LE MIROIR D’UNE GÉNÉRATION
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 92 % des 12-17 ans ont un smartphone (1) contre 72 % en 2005 (2). Mais ce qui a aussi changé, c’est le temps qu’ils y passent : 15h11 en moyenne par semaine pour les 13-19 ans, soit 1h41 de plus qu’en 2015 (3).
Mais que font-ils donc pendant tout ce temps ? Ils s’amusent devant leurs YouTubeurs préférés, dévorent les séries sur des plateformes légales de films en streaming, s’éclatent sur des jeux-vidéos en ligne et surtout, échangent des heures avec leurs amis, de jour comme de nuit... 28 % des collégiens reconnaissent ainsi répondre à chaque message reçu, peu importe l’heure (4). Ce réflexe presque compulsif de dégainer son smartphone dès qu’un message s’affiche porte même un nom : « Fomo », de l’anglais « Fear of Missing Out », qui traduit la peur de rater quelque chose ! Normal, car pour 89 % d’entre eux, le smartphone est indispensable pour entretenir des relations (4). Certains peuvent alors paniquer dès que leur téléphone est loin d’eux. On dit qu’ils souffrent de « nomophobie », contraction de « no mobile phone phobia » qui désigne la peur excessive d’être séparé de son portable. Ce nouveau terme a même été élu mot de l’année 2018 !
C’EST GRAVE DOCTEUR
Pas nécessairement ! Prenez du recul, car la plupart des jeunes ayant grandi avec le numérique n’ont pas développé de problèmes. Ne diabolisez pas la pratique d’internet et des écrans, c’est juste un comportement normal à l’adolescence. Donc si votre enfant rechigne à lâcher son smartphone, pas d’inquiétude, c’est de son âge.
En revanche, il peut être judicieux d’observer les habitudes de votre ado. Son temps de connexion bien sûr, mais aussi ce qu’il fait, car le nombre d’heures passées n’est pas toujours le signe le plus inquiétant : un ado qui passe seulement 2 heures sur les réseaux sociaux peut courir plus de risques qu’un autre qui joue en ligne durant 6 heures ! Avec internet et les réseaux sociaux, le danger est autant sur ce qu’on y fait, que sur le temps qu’on y passe.
À PARTIR DE QUAND FAUT-IL S’INQUIÉTER
Parmi les signes les plus révélateurs d’un usage problématique des écrans, on trouve le changement de comportement de l’enfant et la chute spectaculaire de ses notes. Dès 2014, une étude américaine (5) a mis en évidence le lien entre exposition quotidienne aux écrans et baisse régulière des résultats scolaires. Selon leur étude, à partir de 30 minutes d’exposition quotidienne les notes chutent, et une fois le palier de 4 heures par jour dépassé, la baisse est exponentielle.
QUELS SONT LES RISQUES À LONG TERME ?
L’abus d’écrans peut nuire à la qualité de vie de votre ado, à sa condition physique et même à sa santé mentale.
- Qualité du sommeil : la lumière bleue issue directement des écrans de smartphones, tablettes et ordinateurs a un effet direct sur la rétine et le cerveau. En imitant la lumière du jour, elle dérègle l’horloge interne, stimule l’excitation cognitive et inhibe la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil.
Conséquences : l’endormissement est tardif, la qualité du sommeil se dégrade, et le risque de piquer du nez en cours de maths est démultiplié ! Et à terme, si les troubles du sommeil s’installent, c’est la santé qui en prend un coup : risque d’obésité, affaiblissement du système immunitaire, mais aussi anxiété, difficultés de concentration ou d’apprentissage…
- Comportement social : le jeune peut changer d’attitude et davantage se replier sur lui-même, s’isoler, être irritable. Vous reconnaissez votre enfant ? Pas de panique, c’est peut-être aussi parce qu’il est simplement en pleine crise d’adolescence !
- Condition physique : une surconsommation d’écran réduit logiquement le temps consacré aux activités physiques et a tendance à favoriser le grignotage. Gare à la prise de poids, car quand on mange devant un écran (TV, smartphone, tablette…) le cerveau va mettre au second plan le signal de rassasiement. L’enfant risque alors d’avaler des quantités supérieures à ses besoins. De l’autre côté de la Manche, des chercheurs ont d’ailleurs montré que les jeunes passant plus de 3 heures par jour devant un écran ont plus de risques de développer un diabète de type 2 (6).
