Les soles commerciales exprimées en superficies de terres agricoles, en lieu et place de tonnes ou d’euros : telle est la singularité de l’étude menée par l’association Solagro, spécialisée dans les transitions énergétiques, agroécologiques et alimentaires. Elle éclaire à ce titre les enjeux environnementaux sous un angle nouveau. La France, largement exportatrice de céréales, de vins, de spiritueux, d’eaux minérales et de produits laitiers, importe en masse des fruits et légumes, du café, du cacao, du soja, de la viande et des produits de la pêche. Elle est aussi importatrice nette en produits non alimentaires comme le bois, le caoutchouc, l’huile de palme et de soja utilisées comme carburant, ou le coton.
3 760 M2 POUR NOURRIR UN FRANÇAIS PENDANT UN AN
Sur la période étudiée 2010/2016, la France était exportatrice nette de 2,7 millions d’hectares (hors produits du bois), représentant 9% de notre Surface agricole utile (SAU). Mais tout comme le solde net commercial, ce solde positif « cache » l’équivalent de 12,7 millions d’hectares exportés et 10 millions d’hectares importés. Les surfaces exportées correspondent à 44% de notre SAU et celles importées, à 34%.
L’étude de Solagro a estimé la part importée de cette empreinte à 38%. Ainsi, plus du tiers des surfaces dédiées à notre alimentation est importé. Sur la période 2010/2016, l’empreinte alimentaire d’un Français, soit la surface agricole nécessaire pour produire son alimentation, s’établit à 3 760 m2/an/hab. Cette empreinte est inférieure à la surface agricole française rapportée au nombre d’habitants, qui s’établit à 4 420 m2, pour 3 500 m2 en moyenne dans l’Union européenne (UE).
COMMENT RÉDUIRE NOTRE EMPREINTE ?
Selon Solagro, plusieurs leviers peuvent être mobilisés pour réduire notre empreinte importée, à commencer par la sobriété : il s’agit de consommer moins d’un type de produit comme par exemple la viande dont la production nécessite des importations importantes de soja, mais cela peut concerner aussi le café ou le chocolat. La réduction de l’utilisation de la voiture devrait se traduire aussi par une économie de pneus et donc de caoutchouc mais aussi d’agrocarburants. Cette sobriété est essentielle pour réduire la consommation des produits tropicaux.
Trois autres leviers sont identifiés : la quête d’efficience avec la prédilection des élevages herbagers, la relocalisation de certaines productions (fruits et légumes, oléagineux, agneaux...) et la substitution, consistant, par exemple, à remplacer le jus d’orange par du jus de pomme, ou de l’huile de palme carburant par du biogaz ou de l’huile de colza.