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Le monde va flirter avec la récession, mais avec des degrés d’intimité variés selon les régions

06/02/2023 - 3 min de lecture

Rubrique : Tendances

Thématiques de l'article hashtagDécryptage

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Le monde va flirter avec la récession, mais avec des degrés d’intimité variés selon les régions

Catherine Lebougre, économiste en charge de la coordination du scénario global à Crédit Agricole S.A., explique en quoi la prudence est de mise et rappelle que l’inflation est loin d’être résorbée.

Catherine Lebougre, économiste en charge de la coordination du scénario global à Crédit Agricole S.A.
Catherine Lebougre, économiste en charge de la coordination du scénario global à Crédit Agricole S.A.

 

POUR LE FMI, UN TIERS DES ÉCONOMIES SERA EN RÉCESSION EN 2023. PARTAGEZ-VOUS CE SCENARIO ?

Catherine Lebougre - Nous avons inscrit la récession dans notre scénario, mais celle-ci sera assez limitée au regard des deux chocs successifs subis que sont la Covid-19 et l’inflation.

D’une manière générale, le monde va flirter avec la récession, mais avec des degrés d’intimité variés. Si la plupart des économies développées vont pouvoir éviter une récession violente, cela tient paradoxalement aux amortisseurs hérités de la crise sanitaire, à savoir des marchés du travail plutôt résistants et une réserve d’épargne encore conséquente. Les déséquilibres du premier choc ont servi d’amortisseurs à celui de l’inflation.

QUELLES SONT VOS PRÉVISIONS DE CROISSANCE POUR 2023 ?

C.L. - Aux États-Unis, un atterrissage en douceur de l’économie n’est pas exclu. Néanmoins, nous avons maintenu un scénario assez prudent, car le ralentissement manifeste de la croissance économique observé dès 2022 (1,9%) va s’accentuer en 2023, avec une légère récession aux deuxième et troisième trimestres.

L’inflation restera élevée et ne décélèrera que lentement. Si le marché du travail et la consommation ont jusqu’ici plutôt bien résisté, la donne change. Les créations nettes d’emplois ralentissent, ce qui fera remonter le taux de chômage vers 4,5% fin 2023. Confrontés à une baisse des salaires réels, les consommateurs puisent de plus en plus dans leurs économies constituées pendant la pandémie et empruntent via leur carte de crédit pour faire face à une inflation généralisée.

Les enquêtes auprès des entreprises sont aussi orientées à la baisse, suggérant un ralentissement à venir de l’investissement non-résidentiel. Ainsi, nous prévoyons une croissance du PIB très légèrement positive cette année à 0,5%.

En zone euro, la lisibilité de la conjoncture est complexifiée par la succession des chocs. À l'essoufflement naturel de la croissance post-pandémique, s’ajoute le choc inflationniste et de compétitivité de la guerre en Ukraine qui a vocation à durer. Cela implique un renchérissement des importations d’énergie qui, sur les neuf premiers mois de 2022, correspond à 4,3 points de PIB.

Les effets dynamiques de la dégradation des termes de l’échange, de l’inflation et de la perte de compétitivité sur les volumes d’exportation et les parts de marché vont se déployer progressivement. Notre scénario retient donc une contraction marquée de la croissance, qui flirte avec zéro (0,1% en 2023), avec une récession en début d’année, et alors que se profile un nouveau rythme de croissance durablement plus faible.

QU’EN EST-IL DE LA CHINE ?

C.L. - Sur la Chine, notre approche se veut conservatrice et nous n’avons pas épousé le mouvement d’enthousiasme sur la fin de la stratégie “zéro Covid” qui n’est pas sans risques. « Vivre avec le virus » prendra encore du temps et continuera de peser sur la croissance. Cette dernière devrait, en raison notamment d’effets de base (le niveau de référence est bas), accélérer autour de 5% en 2023.

Mais avec une contribution du commerce extérieur légèrement négative, au mieux nulle, et un investissement toujours freiné par la restructuration du secteur immobilier, cela suppose que l’État chinois parvienne à créer un choc de confiance suffisant pour libérer une partie de l’épargne de précaution et stimuler la consommation.

QU’ATTENDRE DES BANQUES CENTRALES ?

C.L.- Loin d’être terminée, la lutte contre l’inflation reste la priorité des banques centrales, et ce, quelle que soit la vitesse à laquelle les économies se dirigent vers une récession. Les politiques monétaires restrictives se maintiendront pendant une période prolongée. Les banques centrales ne prendront pas le risque de baisser la garde trop tôt. Il ne faut donc pas se réjouir trop vite de chiffres d’inflation totale qui seraient en repli. D’autant que l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation non-transformée) ne devrait pas décélérer rapidement des deux côtés de l’Atlantique.

Le fameux « taux pivot » (qui marque le changement de politique monétaire) attendu par les marchés financiers risque d’être un grand plateau, le retour durable de l’inflation à 2% étant un préalable à l’assouplissement monétaire.

D’AUTRES HAUSSES DES TAUX SONT DONC ATTENDUES ?

C.L. - Le resserrement monétaire de la Réserve fédérale devrait se poursuivre durant le premier trimestre 2023 pour porter le taux des fed funds* jusqu’à 5,25%. Ce qui, pour nous, constitue le pic. Ainsi, nous prévoyons une première baisse des fed funds en septembre 2024 à 4,75%, puis à 4,25% en décembre.

Quant à la Banque centrale européenne (BCE), elle devrait imiter son homologue américaine. Nous anticipons un taux de dépôt à 3,75% en juin 2023 qui devrait perdurer pendant un an. La première baisse de la BCE n’interviendrait qu’à partir du second semestre 2024 avec un taux à 3,25% fin 2024.

Taux auquel les banques aux États-Unis prêtent, au jour le jour, leurs excédents de réserves obligatoires auprès de la Federal Reserve à d'autres banques sur le marché monétaire domestique américain.
 

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© Magazine Regards partagés Crédit Agricole Banque Privée - Edit 360 - Février 2023

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