La production de fruits n’est pas le point fort de la France, qui accuse un déficit commercial proche du milliard d’euros. La fraise ne fait pas exception. Selon l’établissement national des produits de l'agriculture et de la mer, FranceAgriMer, la production française couvre 52% de la consommation.
Les coûts de production constituent la première contrainte à prendre en compte dans la détermination du prix des fraises françaises. La culture de fraises représente pour les producteurs un investissement de départ conséquent dans des infrastructures et équipements coûteux. Les abris (serres, tunnels...) sont essentiels pour protéger ces fruits fragiles des aléas climatiques.
Quant à la principale dépense énergétique, elle est surtout liée au chauffage qui permet notamment de maintenir le plant de fraisier à une température minimale, celui-ci se mettant au repos en dessous de sept degrés.
DISTORSIONS DE CONCURRENCE
Très consommatrice de main-d’œuvre, la fraise française ne peut pas rivaliser avec la fraise espagnole, aux coûts de revient bien moindres. Les fraisiculteurs français doivent aussi composer avec des restrictions d’usage de produits phytosanitaires, qui limitent la productivité des cultures.
Au plan environnemental toujours, la filière devra composer avec la mise en œuvre de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec), bannissant l’usage du plastique pour conditionner les fruits et légumes. Entrée en vigueur le 1er janvier dernier pour les poireaux, courgettes, aubergines, poivrons, concombres, pommes de terre etc., elle s’appliquera aux fraises à compter du 30 juin 2026. La profession n’a guère d’autre choix de se tourner du côté du carton, même s’il a le défaut de masquer le produit et d’hypothéquer les ventes.
QUALITÉ GUSTATIVE
Pour tenter de se démarquer de ses concurrents, la fraise française a opéré il y a une vingtaine d’années un virage sur la qualité, au sens large du terme. L’Association d'organisations de producteurs nationale (AOPn), qui représente un peu moins de 50% de la production nationale, mise ainsi sur des variétés emblématiques comme la gariguette, la ciflorette ou encore la charlotte afin de faire accepter par les consommateurs le différentiel de prix incompressible affiché avec les fraises d’importation.
L’AOPn a fait aussi de la Haute valeur environnementale (HVE) un cheval de bataille et escompte certifier plus de 80% de la production dès 2024. Jusqu’à présent, cette stratégie qualitative au sens large a fait recette puisque selon l’AOPn, la fraise française grignote chaque année des parts de marché. Reste à savoir si elle résistera à la poussée inflationniste.