Chose surprenante, alors que la crise du Covid-19 a provoqué une chute d’activité historique au second trimestre, les défaillances d’entreprises, enregistrées sur les 6 premiers mois de l’année, sont au plus bas, selon la dernière étude du cabinet Altares sur les défaillances.
« Ce premier semestre 2020 restera dans les annales de l’accompagnement de l’entreprise en difficulté, note Thierry Millon, directeur des études chez Altares. Moins de 17 000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure collective à mi-année. Il faut remonter à plus de 30 ans pour trouver un nombre aussi faible. »
UN RECUL TRÈS RELATIF
Derrière ces chiffres historiquement bas, la situation est pourtant loin d’être rassurante. De nombreuses entreprises sont à court de trésorerie, ce qui accroît leur vulnérabilité. En prime, les défaillances d’entreprises de plus de 50 salariés sont en forte hausse, ce qui menace de nombreux emplois.
« En réalité, c’est l’aménagement des textes règlementaires qui a permis cette étonnante résistance des entreprises, relativise Thierry Millon. Sans cette adaptation du droit et l’aide des pouvoirs publics, des dizaines de milliers d’entreprises seraient tombées dès ce deuxième trimestre, beaucoup disposant de moins de trente jours de liquidité pour faire face aux dépenses immédiates. »
De fait, sur la période avril-mai-juin, 5 766 procédures collectives seulement ont été engagées, soit une baisse de 53% comparée à la même période de l’an passé. Grâce au chômage partiel, aux reports de charges et aux prêts accordés par les banques avec la garantie de l’état (PGE), 10 000 entreprises ont pu échapper à la défaillance comparé à l’an passé.
DES EMPLOIS MENACÉS
Ce recul apparent ne doit pas faire oublier la situation inquiétante des entreprises de plus de 50 salariés dont le niveau de défaillances s’est accru de plus de 15% sur les 6 premiers mois de l’année. Une hausse qui pourrait avoir de lourdes conséquences en matière d’emploi. Alors même que le nombre de défaillances a été divisé par deux par rapport à l’année précédente « le nombre d’emplois menacés grimpe quant à lui à 43 400, soit 2 400 de plus comparé à l’an passé », souligne Altares. Soit un ratio moyen d’emplois menacés qui fait plus que doubler, pour passer de 3,3 à 7,5 par dossier de défaillance.
© Thibault Bertrand – Uni-Médias - Septembre 2020
Article à caractère informatif et publicitaire.