Une équipe internationale pilotée par l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), a développé un modèle qui a permis d’estimer, pour la première fois, les émissions de carbone historiques dues à la conversion de tourbières naturelles en terres cultivables entre les années 850 et 2010.
Le modèle permet de simuler le fonctionnement des tourbières, leur conversion en terres cultivables et les émissions de carbone qui en résultent. Les scientifiques l’ont utilisé pour évaluer l’évolution dans le temps des émissions de carbone des terres cultivées après le drainage initial des tourbières. Si des quantités élevées de carbone peuvent être émises dans les premières années suivant le drainage, ils diminuent avec le temps passant d’un taux d’émission d’environ 20 tonnes de carbone par hectare et par an dans les sept premières années à 5 tonnes de carbone par hectare et par an au bout de vingt-cinq ans environ. Cette réduction s’explique par la diminution du stock de matières organiques disponibles dans les sols.
L’INCIDENCE DU DRAINAGE
L’étude montre que les tourbières converties en terres cultivables dans l’hémisphère Nord ont émis 72 milliards de tonnes de carbone entre les années 850 et 2010, dont 40 milliards entre 1750 et 2010. Et la moitié seulement de ces émissions est compensée par l’absorption du carbone dans les tourbières naturelles. Cela remet en cause les estimations antérieures des émissions de carbone historiques causées par les changements d’usage du sol dans le monde qui n’intégraient pas jusque-là ces données.
Les émissions de carbone causées par le drainage des tourbières sont une source d’inquiétude pour les budgets carbone (le quota maximum d’émissions de CO2 à ne pas dépasser pour rester en dessous d’une température moyenne mondiale donnée) des différentes nations et les trajectoires futures des émissions de gaz à effet de serre. Cette étude apporte de nouvelles données pour mieux évaluer aujourd’hui le budget carbone disponible à l’échelle mondiale et réduire ainsi les incertitudes des modèles climatiques globaux.
LOI CLIMAT ET RÉSILIENCE
Le projet de loi climat et résilience, en cours d’examen, intègre plusieurs dispositions relatives aux tourbières, mangroves, ripisylves et herbiers marins qui rendent des services écosystémiques d’importance significative, tels que la séquestration de carbone.
L’article 19 implique la préservation et, le cas échéant, la restauration des fonctionnalités naturelles des écosystèmes aquatiques qu’ils soient superficiels ou souterrains, dont font partie les zones humides, et des écosystèmes marins, ainsi que de leurs interactions. Ces fonctionnalités sont essentielles à la reconquête de la biodiversité, à l’adaptation au changement climatique ainsi qu’à l’atténuation de ses effets et participent à la lutte contre les pollutions.
© Raphaël Lecocq – Uni-médias - Juillet 2021
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