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Irrigation : quelle réalité en France ?
23/05/2023 - 2 min de lecture
Rubrique : Tendances
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Le changement climatique exacerbe les tensions sur la ressource en eau, contraignant le secteur agricole à faire œuvre de sobriété, tout en préservant la production et la souveraineté alimentaire.
Arythmie de la pluviométrie, évapotranspiration plus importante, épisodes de sécheresse plus précoces, plus fréquents et plus intenses, risques d’abats d’eau, risques d’incendies... : le changement climatique a une incidence très forte sur le cycle de l’eau et par ricochet sur tous les services rendus par la ressource, à savoir la fourniture d’eau potable, la préservation des milieux (cours d’eau, zones humides...), les activités industrielles (refroidissement des centrales nucléaires) et bien entendu l'agriculture. Dans le cadre du Varenne de l’eau, conclu en février 2022, l’agriculture s’est notamment engagée dans un plan d’adaptation au changement climatique, décliné par filière et par territoire. Et pour cause : l’agriculture française est, et demeurera, une agriculture pluviale, qui dépend donc des précipitations, à plus de 90%.
En France métropolitaine, les précipitations apportent en moyenne 512 milliards de m3 d’eau par an, soit 932mm. L’évaporation s’élève à 307 milliards de m3 (60 %), ce qui réserve un volume de pluies efficaces de 205 milliards de m3 qui s’infiltrent dans le sol pour rejoindre les nappes phréatiques (24 %) et alimenter les cours d’eau (16 %).
Sur la période 2010/2019, 32,8 milliards de m3 ont été prélevés (rivières, lacs, et nappes souterraines), dont 80% en eau de surface. L’énergie (notamment refroidissement des centrales nucléaires) représente 51% des prélèvements d’eau, devant la production d’eau potable (16%), l’alimentation des canaux (16%), les usages agricoles (9%) et les usages industriels (8%).
Par consommation, on entend le solde entre prélèvements et restitution dans le milieu. Sur la période 2010/2019, la France a consommé en moyenne 4,1 milliards de m3 par an, avec en tête l’irrigation (58%), devant la production d’eau potable (26%), le refroidissement des centrales nucléaires (12%) et l’industrie (4%). La consommation moyenne d’eau potable par habitant et par jour s’élève à 148 litres.
Environ 75 000 agriculteurs, soit 1 sur 6, ont recours à l’irrigation sur une surface totale de 1,8 million d’hectares est irrigué, soit 6,8% de la Surface agricole utile (SAU) contre 6% en 2010 (la statistique agricole Agreste 2020). Si moins de 1% des surfaces sont irriguées dans le Nord-Est ou en Normandie, ce taux avoisine ou dépasse 20% en basse vallée du Rhône, dans le Sud-Ouest, au sud-ouest du Bassin parisien et en Alsace.
Le maïs représente 41% de la sole irriguée (la statistique agricole Agreste 2016), devant les céréales et oléo-protéagineux (26%), la vigne, les fruits et les légumes (16%), les cultures fourragères (11%) et les betteraves et pommes de terre (6%). L’efficience de l’irrigation (tonne de matière sèche produite par m3 d’eau) a augmenté de 30% au cours des deux décennies écoulées.
L’enrouleur est l’équipement le plus utilisé (68 à 70%), devant le pivot (20%), l’irrigation localisée (5 à 7%) et la couverture intégrale (5%). Des outils de pilotage sont mis en œuvre sur 17% des surfaces.
Il existe quatre systèmes de stockage : les retenues collinaires (interceptant les eaux de ruissellement d’un versant, déconnectées du réseau hydrographique), les retenues en barrage sur les cours d’eau, les retenues alimentées par un canal en dérivation d’un cours d’eau et enfin les réserves alimentées par pompage, dans la nappe ou la rivière.
Les réserves de substitution (ou bassines) appartiennent à la catégorie des réserves alimentées par pompage. Faute de relief pour adosser le réservoir, le sol est creusé, étanchéifié à l’aide de bâches en plastique et entouré de digues Le terme de retenue de substitution s’applique à tous les types d’ouvrages remplis en périodes de hautes eaux, de la fin de l’automne au printemps, pour servir à l’irrigation en été, en contrepartie de l’abandon des autorisations de prélèvement des irrigants, en rivière ou en nappe, afin que les milieux bénéficient aussi de ces investissements publics.
Selon une expertise scientifique collective de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), la présence de retenues sur un bassin versant entraîne une modification du régime hydrologique, et une baisse des débits d’autant plus forte que l’année est sèche. Les retenues elles constituent des pièges à sédiments, en particulier pour les particules les plus grossières, ce qui induit une évolution du lit de la rivière, incision ou colmatage selon les cas. Elles entraînent en général un réchauffement du cours d’eau, et favorisent l’eutrophisation en leur sein, pouvant entraîner la prolifération d’algues et la production de toxines. Enfin, les retenues modifient les communautés aquatiques, en modifiant leurs conditions de vie et en réduisant la connectivité du milieu et donc le déplacement des espèces dans le réseau hydrographique. Compte tenu de ces impacts, l’aménagement de retenues (arasement ou adaptation de retenues existantes, implantation de nouvelles retenues) doit être décidé en concertation, idéalement dans le cadre d’un projet de territoire permettant d’intégrer l’ensemble des enjeux qui s’y expriment.
La Réutilisation des eaux usées traitées (REUT) en zone littorale permet une valorisation supplémentaire de ces eaux usées dont le rejet cause des pollutions (qualité des eaux de baignade, risques pour la conchyliculture, etc.). La culture de pommes de terre sur les îles de Noirmoutier et de Ré n’aurait pas pu se développer sans elle depuis les années 1980. Par contre la REUT pour l’irrigation dans les zones continentales est d’abord une réallocation de l’eau autrefois réutilisée indirectement à l’aval, pour soutenir l’étiage ou alimenter d’autres usages. Même avec substitution de ces usages à l’aval, le bilan quantitatif est nul, sauf s'il y a en plus, l’installation d’un stockage des eaux usées rejetées en hiver qui ne servaient ni au soutien des débits des cours d’eau ni à l’irrigation.
58%, c’est la proportion d’eau consommée par l’agriculture, devant la production d’eau potable (26 %), le refroidissement des centrales nucléaires (12 %) et l’industrie (4 %).
© Raphaël Lecocq – Uni-médias – Mai 2023
Article à caractère informatif et publicitaire.
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