Le propriétaire d'un terrain ou d'un bâtiment peut demander un accès temporaire sur la parcelle de son voisin pour procéder à des travaux totalement impossibles à réaliser de chez lui. Par exemple, s’il a besoin de poser un échafaudage pour la réfection ou le simple entretien d’un pignon de maison, pour la construction d’un mur… Cette autorisation provisoire dite de tour d'échelle peut donner lieu à une indemnisation du trouble subi et, bien entendu, à la réparation des éventuels dégâts occasionnés.
Pour l’obtenir, il convient de demander, par écrit, l’accord du propriétaire concerné en précisant la durée des travaux, les dates et heures de passage, les précautions envisagées afin de ne pas endommager le terrain, le montant de l’indemnisation…
À défaut de réponse ou d'accord amiable, on peut demander au conciliateur de justice d’intervenir (renseignements en mairie ou auprès du tribunal judiciaire). À défaut de conciliation, c’est au juge de trancher : imposer ou refuser le tour d’échelle.
À noter qu’aucun texte ne régit ce droit d’échelle. Il repose donc sur les règles d’usage et la jurisprudence.
DES TRAVAUX NON INDISPENSABLES
Dans le cas soumis dernièrement à la Cour de cassation, il s’agissait d’un projet de construction d’un immeuble en limite de propriété.
Les travaux projetés impliquaient la destruction pure et simple d’un mur mitoyen puis le creusement dans la propriété voisine d'une tranchée d'environ 3 mètres de large et 2,70 mètres de profondeur, tout au long d’un chemin. L’accès au parking de la propriété existante (un institut de beauté) serait ainsi devenu impossible durant au minimum six semaines.
Les propriétaires du terrain concerné ont refusé ces travaux chez eux.
Les magistrats de la Haute juridiction estiment que c’est à bon droit que les juges de la Cour d’appel de Metz ont confirmé ce refus car le constructeur disposait d'un terrain suffisamment étendu lui permettant de modifier l'implantation de son immeuble en retrait de la limite séparative. La réalisation de son projet ne rendait donc pas indispensable une intervention sur le terrain voisin. « Les travaux envisagés étaient de nature à porter une atteinte disproportionnée au droit de propriété ».
Pour en savoir plus :
Cour de cassation, chambre civile, n° 19-22.106 du 12 novembre 2020
© Chantal Masson - Uni-Médias – Mars 2021
Article à caractère informatif et publicitaire.