La sélection génétique est un des leviers d’adaptation des cultures au changement climatique. Le blé n’échappe pas à la règle. Un enjeu largement anticipé par la recherche, notamment en France, 5ème producteur mondial. En 2011, une trentaine de partenaires publics et privés, dont une dizaine d’obtenteurs (ceux qui créent une variété nouvelle), ont initié un programme de recherche spécifique, explorant tous les champs des possibles permis par la discipline, du décryptage du génome, à l’adaptation au changement climatique en passant par l’exploration exhaustive de la diversité génétique de l’espèce. Résultats : d’ici à 2028, les premières variétés intégrant la nouvelle et future donne climatique devraient arriver sur le marché.
SÉCURISER LE RENDEMENT
En France, les impacts du climat se font ressentir à deux stades végétatifs en particulier que sont la montaison en butte à des épisodes de sécheresse plus fréquents et le remplissage du grain pénalisé par des vagues de forte chaleur. Les chercheurs estiment que le progrès génétique sera de nature à compenser les effets dépressifs de ces phénomènes sur les rendements. Mais ces derniers ne devraient cependant pas progresser, en dépit des apports de la sélection. Selon les chercheurs, la génétique est responsable d’un gain de rendement compris entre 0,5 et 0,6 quintal par hectare et par an. Mais depuis 20 ans, les bénéfices de la sélection sont en grande partie annihilés par les effets du changement climatique qui se fait déjà ressentir et qui se traduit notamment par une plus forte variabilité annuelle des rendements, fragilisant l’économie des exploitations.
LUTTER CONTRE LES BIOAGRESSEURS
Avec la sécurisation des rendements, la quête de stabilité est un des autres objectifs de la sélection génétique. Mais celle-ci devra aussi prémunir l’espèce de nouveaux bioagresseurs, que le changement climatique ne va pas manquer d’amener. Sur ce point, les chercheurs ont davantage de mal à anticiper le phénomène car il met en jeu trois paramètres que sont la plante, les pathogènes et le climat. Qui plus est, ravageurs et pathogènes sont des organismes vivants et donc susceptibles de s’adapter. Ces facultés d’adaptation font précisément l’objet de programmes de recherche. Un autre phénomène va aussi très fortement conditionner l’évolution des bioagresseurs. Il s’agit des pratiques et des systèmes culturaux qui, selon les chercheurs, dans les deux décennies à venir, n’auront plus grand chose à voir avec ceux à l’œuvre aujourd’hui.
© Raphaël Lecocq – Uni-Médias – Janvier 2021
Article à caractère informatif et publicitaire.