Après s'être imposé auprès des consommateurs et dans les rayons de la grande distribution – 92% des Français consomment désormais des produits issus de l’agriculture biologique1–, le bio est en passe de faire de même dans les fermes : aujourd’hui, l’agriculture biologique en France, c’est plus de 47 000 producteurs, soit 10% des exploitations recensées dans l’Hexagone. En d’autres termes, 8,5% de la surface agricole utile française est désormais cultivée sans pesticides de synthèse et sans OGM, ce qui représente 2,3 millions d’hectares (contre 1,1 million en 2014)2.
D’un point de vue strictement économique, l’agriculture biologique en France, c’est 12 milliards € de chiffre d'affaires3. Soit une augmentation de 13,5% par rapport à 20184.
Vous aimerez aussi : Circuits courts, ou comment consommer responsable et local
AGRICULTURE BIOLOGIQUE : DÉFINITION
De plus en plus prisée par les consommateurs et les agriculteurs (les taux de conversion ont atteint des records en 2019 avec + 13% de nouveaux producteurs bio5), l’agriculture biologique est définie par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) comme un système de gestion agricole et de production alimentaire alliant les meilleures pratiques environnementales, un haut degré de biodiversité, la préservation des ressources naturelles, l’application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production recourant à des substances et des produits naturels.
QUELS SONT LES PRODUITS QUI PEUVENT ÊTRE BIOLOGIQUES ?
Selon la DGCCRF, seuls peuvent être issus du mode de production biologique :
- Les produits agricoles non transformés comme, par exemple, les céréales, les légumes, les fruits, les fleurs d’ornement, le coton, le lait, les œufs ou les animaux ;
- Les produits agricoles transformés destinés à l’alimentation humaine, tels les fromages, le pain ou les plats cuisinés ;
- Les aliments destinés aux animaux ;
- Les semences et matériels de reproduction végétative.
QUELS SONT LES LABELS DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?
Pour permettre aux consommateurs d’identifier un produit issu de l’agriculture biologique, deux labels officiels existent :
- le logo AB, le label français créé par le ministère de l’agriculture qui atteste qu'un produit contient au moins 95 % d'ingrédients agricoles certifiés bio
- et le logo Eurofeuille. Il caractérise les produits respectant le cahier des charges de l’agriculture biologique édité par l’union Européenne. Spécificité du logo Eurofeuille, il doit être accompagné d’une mention précisant l’origine des matières premières ainsi que du numéro de l’organisme certificateur. Ce numéro est composé ainsi : code international du pays de production du produit + BIO + numéro de l’organisme certificateur. Par exemple, pour un produit fabriqué en France et certifié par l’Association Française de Normalisation (Afnor) : FR-BIO-21.
POURQUOI FAIRE DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?
L’un des principes clés de l’agriculture biologique, qui n’utilise ni pesticides, ni OGM, consiste à nourrir le sol pour nourrir la plante. Pour ce faire, elle utilise des engrais verts et privilégie les effluents d’élevage (fumiers et lisiers...) lors des épandages.
Or, selon l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique (ITAB)6, les sols conduits en agriculture biologique ont non seulement des teneurs en matières organiques élevées, mais également une activité biologique plus développée. Les organismes vivants du sol – comme les vers de terre, les champignons, les insectes de surface, etc. – sont plus nombreux, diversifiés, avec une activité biologique plus intense.
Une richesse en matière organique qui améliore les caractéristiques physiques des sols : stabilité structurale accrue, meilleure porosité, capacités de rétention en eau plus élevées, plus grande résistance à la sécheresse...
De plus, la non-utilisation de pesticides chimiques préserve la flore et la faune aquatiques. Et donc la qualité des eaux.
Enfin, l’agriculture biologique, de par ses pratiques culturales, permet de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique en limitant les rejets polluants et en stockant davantage de CO2 dans le sol.
AGRICULTURE BIOLOGIQUE ET ÉLEVAGE BIO
Parce qu’elle est un mode de production et de transformation respectueux de l’environnement, du bien-être animal et de la biodiversité, l’agriculture biologique implique que des mesures spécifiques soient prises dans le cadre de l'élevage bio. Parmi elles, l’interdiction de l’élevage hors-sol, des traitements hormonaux, du clonage, du transfert d’embryon et du gavage.
L’agriculture biologique impose également que la densité des cheptels et la taille des bâtiments qui les accueillent soient limitées. Par ailleurs, tous les animaux doivent avoir accès aux parcours extérieurs et les ruminants doivent pouvoir pâturer dès que les conditions le permettent.
Chaque animal doit disposer d’un espace bien aéré, de lumière et d’une surface minimum, paillée à l’intérieur des bâtiments, lui permettant de se mouvoir librement.
Concernant la nourriture des animaux, elle doit être obtenue suivant les règles de l'agriculture biologique, sans produits chimiques de synthèse (exhausteurs de goût, colorants, arômes chimiques) et sans OGM. L’utilisation d’additifs est très fortement limitée.
COMMENT SE CONVERTIR À L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?
Le passage à l’agriculture biologique ne se fait pas du jour lendemain. Parce qu’il modifiera profondément votre façon de travailler, votre stratégie de commercialisation, vos investissements ou encore vos revenus, un projet de conversion à l'agriculture biologique nécessitera un certain temps de maturation.
D’où l’importance, avant de vous lancer, de vous informer auprès de votre Chambre d’Agriculture (la plupart organisent des sessions de formation), de visiter des exploitations et de rencontrer des producteurs ayant déjà franchi le pas.
Dans chaque département, il existe des structures qui pourront également vous apporter des conseils : centre d'études techniques agricoles (CETA), réseaux de producteur bio...
Notez que la réalisation d’une étude économique sera nécessaire afin de bien visualiser les besoins en trésorerie que nécessitent les premières années de votre conversion.
Enfin, sachez qu’une une fois votre conversion enclenchée, vous devrez notifier votre nouvelle activité à l’Agence BIO qui tient à jour un annuaire des professionnels du bio destiné essentiellement aux organismes et autorités de contrôle. Par la suite, vous devrez passer un contrat avec un organisme certificateur agréé par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) qui contrôlera votre activité.
À lire également :
QUELLES SONT LES AIDES POUR SE CONVERTIR À L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?
Le dispositif des aides spécifiques à la conversion à l'agriculture biologique est essentiellement constitué de :
Les collectivités territoriales (régions et départements) ont mis en place des aides complémentaires : aides à la certification, à l’installation, aux investissements…
En outre, notez que d’autres dispositifs, intégrés aux Mesures Agro Environnementales (MAEC) concernent l’agriculture biologique. L’agence des services de paiement (ASP) assume la mission d’organisme payeur.