- Santé mentale : que ce soit sur Instagram, Snapchat, ou encore Tik Tok, les ados sont quotidiennement abreuvés d’images qui peuvent s’avérer dangereuses pour leur santé psychique. En se comparant constamment aux autres ou aux célébrités, ils peuvent alors développer une mauvaise estime d’eux-mêmes. Sans oublier que sous couvert d’anonymat, le cyber-harcèlement n’arrête pas d’augmenter : d’après l’UNESCO entre 2010 et 2014, les ados y étant exposés sont passés de 8 à 12 %. Et plus d’un jeune sur quatre déclare en avoir été victime (7). Résultat, les ados sont de plus en plus exposés à la dépression et aux pensées suicidaires. Depuis 2010 aux USA, les suicides sont repartis à la hausse avec une augmentation de 65 % chez les adolescentes (8). Des chiffres également alarmants chez nous où plus d’1 jeune sur 10 déclare avoir pensé au moins une fois au suicide en 2017 (9), et où le suicide est le 2e facteur de mortalité chez les 15-24 ans.
COMMENT DIMINUER LES RISQUES ?
Mieux vaut prévenir que guérir. Alors voici quelques conseils utiles :
- Contrôler sa pratique, sans être intrusif : surveillez son temps de connexion et intéressez-vous à ce qu’il fait, pour qu’il vous intègre davantage dans ses activités.
- L’aider à avoir une pratique plus enrichissante : vous pouvez par exemple chercher sur internet des contenus adaptés à ses centres d’intérêts.
- Multiplier ses activités hors écran : promenades en famille, sport entre amis, sorties culturelles…
- Être exemplaire : limitez votre propre usage des écrans, pour éviter le « fais ce que je dis, mais pas ce que je fais » !
- Ne pas espionner ses activités sur les réseaux sociaux : vous risquez de rompre sa confiance et de le pousser à vous dissimuler certaines infos.
- Aiguiser son esprit critique et lui apprendre à ne pas tomber dans les pièges d’internet : semblant de confidentialité, faux profils, fake news… Comprendre internet, ses codes et ses dangers est une étape indispensable pour que votre ado gagne en maturité.
QUE FAIRE SI SON ADO N’ARRIVE PAS À SE LIMITER ?
Ne pas rester les bras croisés ! Plus vous intervenez tôt, plus il sera facile de supprimer ses mauvaises habitudes. Plusieurs solutions s’offrent à vous :
- Première chose à faire : dialoguez. Parlez-lui pour qu’il comprenne qu’entre plaisir et excès, il y a une frontière à ne pas dépasser. Votre famille a un grand rôle à jouer pour lui apprendre à doser ses pratiques et à jongler sainement entre écrans, famille, école, repos et toutes ses autres activités.
- Vous pouvez aussi l’aider à s’autoréguler en fixant avec lui, un cadre et des règles à suivre : nombre d’heures par jour, moments pour se connecter…
- Si votre enfant a une pratique plus problématique, de nombreux dispositifs accueillent les ados et leurs familles pour les aider à gérer ces situations difficiles : maisons des adolescents, point d’accueil écoute jeunes, espace santé jeunes, ou encore Consultations Jeunes Consommateurs. Les CJC, sont des consultations gratuites, confidentielles, et animées par des pros des addictions et de l’adolescence. Leur principe ? Créer des rendez-vous privilégiés pour parler librement et aider les jeunes à prendre du recul sur des pratiques jugées excessives : consommation d’alcool, tabac, cannabis, et bien sûr jeux vidéo et réseaux sociaux !
BON À SAVOIR
Si nécessaire, les CJC peuvent proposer une prise en charge individuelle, élaborée conjointement par un professionnel et le jeune : aide éducative, aide spécialisée (dans un Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention et Addictologie, ou CSAPA (10)), soutien individuel, approche de groupe… Pour les cas les plus graves, un psychologue ou un psychanalyste spécialisé en addictologie peut également intervenir.
(1) Sondage BVA 2018 : https://www.bva-group.com/sondages/salaries-mobilite-sondage-bva-salesforce-presse-regionale-2/
(2) Baromètre numérique : https://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/Barometre-du-numerique-2016-CGE-ARCEP-Agence_du_numerique.pdf
(3) Enquête IPSOS Junior Connect’ 2017 : https://www.ipsos.com/fr-fr/junior-connect-2017-les-jeunes-ont-toujours-une-vie-derriere-les-ecrans
(4) Enquête de l’institut BVA* réalisée en septembre 2018 pour le fabricant de téléphones Wiko.
(5) Étude réalisée par des chercheurs de la Brown University School of Medicine et publiée dans la revue The American Journal of Family Therapy et l’ouvrage The Learning Habit.
(6) Archives of Disease in Childhood, réalisée par de chercheurs des universités de Londres et de Glasgow.
(7) Étude Ifop réalisée pour Franceinfo par questionnaire auto-administré en ligne du 13 au 14 février 2019.
(8) Étude menée par une équipe de psychologues affiliés aux universités de San Diego et de Floride.
(9) Enquête sur la santé et les consommations lors de l’Appel de préparation à la défense (Escapad).
(10) www.drogues-info-service.fr/Tout-savoir-sur-les-drogues/Se-faire-aider/L-aide-specialisee#.VXa3M0arF6B
© Crédit Agricole Assurances – avril 2019
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