La politique menée depuis des décennies en faveur d’un aménagement du territoire n’a pas permis de réduire la fracture territoriale et le sentiment d’abandon des territoires ruraux. C’est ce que rappelle la mission « flash » conduite par deux parlementaires membres de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation, Thibault Bazin et Jean-Claude Leclabart. Cette mission constate au contraire que les déséquilibres se sont aggravés, en particulier depuis la crise de 2007/2008. Ses 14 propositions ont pour objectif de poser un meilleur diagnostic et d’améliorer les dispositifs actuels de soutien aux territoires ruraux.
DIAGNOSTIC
La mission propose tout d’abord de mieux identifier les territoires en souffrance. Elle suggère pour cela la mise en place d’un tableau de bord d’indicateurs synthétiques et la révision des définitions classiques de l’urbain et du rural. Elle s’appuie notamment sur une typologie établie par le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) qui distingue trois grandes catégories de territoires ruraux : les campagnes densifiées et diffuses, les campagnes agricoles et industrielles (environ 10 500 communes) et les campagnes vieillies à très faible densité (environ 13 000 communes). Cet ensemble rural regroupe ainsi environ 27 millions d’habitants sur plus de 90% du territoire.
REPENSER LE PÉRIMÈTRE DES DISPOSITIFS DE SOUTIEN
Seconde étape indispensable pour la délégation : revoir la cohérence des dispositifs de soutien aux territoires ruraux. Les parlementaires ne croient pas à un effet d’entraînement des métropoles sur les territoires ruraux. Et jugent nécessaire de repenser la doctrine globale d’aménagement du territoire de l’État. Ce dernier devrait notamment jouer un rôle de régulateur capable de flécher les investissements et de veiller à l’équité des territoires. La mission souhaite également renforcer le rôle moteur de l’État dans le cadre d’une politique de réindustrialisation ambitieuse, mais par le développement de projets qui dépasseraient les frontières administratives. Il faudrait en effet, selon elle, raisonner à l’échelle du bassin de vie et le cas échéant ne pas hésiter à adapter la carte intercommunale aux réalités locales. De même il serait nécessaire de favoriser l’adéquation entre la formation et les emplois dans les territoires (en facilitant, par exemple, le logement et la mobilité des apprentis).
DES INFRASTRUCTURES PLUS PERFORMANTES
La mission estime enfin indispensable l’amélioration des infrastructures et tout particulièrement la desserte ferroviaire. La politique du tout TGV se serait en effet souvent effectuée au détriment de la régénération du réseau existant. Elle suggère ainsi de renoncer à une « France ferroviaire à deux vitesses » en veillant à la priorisation des lignes ferroviaires secondaires dans le cadre du schéma national d’infrastructures de transport.
Le renforcement du déploiement du très haut débit est également perçu comme une clef fondamentale pour un rééquilibrage entre territoires. Les nouvelles technologies de l’information offriraient en effet des potentialités de développement importantes pour les territoires ruraux. La mission propose notamment de prolonger la stratégie de développement du télétravail et le développement d’espaces de travail en commun (coworking).
Pour en savoir plus
Mission "flash" sur l'équilibre entre les territoires urbains et ruraux
© Philippe Houdart – Uni-Médias – mai 2019
Article à caractère informatif et publicitaire.