Entre 2000 et 2016, le nombre d’exploitations ayant eu recours à la sous-traitance de manière notable a augmenté à un rythme de 2,7% par an, pour atteindre 25 542 exploitations en 2016, soit 5,5% de la production brute standard de la ferme française. Cette hausse est le fait principalement des moyennes et grandes exploitations qui représentent 69% du total des exploitations françaises et 70% des exploitants faisant appel à la sous-traitance.
Entre 2000 et 2016, le recours aux entreprises de travaux agricoles (ETA) des grandes exploitations s’est ainsi accru de 103% alors que celui des petites a connu un léger fléchissement de 3%. Ce sont donc aujourd’hui 17 889 moyennes et grandes exploitations qui sous-traitent de manière significative contre 7 653 petites, alors qu’elles étaient respectivement 8 810 et 7 879 en 2000. Ce marché représente aujourd’hui 4,4 milliards d’euros.
DES NOMBREUX ACTEURS
Le recours aux ETA obéit à deux logiques. L’une a trait à l’incapacité de trouver des repreneurs, avec des nouveaux besoins de prise en charge, même sur un temps générationnel court, de tout ou partie de l’activité de production agricole. L’autre correspond à une stratégie de recentrage d’activité, en faisant appel à des entreprises développant des services toujours plus en pointe, en matière d’optimisation des épandages ou des traitements.
Les ETA ne sont pas les seuls acteurs de la délégation. Les jeunes agriculteurs et plus largement les exploitations ont, dans certaines régions, développé des activités de prestations en nom propre ou en société. Selon les chiffres du ministère, 3% des agriculteurs font du travail à façon. Aux côtés des coopératives, des Coopératives d’utilisation du matériel agricole (Cuma), des Centres d’études techniques agricoles (Ceta), l’industrie agroalimentaire pousse à la roue en faisant appel à des ETA faisant office d’intermédiaire avec les exploitants.
LOGIQUE PATRIMONIALE
Pour des raisons patrimoniales, la famille joue parfois contre l’exploitation et contre le projet de reprise. Elle a alors recours à un sous-traitant pour ne pas se départir, non pas de l’exploitation vue comme un projet économique mais de l’exploitation vue comme un patrimoine. Cette prise en charge renvoie parfois à des abandons temporaires. Des Cuma et des ETA réalisent du travail à façon le temps d’une génération et l’exploitation repart ensuite dans le giron de celui qui été désigné comme successeur. Les enfants d’agriculteurs, non repreneurs, sont ainsi très attentifs à la manière dont sera gérée l’exploitation, avec des attentes très fortes autour des questions de transition agroécologique ou numérique.
© Raphaël Lecocq – Uni-médias - Juillet 2021
Article à caractère informatif et publicitaire.