Un tiers de taxes américaines : telle est la composante majeure du millésime 2020 pour les exportations de vins et spiritueux. Avec une perte sèche de 670 millions d’euros, comparativement à 2019, les États-Unis représentent en effet à eux seuls le tiers des 2 milliards d’euros volatilisés en 2020 sur les marchés extérieurs, une chute équivalente à celle enregistrée lors de la crise financière de 2008, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). La perte de marché enregistrée aux Etats-Unis est en grande partie liée à l’instauration, depuis le mois d’octobre 2019, de droits de douane additionnels de 25% sur les vins tranquilles français, exportés en contenant inférieur ou égal à 2 litres et ayant un degré d’alcool inférieur ou égal à 14 %, sur fond de conflit commercial dans le secteur aéronautique.
Mais les taxes n’expliquent pas tout. Car si les ventes de vins ont reculé de 23,4% en valeur, celles de spiritueux ont de leur côté baissé de 12,7%, soulignant l’interférence d’un autre paramètre qu’est la crise sanitaire. Aux États-Unis, les ventes de spiritueux ont l’ascendant sur celles de vin, dans un rapport 54%/46%. Les États-Unis représentent à eux seuls 25,3% du solde commercial de la filière, devant le Royaume-Uni (10,8%), l’Allemagne et la Chine, ex-aequo avec 6,7%. Ces quatre nations pèsent ainsi près de 50% des exportations totales et toutes les quatre ont régressé en 2020.
LE BILAN DES VINS
Les exportations de vins ont généré un chiffre d’affaires de 8,2 milliards d’euros en 2020, enregistrant une baisse de 11,3% par rapport à 2019. Selon la FEVS, les États-Unis ont maintenu leurs exportations de vins à un niveau constant, ce qui fait dire à la fédération que le recul des vins français est directement imputable aux taxes. Avec cet épisode, qui non seulement a toujours cours mais qui s’est aggravé avec l’instauration de nouvelles taxes entrées en vigueur le 12 janvier dernier et touchant cette fois les contenants de plus de 2 litres et les vins de plus de 14°, la FEVS estime que la France a abandonné 22% de part de marché, « qui seront particulièrement difficiles à récupérer sur un marché aussi concurrentiel que celui des États-Unis ».
Avec une part de 17,1% mais une baisse de 23,4%, les États-Unis demeurent la première place forte des vins français à l’étranger, devant le Royaume-Uni (13,4%, -7,3%), l’Allemagne (8,3%, -7,9%), la Belgique (6,5%, 1,4%), le Japon (5,9%, -12,1%), Hong-Kong (5,1%, -0,4%).
En ce qui concerne les AOP, le Champagne (29,8%, -20,5%) devance les Bordeaux (21,7%, -13,9%), les Bourgogne (12%, -0,4%), la Vallée du Rhône (5,2%, -6,7%) et la Provence (3,5%, +0,7%).
Les IGP, qui représentent 10% des exportations, sont en baisse de 4,3%. Ils sont représentés à 65% par les Pays d’Oc, en baisse de 6,3%.
Les Vins sans IG avec mention de cépage pèsent pour 2,5% des exportations, en hausse de 3% quand les VSIG sans cépage baissent de 8,3%, pesant pour 1,7% du total.
LE BILAN DES SPIRITUEUX
Les exportations de spiritueux se sont élevées à 3,75 milliards d’euros, en baisse de 19,4%. Le Cognac, qui représente à lui seul 74,7% de la catégorie, accuse une baisse de 21,4%. Dans le palmarès des ventes suivent la vodka (7,6%, -23,1%), les liqueurs (6,2%, -9,1%), les autres eaux-de-vie de vin (4,5%, -25,8%). Avec une part de 0,4%, l’Armagnac affiche une hausse de 39,6% tandis que la Calvados (0,3%) régresse de 4,4%.
Avec une part de 33,4% (-1,8%), les États-Unis sont de loin la première destination des spiritueux français, devant l’Allemagne (7,8%, -0,2%), le Royaume-Uni (7,6%, -3,1%), la Chine (6,8%, -21,8%), l’Italie (5,1%, -8,1%), la Belgique (3,7%, +12,4%) etc.
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© Pleinchamp – Février 2021
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