Ce n'est pas une réformette, mais un véritable changement en profondeur que prônent les auteurs du rapport « Les enfants à table » de Terra Nova. Il s'agit de permettre aux collectivités locales de revoir le modèle de restauration scolaire pour la santé des enfants, mais aussi pour promouvoir une alimentation plus durable et diminuer l'empreinte environnementale des menus sans pour autant augmenter les coûts des repas.
SERVICE D'APPUI AUX COMMUNES
Pour Terra Nova, l'objectif consiste à favoriser l'approvisionnement des cantines en produits locaux et de saison, le moins transformés possible. Et bien sûr proposer majoritairement des aliments issus de l'agriculture biologique. La loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire (Égalim) de 2018 a fixé un chemin en la matière en donnant des objectifs précis à la restauration collective : servir 50% de produits de qualité (dont 20% de bio), limiter le gaspillage alimentaire, introduire un menu végétarien par semaine, diversifier les sources de protéines et supprimer le plastique. Mais cette réglementation suscite des inquiétudes dans certaines communes qui craignent une augmentation des coûts et des difficultés de gestion et d'organisation. Pour aider les collectivités locales, le rapport de Terra Nova livre 18 propositions précises. Les auteurs suggèrent en particulier la création d'un service d'appui aux collectivités locales pour le pilotage de la transition alimentaire des cantines. Les réseaux des chambres d’agriculture et de la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB), apportent déjà une expertise sur les filières et peuvent poursuivre cette action. Mais le rapport estime qu'il serait plus efficace que les départements puissent héberger un service commun d'appui aux compétences « sous la forme d'un guichet d'information, de conseil et d'orientation destiné aux décideurs locaux ». Et, estiment les auteurs, il faudrait aussi modifier le code des marchés publics afin de permettre aux collectivités de conclure des marchés de gré à gré avec de petits producteurs qui ne répondent généralement pas aux marchés publics, pour environ 30% des produits. Il s'agirait d'une « exception alimentaire » au code des marchés.
ACCÈS FACILITÉ À DES AIDES FINANCIÈRES
Autre recommandation importante : favoriser les accès aux financements pour les collectivités. Il existe en effet des aides financières (des ministères, des conseils régionaux ou des fonds européens) pour la mise en place de plans alimentaires territoriaux (PAT). Mais ces financements fonctionnent toujours par appels à projets et, comme le souligne les auteurs, répondre à ces appels nécessite des compétences que les collectivités locales n'ont pas toujours. Les collectivités doivent être donc mieux accompagnées dans la recherche de financements, notamment pour les fonds européens. Les auteurs proposent également la mise en place d'une aide financière pour les communes s'engageant dans la transition alimentaire. Selon les auteurs, une enveloppe de 300 millions d'euros par an durant trois ans permettrait la mise en œuvre des objectifs de la loi Égalim. Ils suggèrent en outre de solliciter le programme de l'Union Européenne « lait et fruits à l'école » dont les financements sont sous-utilisés.
Pour en savoir plus
"Les enfants à table" Accélérer la transition alimentaire dans les cantines scolaires par Élyne Étienne et Alizée Ostrowski (Terra Nova), 13 janvier 2020
© Philippe Houdart – Uni-Médias – Février 2020
Article à caractère informatif et publicitaire.