : 94% des établissements en cessation de paiement sont des TPE. La moitié des dossiers porte sur des établissements de moins de 5 ans. En comparaison, les PME de 50 salariés et plus résistent bien, avec des taux de défaillances quasi-stables.
LA VIGILANCE S’IMPOSE
Compte tenu du contexte économique actuel, fortement soumis aux tensions internationales, la trajectoire à la hausse des défaillances d’entreprises devrait se poursuivre. « Alors qu’en début d’année, les niveaux de trésorerie et les carnets de commande bien remplis laissaient présager une poursuite de la reprise économique, l’horizon s’assombrit depuis l’invasion russe en Ukraine », fait remarquer Thierry Millon.
La flambée des prix de l’énergie, les difficultés d’approvisionnement, la pénurie de matériaux, l’inflation qui s’emballe sont autant de signaux qui incitent à la prudence. Mais « les entreprises disposent encore de liquidités », rappelle le directeur des études d’Altares, ce qui ne préjuge pas à ce stade d’une détérioration de la situation.