Les sénateurs alertent sur les difficultés de La Poste. Dans un rapport de la commission des affaires économiques, ils indiquent que l’organisme risque de ne pas pourvoir poursuivre la totalité de ses missions de services publics, à moins que l’État ne vienne compenser les pertes prévues. Avec la crise sanitaire, la chute du courrier s’est en effet accélérée, aggravant les difficultés de La Poste. Premier menacé : le service universel postal. Il s’agit de l’obligation de fournir des services de qualité de collecte et de distribution du courrier et des colis, sur l’ensemble du territoire, de façon permanente et à des prix abordables par tous. Si jusqu’en 2017, l’équilibre financier du compte du service universel postal était assuré, il n’en est plus de même aujourd’hui. Estimé à 1,3 milliard d’euros pour 2020, le déficit pourrait varier de 700 millions d’euros à 2,4 milliards d’euros en 2025 selon les cas de figure.
Dans ces conditions, le Sénat redoute que, sans compensation rapide de l’État dès cette année, La Poste ne soit contrainte de réduire les services rendus aux usagers. Au-delà du courrier, l’établissement postal compte d’autres missions de service public pour lesquels le Sénat estime également indispensable de préserver, voire d’accroître les compensations. Parmi celles-ci, citons celle qui concerne au premier chef les élus : la contribution à l’aménagement du territoire. Il s’agit pour La Poste de l’obligation de maintenir un réseau de 17 000 « points de contact » sur tout le territoire. C’est un aspect majeur pour les maires des petites communes, La Poste étant parfois le dernier service public présent dans un village.
DÉTECTER LA PRÉCARITÉ NUMÉRIQUE
Au-delà du constat, le rapport s’attache à proposer des solutions. Il estime ainsi que La Poste pourrait contribuer à détecter la précarité numérique à domicile, sorte de « 5ème mission de service public ». Les sénateurs évaluent à 13 millions, le nombre de personnes ne maîtrisant pas les outils numériques en France. Selon le rapport, les facteurs pourraient devenir des « détecteurs » à domicile de la précarité numérique. Cette mission permettrait ensuite d’envisager des formations ou des aides spécifiques pour ces personnes.
Autre nouvelle mission possible pour les facteurs, le repérage de la « galère administrative ». Près de trois français sur cinq se disent actuellement incapables de réaliser des démarches administratives notamment en ligne. Or, l’objectif du gouvernement est de dématérialiser à 100% les 250 démarches administratives les plus utilisées d’ici mai 2022.
Dans le même ordre d’idées, les facteurs pourraient également devenir des « détecteurs » de la perte d’autonomie des personnes âgées.
Pour en savoir plus :
Rapport d'information du Sénat sur l’avenir des missions de service public de La Poste, publié le 31 mars 2021