Dans nos vergers et sous nos latitudes tempérées, que peuvent bien changer, au plan sanitaire, quelques degrés supplémentaires et des millimètres d’eau en moins ou en plus ? Beaucoup de choses si l’on en croit les experts réunis lors du colloque Fruit 2050, en janvier dernier à Angers (Maine-et-Loire). Jugez plutôt. Il faudra compter avec l’émergence hâtive de tordeuses et d’arpenteuses ; l’apparition d’une troisième génération du carpocapse des pommes ; le développement des populations d’insectes piqueurs et suceurs de sève tels que pucerons, cochenilles, punaises et cicadelles ; la sédentarisation d’insectes jusqu’alors migrateurs tels que des noctuelles ; l’acclimatation d’organismes nuisibles d’origines tropicales ou subtropicales tels que les mouches de fruits. Sans oublier les insectes xylophages, les pourritures racinaires, les chancres fongiques ou bactériens...
FACTEURS ABIOTIQUES
La liste n’est pas exhaustive. Elle l’est d’autant moins qu’il faudra aussi compter, aux côtés des facteurs biotiques (les parasites cités plus haut notamment) avec des facteurs abiotiques (phénomènes physio-chimiques comme la lumière, la température, l’humidité…). Il s’agit par exemple de nécroses racinaires, du stress physiologique susceptible d’accroître la sensibilité des cultures à des parasites de faiblesse ou encore la déficience de l’évapotranspiration estivale susceptible d’entraîner des brûlures de feuilles et de l’épiderme des fruits. Autre effet collatéral du changement climatique : la végétation entourant les vergers étant davantage soumise à la sécheresse et à la dessiccation, les insectes, notamment les piqueurs de sève, se reporteront sur les cultures irriguées...
AGROÉCOLOGIE
En dépit de ce tableau quelque peu anxiogène, il y a aussi quelques motifs d’espoir, à commencer par ceux induits par le changement climatique, sur la virulence de certains bioagresseurs tels que pucerons, psylles ou encore punaises dont le cycle biologique va se trouver affecté par les nouveaux paramètres climatiques (humidité, chaleur...). On peut également compter sur les entomopathogènes, principalement des champignons, qui vont faire office d’auxiliaires de lutte. Un stratagème qui n’est pas sans rappeler les méthodes de lutte biologique, et plus largement agrobiologiques qu’il va falloir mobiliser pour tenter de juguler au mieux les bioagresseurs. Les consommateurs que nous sommes devront aussi s’interroger sur les critères en matière d’apparence esthétique des fruits et légumes dont certains impliquent des traitements spécifiques qui apparaissent pour le moins superflus et anachroniques.
© Raphaël Lecocq – Uni-Médias – Avril 2020
Article à caractère informatif et publicitaire.