Le rendement, les résistances aux parasites, la tolérance au stress hydrique, le calibre, les qualités organoleptiques et technologiques : tels sont les principaux critères qui régissent la sélection génétique des variétés et plants depuis des décennies. Si leur bien-fondé n’est pas remis en question, ils ne seront peut-être plus suffisants pour appréhender les nouveaux défis posés par le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, deux éléments préjudiciables à la durabilité et à la résilience des systèmes agricoles. La sélection génétique ne peut pas faire l’économie de cette nouvelle donne. C’est ce que révèle un rapport du comité scientifique du Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées (CTPS), comité consultatif assurant une mission de conseil et d'appui technique au ministère chargé de l'Agriculture pour la préparation et l'exécution de la politique en matière de variétés, semences et plants.
NOUVEAUX CRITÈRES DE SÉLECTION
Pour le CTPS, l’agroécologie et plus particulièrement l’accroissement des services rendus par les cultures, requiert une plus grande diversité, laquelle peut être obtenue en cultivant des associations d’espèces ou de variétés, dans l’espace et dans le temps. Les espèces mineures, les plantes de service et les espèces de printemps ont un rôle important à jouer dans cette diversification. L’agroécologie est caractérisée aussi par l’augmentation de la dépendance des variétés aux conditions locales. En conséquence, les traits à sélectionner et à évaluer concernent notamment la vigueur, la phénologie et l’aptitude à l’association. D’autres traits diversifiés sont également à prendre en compte, dont les résistances aux maladies et autres bioagresseurs et le compartiment racinien est très peu exploré aujourd’hui. Enfin, les interactions entre la plante et son environnement prennent une importance particulière en agroécologie, en particulier les interactions entre les plantes et leur microbiote.
NOUVELLE APPROCHE PARTICIPATIVE
Pour le CTPS, cette nouvelle approche agroécologique de la sélection ne pourra pas s’affranchir de la promotion et de l’intégration de démarches participatives tout au long des phases de création variétale (sélection, évaluation, caractérisation, conservation), afin de favoriser une innovation ouverte et ainsi répondre à une diversité́ de besoins en termes d’adaptation à des pratiques agroécologiques, à des débouchés nouveaux et à des conditions pédoclimatiques très variées.
Depuis plus de 15 ans, plusieurs programmes et expériences de sélection participatives ont été initiés en France, généralement co-construits entre des équipes de recherche de l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et des associations paysannes et citoyennes. Pour assurer leur montée en puissance, des verrous financiers, organisationnels et méthodologiques devront être levés.
© Raphaël Lecocq – Uni-médias – Septembre 2022
Article à caractère informatif et publicitaire.